Collectionneur boulimique, Mohamed Tangi a une curiosité obsessive pour ce qui concerne Casablanca et chine depuis vingt ans pour dénicher tout ce qui se réfère à cette ville. Ni historien ni littéraire (il a fait des études de comptabilité), rien ne prédisposait Mohamed Tangi à devenir le collectionneur de la mémoire de Casablanca, bien que ses ancêtres avaient leur douar sur les collines d'Anfa. Tout commença en fait le jour où, déçu par une conférence sur Casablanca, il décida de faire ses propres recherches pour en savoir plus et se mit à entasser des livres sur le sujet. Mais trouvant les images plus «parlantes»à son goût, il en vint à amasser les photos, les affiches, les cartes postales, les timbres postes et toutes sortes d'illustrations se référant à la ville Blanche... Et ensuite, il s'intéressa aussi aux films, à la musique, aux objets et appareils ayant un rapport plus ou moins proche avec Casa, au point d'envahir son appartement-bureau de petites et grandes «trouvailles» qui n'en finissent plus de s'accumuler. Car la soif de M. Tangi de posséder tout ce qui se rapporte à Casablanca, est insatiable. Il n'a de cesse de chercher que lorsqu'il trouve la pièce rare (ou qui lui manque) et il en est arrivé comme il le dit lui-même «à tirer sur tout ce qui bouge» concernant cette ville. Il ne réfléchit plus, il est preneur. «Des choses insignifiantes peuvent venir compléter le puzzle d'un ensemble. Rien n'est négligeable». Et si parfois ce sont les moyens économiques qui le freinent, il avoue tout de même «j'aurai pu acheter un immeuble avec ce que j'ai dépensé pour cette collection depuis près de vingt ans». Mais pour lui, ce n'est pas le prix qui détermine la valeur d'une pièce, car toutes ont une valeur sentimentale, et sont des coups de coeur qui font partie de son histoire d'amour avec Casablanca. Un but à cette boulimie compulsive? «Partager ma passion en participant par exemple à des expositions par thème sur la ville ou en répondant à des demandes de plus en plus nombreuses pour l'utilisation de matériel ancien». Et puis, il y a ce projet d'aménager une espèce de musée permanent ouvert au public. «Cela décongestionnerait mon bureau et me permettrait de faire un peu de rangement» dit-il, modeste, mais son souhait c'est de montrer à tous ce qu'a representé Casablanca dans l'imaginaire collectif et son prestige à certaines époques dans le monde entier. Une ville, un nom, avec une âme, une magie, qu'il s'agit de sauvegarder et d'entretenir.