La Direction des études et des prévisions financières (DEPF) a rendu publique sa note de conjoncture du mois de juin, exposant les inflexions les plus notables de l'économie nationale. L'analyse, articulée autour de cinq volets, met en lumière une élan favorable, marquée par une progression des indicateurs agricoles, industriels, touristiques, financiers et commerciaux. Reprise vigoureuse des secteurs productifs La campagne céréalière 2024–2025 atteint un volume estimé à 44 millions de quintaux, en augmentation annuelle de 41 %, portée par des conditions pluviométriques restaurées. L'activité halieutique enregistre également une valorisation des débarquements côtiers et artisanaux de 1 %, avec des hausses notables pour les céphalopodes (+6,2 %), les poissons blancs (+13,8 %) et les coquillages (+187,9 %). Dans le secteur secondaire, l'indice de production manufacturière s'élève à +3,2 % au premier trimestre, avec un taux d'utilisation des capacités fixé à 78,4 % fin avril. L'activité extractive progresse de 10,8 % à fin mars, portée par une hausse de 11,9 % de la production de phosphate roche. L'électricité produite croît de 6,5 %, tandis que les ventes de ciment — baromètre du bâtiment — enregistrent un bond de 9,5 %. Consommation et investissement portés par la stabilité des prix La consommation des ménages demeure soutenue, stimulée par une inflation contenue à 0,4 % au mois de mai, une hausse de 2,6 % des crédits à la consommation, des transferts des Marocains résidant à l'étranger (35,9 milliards de dirhams), et la création de 319 000 emplois rémunérés au premier trimestre. L'effort d'investissement s'accentue : les dépenses d'équipement du budget général atteignent 34,9 milliards de dirhams (+15,7 %), les recettes issues des investissements directs étrangers (IDE) s'élèvent à +22,8 %, les importations de biens d'équipement à +13,3 %, et les crédits à l'équipement enregistrent +19,1 % à fin avril. Commerce extérieur en déséquilibre croissant Les exportations gagnent 1,2 % à fin avril, tirées par les phosphates et dérivés (+12,3 %), l'industrie aéronautique (+14 %) et l'agriculture-agroalimentaire (+1,4 %). Dans le même temps, les importations s'accroissent de 9,1 %, en raison notamment des biens d'équipement (+13,3 %) et des produits de consommation (+11,5 %). En revanche, la facture énergétique diminue de 4,9 %. Le déficit commercial s'élargit de 22,8 %, atteignant 108,9 milliards de dirhams, et le taux de couverture des importations chute à 58,6 %. Les avoirs officiels de réserve assurent néanmoins une couverture de 5 mois et 12 jours d'importations de biens et services. Dégradation du solde budgétaire À fin avril, le déficit du Trésor s'établit à 17,5 milliards de dirhams, contre 6 milliards un an auparavant. Cette aggravation reflète une progression soutenue des dépenses globales (+25,8 %) — dont une envolée de 69 % pour les « autres biens et services » — supérieure à celle des recettes ordinaires (+17,1 %, soit 133,9 milliards de dirhams). Les charges de compensation reculent toutefois de 25,9 %, tandis que l'investissement public demeure actif, avec une croissance de 15,7 %. Crédit bancaire et marchés financiers en regain La masse monétaire (agrégat M3) enregistre une expansion annuelle de 6,9 % à fin avril. Les crédits bancaires progressent de 5,4 %, essentiellement au bénéfice du secteur non financier (+4,2 %), avec des hausses notables tant chez les entreprises (+3,5 %) que chez les ménages (+2,6 %). Les crédits à l'équipement confirment leur rôle moteur, affichant une croissance de 19,1 %. La place casablancaise connaît un sursaut appréciable : les indices MASI et MASI 20 enregistrent respectivement +3,4 % et +3,3 % en mai, portant leurs performances depuis fin décembre à +21,7 % et +22,8 %. La capitalisation boursière s'établit à 944,6 milliards de dirhams.