En 1986, les frères Feliciaggi ont créé avec André Tarallo (Elf) la société Agricongo. Il s'agissait à la fois d'assurer le ravitaillement des personnels d'Elf expatriés et de recycler sur place une partie des pétrodevises. Ils avaient monté cette affaire avec le directeur des Affaires politiques de l'Outre-mer, puis directeur de cabinet du ministre de la Coopération, Claude Erignac, qui leur avait accordé d'importantes subventions du Fonds d'aide et de coopération. La direction d'Agricongo avait été confiée à Jacques Baratier. Par la suite, des structures similaires ont été créées au Gabon et au Cambodge, puis une association a été constituée, en 1993, pour les coordonner, l'Institut français d'appui au développement. Plus récemment, Agrisud International a étendu ses activités à la Côte d'Ivoire, à l'Angola et au Bénin. Robert Feliciaggi contrôle aussi les principaux casinos, les loteries et les PMU au Bénin, au Burkina-Faso (98 millions de francs de chiffre d'affaires en 1998, 1008 employés), au Cameroun (CA : 235 millions, 1008 employés), au Congo-Brazaville (CA 72 millions, 596 employés), en Côte d'Ivoire (CA 248 millions, 301 employés), au Gabon (CA 45 millions, 800 employés), en Guinée (CA 120 millions), en Île Maurice (CA 98 millions, 227 employés), à Madagascar (CA 48 millions, 235 employés), au Mali (CA 153 millions, 671 employés), au Niger (CA 64 millions, 412 employés), au Sénégal (CA 226 millions, 965 employés ) et au Togo (nouvelle exploitation, 345 employés). Ces activités lucratives se développent en étroite collaboration avec les autorités locales. Ainsi, Antoinette Sassou N'Guesso (épouse du président Sassou) siège au conseil d'administration de la Cogelo, la loterie nationale congolaise. De même, Charles Pasqua aurait été administrateur du PMU camerounais. Robert Feliciaggi est par ailleurs conseiller territorial de Corse (élu sur la même liste que Noël Pantalacci, directeur de la CADEC), maire de Pila-Canale, et responsable du GFCOA, le club de football d'Ajaccio, etc. Charles Pasqua est venu l'installer, le 8 octobre 1999, délégué du RPF (Rassemblement pour la France) à Ajaccio. Robert Feliciaggi est considéré comme proche de Jean-Jérôme Colonna (homonyme d'Yvan Colonna, sans parenté avec lui), originaire de Pila-Canale et parrain présumé de la «bande du Valinco «. Les conditions dans lesquelles Robert Feliciaggi a acquis le grand hôtel Miramar de Propriano, l'a fait exploiter par la famille de Jean-Jérôme Colonna, et a bénéficié de divers prêts non recouvrés de la CADEC ont attiré l'attention de la Commission d'enquête parlementaire de 1998. De même s'est-on interrogé sur l'attribution de la concession d'Elf-Corse à Toussaint Luciani et Noël Pantalacci, sur intervention d'André Tarallo, puis à sa cession aux frères Feliciaggi. Robert Feliciaggi conduisit un bras de fer avec le préfet Claude Erignac lors de l'installation d'une quarantaine de machines à sous au casino d'Ajaccio. Charles Feliciaggi, frère de Robert, dirige plusieurs sociétés d'import-export. Il assure notamment la totalité de l'approvisionnement de la garde du président angolais, José Eduardo Dos Santos, par l'entremise de diverses sociétés, dont Agrisud. Les principaux comptes bancaires des deux frères étaient gérés par la banque FIBA, dont ils étaient devenus le principal client après Elf.