L'extension de la retenue à la source au secteur privé est bien plus qu'un simple ajustement fiscal. C'est la forte volonté de l'Etat de moderniser, et à juste titre,le recouvrement, élargir l'assiette et impliquer le secteur privé dans la traçabilité des flux économiques. Suivez La Vie éco sur Telegram Pour peu que l'on s'intéresse à la matière fiscale, il est aisé de constater que la mesure fiscale phare du PLF 2026 est l'extension de la retenue à la source au secteur privé. D'où l'incontournable interrogation : pourquoi cette nouvelle orientation fiscale majeure ? Les hommes des chiffres apportent plusieurs éléments de réponses à cette question. Contacté par La Vie Eco, Zakaria Fahim, expert-comptable et commissaire aux comptes explique : «Le Projet de Loi de Finances 2026 marque un virage important : l'extension de la retenue à la source (RAS) au secteur privé. Derrière cette mesure technique, se joue bien plus qu'un ajustement fiscal. C'est la volonté affirmée de l'Etat de moderniser le recouvrement, élargir l'assiette et impliquer le secteur privé dans la traçabilité des flux économiques». Selon le patron du cabinet BDO Maroc, cette réforme traduit une ambition légitime : sécuriser les recettes publiques et formaliser une partie de l'économie informelle. Ceci dit, cette principale nouveauté soulève une autre interrogation cruciale : comment concilier cette exigence de transparence avec le besoin de simplicité et de confiance des acteurs économiques ? Un vecteur de modernisation...mais En clair, la retenue à la source, telle qu'introduite dans le PLF 2026, vise à faire des entreprises privées des collecteurs de l'impôt pour le compte de l'Etat. De plus, le dispositif élargit la RAS à de nouvelles opérations -notamment les revenus locatifs et les prestations interentreprises — avec un objectif clair : accélérer la perception et réduire la fraude. Notre source est formelle : cette nouvelle mesure structurante rapproche le Maroc des meilleures pratiques internationales et crée une véritable empreinte numérique fiscale. Mais sans cadre digital intégré, sans simplification des procédures, et sans accompagnement des PME, elle pourrait rapidement devenir un facteur de complexité. Au registre des avantages de la RAS, il y a lieu de citer le renforcement de la transparence et de la traçabilité, la collecte plus rapide et plus prévisible des recettes publiques et l'alignement du Royaume sur les standards OCDE. En revanche, cette mesure est aussi porteuse de risques, notamment la lourdeur administrative pour les petites entreprises et celui d'accentuer l'écart entre grandes et petites structures. Vers une fiscalité de confiance ? L'extension de la RAS au privé est à même de transformer la relation de méfiance existante parfois entre les contribuables et le fisc. «Elle ne doit pas être un outil de contrôle, mais un levier de confiance entre l'Etat et les entreprises», suggère Zakaria Fahim. Notons que la réussite de cette réforme dépendra moins de sa technicité que de la qualité de son exécution. En conséquence, elle doit s'inscrire dans une vision globale : fiscalité numérique, progressive et collaborative. La digitalisation du dispositif, la segmentation des obligations ou encore l'accompagnement des TPME sont essentiels pour la réussite de la nouvelle mesure fiscale. Par ailleurs, de l'avis de certains experts l'élargissement de la retenue à la source peut devenir un instrument de transformation économique, si elle est perçue non comme une ponction, mais comme un investissement collectif dans la transparence et la compétitivité. D'ailleurs, selon Zakaria Fahim, elle offre une occasion unique au Maroc d'ancrer une culture de conformité partagée où l'Etat, les entreprises et les citoyens avancent ensemble vers une fiscalité plus juste et plus lisible.