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Les Américains contre Bush
Publié dans La Gazette du Maroc le 24 - 11 - 2003


Croisades contre l'islam
Au lendemain du 11 septembre 2001, l'Amérique lançait un ultimatum à ses propres intellectuels: ou ils soutiennent la guerre contre l'Islam et les islamistes de tous poils ou ils sont bannis de la scène culturelle, sociale et politique de leur pays. Les réactions furent nombreuses et des dizaines d'articles ont été censurés, des livres n'ont jamais vu le jour et des écrivains et penseurs ont été tout simplement mis sur la liste noire comme au bon vieux temps du MacCarthysme. De Noam Chomsky à Edward Saïd en passant par Michael Mann, Judith Butler, Michael Yates et Gore Vidal, voici la voix éteinte de la nouvelle démocratie à l'américaine.
Sans revenir sur des thèses désormais vérifiées, sans s'attarder sur de nouvelles formules imposées par l'ère de la nouvelle guerre de religions, il faut préciser d'emblée que les Etats Unis d'Amérique, déclarés première démocratie humaine, se sont surpassés en ce début de millénaire pour donner un nouveau visage à ce qu'il est convenu d'appeler ici le nouveau terrorisme d'Etat. Un état de fait d'autant plus condamnable qu'il s'agit là du gendarme autoproclamé du monde qui affiche ostensiblement sa superpuissance en balayant d'un simple revers de main tous les acquis et pseudos avancées sur le chemin du respect des droits de l'Homme.
Nous sommes loin de l'introduction à la mort de Federico Garcia Lorca, écrivant des vers sur le macadam new yorkais non loin de Wall Street un certain jeudi noir de 1929. Il prévoyait le masque noir qui s'abattrait un jour sur l'insolence du béton armé (Le masque noir ! Voyez le masque noir !/ Sable, caïman et peur sur New York.) Dans ces prophéties d'illuminations poétiques, il n'était pas question d'un
crash boursier ou d'une récession économique inévitable, le poète pressentait l'effondrement d'un système au cœur duquel un jour “la mort véritable, la mort sans espoir, la mort qui n'est que pourriture” frappera de tout son poids pour réveiller les consciences. Quatre-vingts ans plus tard, la chute du Trade World Center n'a pas été une occasion pour réfléchir le monde, faire de l'introspection, revoir ses cartes pour mieux les distribuer sur un échiquier humain flottant, mais bel et bien le prétexte de plus, la goutte tant attendue pour faire déborder les vannes de la haine et du crime. Neuf jours après le massacre de Manhattan, le président des USA déclare la guerre à tous ceux qui ne pensent pas comme lui et qui hésitent devant la guerre Légitime défense, leçon à donner au monde, démonstration de force, surenchère politico-militaire, agressions en chaîne, l'Amérique jouait sur tous les tableaux et perdait la notion de la justice et de la vérité. Avec la première grande frayeur, la plus grande puissance du monde sort le grand attirail, appelle ses réservistes et s'en va-t-en guerre. Une guerre qui sera suivie par d'autres et d'autres et dont les horizons sont tous bouchés ne révélant qu'une montée de haine et représailles sanglantes qui réduisent la pensée humaine à ses plus sinistres retranchements. Devant une telle folie meurtrière, l'Amérique, surprenante comme toujours, avait gardé des réserves d'hommes dont l'intégrité n'avait pas été entamée par une poussée de patriotisme primaire. Ceux-là ont rempli leurs rôles d'éclaireurs, de porteurs d'eaux, de défricheurs de terres arables sur le chemin du dialogue. Ils ont été marginalisés, bafoués, mal aimés, traités de traîtres, bref mis à la marge comme de simples rebuts de la société bien pensante qui ne tolérait plus aucune sortie des rangs. La naissance de l'armée intellectuelle avait accompli son chemin, mais sans le nerf vif des idées “étasuniennes”.
