Les derniers indicateurs publiés par la Direction des études et des prévisions financières (DEPF), relevant du ministère de l'Économie et des Finances, confirment une dynamique sectorielle contrastée mais globalement positive de l'économie marocaine en 2025. Deux secteurs en particulier tirent les performances vers le haut : l'énergie électrique et les phosphates, véritables amortisseurs conjoncturels dans un contexte international incertain. Selon la note de conjoncture de décembre, publiée par la DEPF, la production nationale d'électricité a progressé de 6,1% sur les dix premiers mois de 2025, portée à la fois par le secteur privé (+7,7%) et par l'Office national de l'électricité et de l'eau potable (ONEE – +7,2 %). Cette évolution traduit une demande soutenue, notamment industrielle, mais aussi une meilleure capacité de réponse du système électrique national. Fait marquant, la consommation nette d'électricité a bondi de 7,5%, atteignant son niveau le plus élevé des douze dernières années. Cette hausse dépasse largement celle observée en 2024 (+3,6%), confirmant un regain d'activité économique. En parallèle, les importations d'électricité ont fortement augmenté (+26,2% à fin octobre), signe d'une pression accrue sur le réseau et d'une dépendance persistante aux échanges énergétiques régionaux. Le phosphate, locomotive des exportations Autre pilier stratégique : le secteur extractif, dominé par les phosphates et leurs dérivés. À fin octobre 2025, les exportations de phosphates ont généré plus de 80,6 milliards de dirhams, en hausse de 16,7% sur un an. Cette performance repose sur la vigueur des ventes de produits dérivés (+15%) mais surtout sur un rebond spectaculaire des exportations de phosphate brut (+33,9%). Dans un marché mondial sous tension, marqué par des enjeux de sécurité alimentaire et de fertilisation agricole, le Maroc confirme ainsi sa position de fournisseur clé, renforçant ses équilibres extérieurs et ses recettes en devises. Agriculture, industrie et signaux contrastés Les exportations agricoles et halieutiques ont également progressé, atteignant 33,5 milliards de dirhams sur les dix premiers mois de l'année, soit +7,3%, un rythme similaire à celui de 2024. Toutefois, cette performance masque des fragilités : les débarquements de la pêche côtière et artisanale ont chuté de 15% à fin novembre, pénalisés par le recul des poissons pélagiques (-18,5%). À l'inverse, les captures de poissons blancs (+8%) et d'algues marines (+24%) affichent une évolution positive. Du côté de l'industrie manufacturière, l'indice de production a progressé de 2,2% à fin septembre, grâce notamment aux industries agroalimentaires (+11,3%), à la métallurgie et aux produits minéraux non métalliques (+12,2 %), à la chimie (+4,3%) et à l'automobile (+7,4%). La fabrication de produits en caoutchouc et en plastique se distingue avec une croissance à deux chiffres (+16,2%). BTP, immobilier et commerce extérieur Le secteur du bâtiment bénéficie également d'un regain d'activité. Les ventes de ciment ont augmenté de 10 % à fin novembre, tirées par la forte demande en béton prêt à l'emploi (+26,6%). Les crédits immobiliers suivent la même tendance, avec une progression de 3,2%, dépassant 319 milliards de dirhams, tandis que les crédits à l'habitat progressent de 3,3 %. Sur le plan du commerce extérieur, les exportations totales de biens ont atteint 385,2 milliards de dirhams à fin octobre, en hausse de 2,6%. Cette progression est soutenue par les engrais (+15,5%) et l'aéronautique, dont les exportations s'élèvent à 23,7 milliards de dirhams (+8,3%). En revanche, le textile-habillement recule (-3,9%), pénalisé par la baisse des vêtements confectionnés et des articles de bonneterie. Une croissance portée par des secteurs stratégiques Dans l'ensemble, les données confirment que l'électricité et le phosphate jouent un rôle central dans la résilience économique du Maroc en 2025, compensant les fragilités sectorielles et soutenant l'investissement, l'emploi et les équilibres macroéconomiques. Reste l'enjeu majeur de la diversification, afin de réduire les dépendances structurelles et consolider une croissance plus inclusive et durable.