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Comment l'Espagne a spolié le Détroit de Gibraltar
Publié dans La Gazette du Maroc le 08 - 12 - 2003

Depuis de nombreuses années, l'Espagne lorgne le Détroit de Gibraltar et tente par tous les moyens de le spolier au détriment de la rive Sud. Suite au 11 septembre, grâce aux Etats-Unis d'abord puis à l'Alliance de l'OTAN, l'Espagne a développé une stratégie qui lui a permis de s'approprier, en toute légalité et avec la bénédiction de l'Union européenne,
le contrôle du couloir maritime. Circonstances et histoire d'une spoliation de dimension internationale.
La stratégie de l'Espagne est très claire pour conquérir et contrôler le Détroit de Gibraltar : selon l'idée qui court dans les milieux politiques espagnols et européens, ce sont les unités espagnoles qui doivent assurer le contrôle du Détroit, secondées par les autres pays de l'OTAN, "parce que l'Espagne connaît mieux que quiconque les eaux et la topographie secrète du Détroit, leurs problèmes et leurs enjeux, notamment ceux liés à la migration illégale, le trafic de drogue et le terrorisme". Enrique Montanchez, du journal La Razon, pense aussi que "George Walker Bush a exercé des pressions sur l'OTAN pour céder le contrôle du Détroit de Gibraltar à José Maria Aznar". Mais aussi que "l'Espagne dispose déjà d'un réseau sophistiqué d'espionnage électronique protégeant le Nord du Sud" installé de part et d'autre des rives, allant de Cadiz jusqu'au rocher de Gibraltar et rejoignant par les airs Ceuta et la côte africaine.
Mais ce que les discussions entre l'Union européenne et l'Espagne cherchent à occulter, c'est que ce système de surveillance basé sur l'infrarouge, les oscillations thermiques et les radars de grand gabarit, s'est révélé un fiasco qui n'a jamais découragé l'immigration clandestine. En témoigne un rapport du coordinateur provincial de Cadiz, Ignacio Garcia, remis le 2 décembre courant à Bruxelles, qui déclare que "le système SIVE (Service Intégral de Vigilance du Détroit) est uniquement efficace lorsque les pateras se trouvent à 6 miles de la côte et seulement lorsqu'il fait beau temps". Sur démarche de Aznar, qui a marqué l'inauguration de la chasse aux sorcières et le durcissement du traitement du dossier de l'immigration, le rapport du coordinateur provincial de Cadiz prévient l'Union européenne que "ce n'est pas un hasard car cela correspond à une politique générale caractérisée par le manque de moyens de sauvetage sur mer, l'inadéquation des moyens avec les objectifs, l'absence de coordination entre les services et une dépréciation de la dignité des illégaux". Le rapport va plus loin : "cela est une preuve de l'authentique talent du Parti Populaire et de la philosophie qui préside à ses actions".
Depuis de nombreuses années, l'Espagne utilise le dossier de l'immigration clandestine pour convaincre l'Union européenne de lui transférer le contrôle du Détroit de Gibraltar. C'est chose faite, officiellement, depuis jeudi 27 novembre puisque Bruxelles a ratifié le choix de la ville d'Algésiras, à la pointe sud de la péninsule ibérique, pour abriter l'administration européenne de surveillance de la Méditerranée occidentale (jusqu'en Italie) et de l'Atlantique (jusqu'en Mauritanie). Le versant oriental de la Mare Nostrum et le canal de Suez seront contrôlés à partir du deuxième site prévu en Grèce qui aura les mêmes objectifs qu'Algésiras : dissuader et arrêter la migration illégale.
Une première collaboration avec les Etats-Unis
Mais l'Espagne a fait ses "preuves" grâce au 11 septembre 2001. Date fétiche qui a rendu bien des services à José Maria Aznar en le rapprochant du pays de l'oncle Sam. Après les attentats, l'OTAN avait en effet restructuré les systèmes de commandement dans les régions sensibles du globe, notamment autour de la Méditerranée qui représente la bande de séparation avec le Sud. Pour y parvenir, le Secrétaire général de l'OTAN, George Robertson, avait précisé qu'il n'y aura pas de limites géographiques, que celles-ci "seraient imposées par les 19 membres" en avouant : "nous ne voulons pas être le gendarme du monde, ni non plus nous limiter à agir en Europe seulement".
C'est à ce moment que l'Espagne sortira de l'ombre en revendiquant peu à peu son leadership dans la zone sud du vieux contient. Après septembre 2001, l'Espagne a accompli un certain nombre de missions sur le site pour le compte des Etats-Unis. Dans le cadre d'un accord bilatéral spécifique, l'Espagne avait collaboré avec la VIème flotte des Etats-Unis, dès février 2002, pour "protéger" les bateaux qui passent par le couloir maritime. L'opération était dénommée Strog Scort et relevait de la base militaire américaine de Rota, située à Cadiz. Puis, l'opération Strog Scort a finalement été reconduite dans le projet Active Endeavour (effort collectif) de l'OTAN, le 10 mars dernier. C'est ce programme qui est en cours actuellement face aux côtes marocaines. Après moult transactions, l'Espagne allait convaincre les membres de l'OTAN, et demander l'aide du président Bush, afin de spolier l'aire du Détroit et prendre en main le commandement de la flotte de l'Alliance stationnée aux portes de l'Atlantique et de la Méditerranée occidentale.