Le terrorisme d'Etat, version américaine
Dans un article intitulé l'Etat d'exception, jugé subversif par le gouvernement américain, Axel Cockburn et Jeffrey Saint Clair, tous deux journalistes pour The Nation et le New York Press, auteurs du remarquable Corruptions of Empire, citent cette phrase tirée d'un discours de George W. Bush devant le Congrès : “que nous traduisons nos ennemis en justice, ou que nous leur apportons la justice, justice sera faite”. Pour les deux journalistes, ce sont là des propos “de hors-la-loi, réduisant la notion de justice à la liberté de liquider n'importe qui quand l'Amérique le juge nécessaire”. “Toute nation, quelle qu'elle soit, doit désormais choisir. Ou vous êtes avec nous, ou vous êtes avec les terroristes”. Le fin mot de la cérémonie d'inauguration d'une nouvelle ère de la terreur est dit. Ce jour-là, pour ceux qui ne l'avaient pas remarqué, l'Amérique avait tiré un trait sur les Nations Unies et sur l'Otan. Désormais, voulait dire Bush, seule l'Amérique régentera le monde avec ou sans l'aval de qui que ce soit. La suite, nous la connaissons tous : l'occupation de l'Afghanistan, la chasse aux Talibans, des milliers de morts pour la plupart des civils, sans jamais mettre la main sur celui que l'Amérique avait promis de capturer. Mollah Omar et son ami Oussama Ben Laden avaient pris la fuite l'un par un trou dans la montagne, l'autre sur une mobylette et le monde avait donc assisté à une réelle mascarade de règlements de compte très Far West. Mais Bush présente la guerre à venir comme « un affrontement entre la liberté et la terreur, dans laquelle Dieu prendrait résolument le parti de l'Amérique ». Nous assistons à une attaque en règle contre les libertés constitutionnelles dans un pays où toute opposition est de fait suspendue. Plus que jamais, nous avons entendu, jeudi soir, la petite phrase jubilatoire et inquiétante selon laquelle “il n'y a pas d'opposition”. Pendant que Bush s'adressait à la représentation nationale, les caméras se sont attardées sur la députée Barbara Lee, de Berkeley, qui aura l'éternel mérite d'être le seul membre du Congrès à avoir voté l'autorisation de “représailles sans limites”. Ce court instant de lumière pointé sur le visage de cette femme au courage exemplaire aura été l'unique espoir de voir la nation de la démocratie peser le poids de ce qu'elle allait entreprendre. Il n'en était rien, la suite sera sanglante et fera l'amorce de nouvelles impunités dont l'Irak aura été le chapitre II.
Bush, une menace pour le patriotisme américain
“Qu'a bien pu faire Al Qaïda à notre Constitution et à nos traditions nationales d'équité et de justice ? Depuis le 11 septembre 2001, le gouvernement a pris des décrets, adopté des politiques, menacé d'engager des procédures qui entrent en contradiction avec nos valeurs et nos lois d'une façon inimaginables jusqu'à présent”. Ronald Dworkin, professeur de droit à l'université de New York, se pose la question sur l'Etat d'exception, la menace des dérives sécuritaires qui ébranlent la démocratie américaine et surtout pose le problème fondamental de l'après -11 septembre : “c'est quoi le terrorisme ? Le 25 octobre 2001, écrit-il, le Congrès a adopté le USA Patriot Act, avec à peine un vote contre au Sénat et 66 à la Chambre. Cette loi donne une définition nouvelle, incroyablement vague et large, du terrorisme et du soutien au terrorisme. On peut désormais se rendre coupable d'aide au terrorisme, par exemple, en recueillant de l'argent, ou même en en donnant à une association favorable à n'importe quelle organisation étrangère -l'IRA, des groupes étrangers de lutte contre l'avortement ou encore, au temps de l'Apartheid, l'ANC- qui recourt à la violence, parmi d'autres moyens, pour s'opposer à la politique ou aux intérêts américains”. Ce qui revient à dire que si le procureur voit en vous un danger pour la sécurité des USA, il peut vous mettre en prison pendant 7 jours, vous extirper des aveux même inaudibles sans autre forme de procès que la terreur. Et Ronald Dworkin d'ajouter : “si des charges plus précises sont mentionnées, en rapport avec un crime- même sans relation directe- et que le procureur considère que le fait de relâcher cet étranger met en danger la sécurité nationale des Etats-Unis, celle d'une communauté, ou celle d'une personne