La Gazette du Maroc : Comment êtes-vous venu à la boxe ? Khalid Rahilou : J'ai commencé par le foot, et puis, suite à un accident au genou, j'ai observé une assez longue trêve avant de me mettre au full contact et au kik boxing. J'ai tout gagné en full contact, champion de France, champion d'Europe, champion du monde. Après, je me suis adonné à la boxe anglaise où j'ai tout gagné. Mais comment s'est passé le passage à la Boxe, la vraie, si l'on peut dire ? Un vieux monsieur, qui s'appelait Roger Torell, a vite décelé mes qualités, m'a pris à part pour me dire que je pouvais devenir un grand champion, à condition que je fasse preuve de beaucoup de sérieux. J'ai été sérieux, et je suis, apparemment, devenu un grand champion. Pourriez-vous nous rappeler votre parcours avant d'atteindre ce niveau? Sûr que ce n'était pas facile, à la base, il y a eu beaucoup de travail, beaucoup de sérieux. Il me faut du temps pour vous retracer ma carrière dans les détails. J'étais finaliste en 1988 du championnat de France, et vainqueur en 1989. J'ai participé aux JO de 1988 pour le Maroc, grâce à feu Belyoute Bouchentouf qui m'a fait confiance et a tenu à ce que je sois présent. J'ai disputé par la suite un grand nombre de tournois, avec des résultats qui étaient le plus souvent très encourageant. Et ayant estimé que j'avais appris le métier, je suis passé « pro ». Là, j'ai été en finale du championnat de boxe professionnelle. Par la suite, c'était le championnat d'Europe que j'ai gagné pas moins de sept fois. Et en 1997, j'ai fait le championnat du monde à Nashville aux Etats-Unis. C'est là que j'ai ravi le titre. Un titre que j'ai dû défendre quatre fois dont trois avec succès. Qu'en est-il pour votre passage au professionnalisme ? A mon sens, tout boxeur amateur rêve de pouvoir accéder un jour au professionnalisme. Il fallait bien que je commence par pratiquer en amateur, mais mon but, c'était de pouvoir passer professionnel. C'était cela, et dès le début. Cela ne semble guère être le cas pour les boxeurs marocains pratiquant au pays? C'est vrai, malheureusement. Ici au Maroc, en général les boxeurs commencent en amateurs pour terminer en amateurs. Il y en a qui sont présents même plus d'une fois aux Jeux Olympiques, ce qui n'est pas rien, mais qui restent amateurs. Quand il y en a qui optent pour le professionnalisme, ils n'ont d'autres choix que de partir à l'étranger. S'il y en a qui partent de manière légale, d'autres le font illégalement. C'est-à-dire qu'ils partent pour une manifestation donnée, mais ils préfèrent mettre les voiles pour rester de l'autre côté. Ce ne sont pas les exemples qui manquent. C'est bien de boxe professionnelle au Maroc qu'il s'agit ? Tout à fait, et cela date d'assez longtemps. Mon but, c'est de mettre mon expérience au profit de mon pays. Je veux tellement contribuer au développement de la pratique de la boxe au Maroc. Il fallait insister et persévérer. Maintenant, je peux dire que j'en vois le bout. Avec la Fédération, on a avancé. On a monté le Groupement National de la Boxe Professionnelle. Ce sera sous l'égide de la Fédération tout en étant indépendant. On comptera sur l'apport de personnes qui dépendront du Groupement. Ce ne sera pas des membres fédéraux. Le bureau fédéral n'a pas à s'occuper de la boxe professionnelle qui relève de la compétence du Groupement. On aura un Bureau composé de neuf personnes et dont je serai le président. Un futur champion du monde marocain, est-ce envisageable ? Absolument. Pourquoi pas ? C'est même mon but dans ce que je suis en train d'entreprendre. Nous avons un potentiel humain qui force le respect, il faut du travail. Il faut beaucoup de sérieux. Si moi j'ai été champion du monde à partir de la France, mon rêve, c'est de donner à la boxe mondiale un champion du monde marocain à partir du Maroc. C'est parfaitement réalisable.