Le commandement du Détroit
L'opération initiée dans le Détroit est placée sous le Commandement espagnol de Fernando Armada Vadillo, des Forces maritimes ibériques. Le nombre de navires assignés aux côtes espagnoles est largement supérieur à celui déployé par l'OTAN en Méditerranée orientale. Aux huit frégates du Détroit, il faut ajouter un sous-marin, deux navires de patrouille, des hélicoptères, des avions de surveillance Awacs. Les pays de l'OTAN présents dans le Détroit sont : les U.S.A, l'Allemagne, la Grèce, l'Italie, la Hollande, la Turquie, l'Angleterre, le Portugal, la Belgique, le Danemark, la Norvège et l'Espagne. L'Espagne est présente avec ses navires Santa Maria, Extremadura, Baleares, Canarias, Andalucia et Numancia. Le trafic des bateaux de guerre s'est multiplié ces derniers mois dans le couloir du Détroit. L'opération bénéficie aussi du soutien du Commandement de l'artillerie de la côte du Détroit (MACTAE), appartenant à l'armée de terre, et du soutien du Commandement aérien des combats à Torrejon de Ardoz (Madrid). Les bateaux sont dépendants de la Force navale de l'OTAN stationnée en Atlantique. Les navires de l'OTAN ont l'autorisation d'aborder les bateaux suspects pour inspecter et fouiller les cales. Selon le chef naval des Forces alliées d'Europe méridionale (AFSOUTH), l'Italien Ferdinando Sanfelice di Monteforte, il s'agit "de l'une des plus importantes opérations déclenchées par l'OTAN dans son aire de responsabilité en Europe pour enrayer l'arrivée des émigrants clandestins qui remontent du Sud vers le Nord".
L'Espagne, base arrière
de la répression
A ce jour, la mission menée par l'Espagne a surveillé plus de 36.000 navires et a escorté plus de 350 bateaux "alliés". On estime que 80.000 navires traversent chaque année le couloir du Détroit de Gibraltar. Ce qui représente un cinquième du trafic maritime mondial. "L'opération durera tout le temps qu'il sera nécessaire" selon l'OTAN. Elle consiste en le contrôle permanent du trafic de la Méditerranée, et donc des pays riverains du Sud.
L'Espagne a réussi un autre tour de passe-passe qui s'inscrit dans la logique de sa démarche d'instrumentalisation du fléau de l'immigration illégale. Elle a obtenu que la ville d'Algésiras se convertisse en un haut-lieu de répression des clandestins sans-papiers. Cet engagement massif de l'Espagne reste aux antipodes de la volonté sociale qui s'était exprimée à travers le référendum de 1986 en votant soit contre l'adhésion de l'Espagne à l'OTAN soit pour une présence limitée au sein de l'organisation.
L'Espagne a hypothéqué sa souveraineté, converti son territoire en plate-forme d'agression, anéanti les chances de développement d'une politique extérieure autonome basée sur la paix, la coopération et le dialogue avec les pays arabes et méditerranéens. Cette alliance entre l'Espagne et l'OTAN a pour objectif de contrôler les populations des pays "orientaux" situés en Méditerranée occidentale, et principalement le Maroc. Dans le Sud, l'Espagne se fait visible par le biais de grandes manœuvres sur l'air et sur mer pour contrôler le Détroit de Gibraltar, avec des avions noirs qui survolent et espionnent l'espace.
Sur terre, avec les nouvelles installations de la "légion" à Alméria, des milliers d'hectares occupés sont convertis en champs d'exercices militaires. L'Andalousie est devenue une grande piste d'atterrissage et d'envol des avions de guerre pour massacrer des milliers de personnes comme en Irak.
Le vote du 27 novembre de l'Union européenne
Le Conseil des Ministres de la justice et de l'intérieur
de l'Union européenne a approuvé jeudi 27 novembre le programme de lutte contre l'immigration illégale et a désigné l'Espagne et la Grèce comme centres de coordination et de surveillance des frontières maritimes du Sud et de l'Est de l'Union européenne. Le choix d'Algésiras, à quelques kilomètres du Maroc, était prévu depuis quelques mois à Bruxelles qui avait élaboré, dès mars 2003 à Cadiz, un Plan de Lutte contre l'Immigration Illégale et le Trafic d'Etres Humains avec la participation de la France, de l'Angleterre, de l'Italie et bien sûr de l'Espagne.
Dans ce plan, il est fait mention de :
• L'obtention des accords de rapatriements avec les pays dont sont originaires les clandestins. Un seul accord a été signé par l'Espagne à ce jour et est devenu effectif avec le Nigeria. Le second accord en cours de négociation concerne le Royaume du Maroc.
• Le contrôle des côtes et des ports de la rive sud, par lesquels transitent les clandestins.
• La création de patrouilles policières mixtes, incluant des éléments de force espagnols et des pays riverains du Sud.
• La création de nouveaux visas et permis de résidence "sécuritaires", avec traitement spécial de la photographie devenue " infalsifiable ", l'indexation des empreintes digitales du propriétaire du document ainsi que ses dates biométriques.
• La mise à niveau des normes du statut de réfugié, pour octroyer ou refuser les demandes d'asiles sur le vieux continent.


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