quelconque, alors il peut prolonger la détention à six mois, auxquels s'ajoutent d'autres périodes de six mois, tant qu'aux yeux du procureur la sécurité nationale, ou celle de n'importe qui, est menacée”. Dans le tas, le professeur de droit revient sur des chapitres noirs des exactions en Amérique visant des étrangers ou des immigrés fraîchement débarqués pour l'Eldorado tant rêvé. Le département de la justice emprisonne plus d'une centaine d'étrangers, dont certains ont été maintenus en isolement presque 23 heures par jour alors qu'aucun d'entre eux n'a été reconnu coupable d'un quelconque crime visant la sécurité nationale. La plupart n'ont été détenus que pour des infractions mineures aux lois sur l'immigration. De ce fait, les Etats-Unis maintiennent en détention secrète un nombre tenu secret d'inculpés sur la base de doutes et dont l'implication avec les réseaux terroristes n'a jamais été vérifiée. “Le Patriot Act permet de passer outre d'autres règles, parmi celles qui protègent les accusés contre les enquêtes et les procès inéquitables. Il accorde au gouvernement un pouvoir sensiblement plus grand pour enquêter sur le domicile et les propriétés des citoyens et des étrangers sans les en informer. Ces recherches secrètes étaient autorisées jusqu'ici dans un seul cas, dans le cadre d'un mandat spécial: elles doivent être subordonnées à la collecte d'informations sur les menées d'un pays étranger à l'intérieur du nôtre. A présent, elles sont permises dans n'importe quelle enquête criminelle …”
Noam Chomsky, l'autre voix de l'Amérique
Avant de se lancer dans l'explication des dangers de la nouvelle politique américaine, qui est en fait la même sous d'autres auspices et déclarations accordables à différentes époques politiques et militaires, Noam Chomsky (un imminent linguiste, auteur et philosophe politique radical de réputation internationale) est Institute Professor et professeur de linguistique au Massachussets Institute of Technology MIT, membre de l'Académie américaine des arts et des sciences, membre de l'Académie nationale des sciences) veut d'abord définir le terrorisme. Ensuite, il essaie de savoir quelle est la réponse appropriée au crime qui peut prendre dans le mouvement du monde actuel différentes manifestations et surtout revêtir de multiples interprétations. “Quelle que soit la réponse, elle devrait au moins être cohérente avec le principe moral selon lequel, si nous prétendons appliquer un critère à nos adversaires, nous devons accepter qu'il s'applique aussi à nous-mêmes. Ceux qui ne s'élèvent même pas à ce niveau élémentaire d'intégrité ne peuvent pas être pris au sérieux lorsqu'ils dissertent sur le juste et l'injuste, sur le bien et le mal”. En gros, le message clair de Noam Chomsky ne s'arrête pas seulement aux portes d'un gouvernement qui devient parjure du fait de nier ce qu'il prêche et de préconiser ce qu'il appelle à combattre, mais jette par là même la lumière sur le côté multicéphale du gouvernement américain qui trouve le moyen de remplir les cases du bien et du mal selon des critères élastiques et malléables à souhait. Ainsi dans le cas de l'occupation israélienne des territoires palestiniens, le soutien est sans faille “militairement et diplomatiquement”. Et la liste des infractions à ses propres discours de la part de l'Amérique est longue. Le Nicaragua, le Salvador, le Honduras,
le Panama, le Chili, l'Asie du Sud-Est… etc, où le crime prenait tout à coup une autre couleur sous le microscope des services secrets américains, partie prenante de la guerre, déjà alors qualifiée de juste.
Il ne faut pas être un fin théoricien du droit international pour comprendre que la notion de justice n'avait de sens que celui qui légitimait les frappes et les agressions militaires. Quand un pays aussi puissant que les USA n'utilise pas sa force pour dissuader des états en guerre et l'exploite plus tôt pour faire du bénéfice, la définition du terrorisme et de la justice se trouve comme par miracle interchangeable et presque synonymique.
Le département de la justice emprisonne plus d'une centaine d'étrangers, dont certains ont été maintenus en isolement presque 23 heures par jour alors qu'aucun d'entre eux n'a été reconnu coupable d'un quelconque crime visant la sécurité nationale.


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