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Le torchon brûle
Publié dans La Gazette du Maroc le 03 - 06 - 2002


L'USFP contre le PJD
Décidément, rien ne va plus entre les socialistes et les islamistes du PJD, depuis que les dirigeants de l'USFP
ont décidé de recevoir, le 31 mai 2002, à Casablanca,
le congrès de l'Internationale socialiste, dont font partie des responsables politiques israéliens.
À l'approche des échéances électorales, prévues en septembre 2002, la tension a monté d'un cran entre l'USFP, le parti leader du gouvernement de Youssoufi, et les représentants islamistes modérés, notamment le Parti de la justice et du développement (PJD). Décidés à jouer cartes sur table, les deux protagonistes se livrent actuellement à un combat politique des plus spectaculaires, surtout depuis que le Parti socialiste de Youssoufi a décidé de recevoir les représentants du Parti du travail israélien, à l'occasion du congrès de l'Internationale socialiste, qui s'est tenu à Casablanca le 31 mai 2002.
Genèse du conflit
Après avoir pris la tête de la campagne menée contre la réforme du statut de la femme et la manifestation du 7 avril, organisée à Rabat, condamnant les massacres perpétrés contre le peuple palestinien, les mouvements islamistes, notamment le Parti de la justice et du développement (PJD) n'ont pas laissé passer l'occasion d'agiter l'épouvantail de la menace israélienne. L'organisation du congrès de l'Internationale socialiste, sous l'égide de l'USFP, avec la participation d'Israël, est l'élément qui a déclenché le conflit entre socialistes et islamistes. En fait, ce bras de fer a pris la forme d'un affrontement politique, qui couvait depuis la décision du PJD de passer du soutien critique à l'opposition constructive au gouvernement. L'USFP n'a pas digéré l'humiliation politique infligée par le courant islamiste modéré, et a décidé de jouer franc-jeu avec les poulains du Dr. El Khatib. L'hostilité exprimée par le PJD à l'égard de l'USFP, qui a accepté de recevoir la délégation israélienne à Casablanca, n' a été que la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. Désormais, chaque camp a l'intention de faire céder l'autre. Mais pourquoi ce bras de fer ? L'enjeu politique de ce conflit est énorme. Les deux protagonistes paraissent déterminés à dire leur mot lors des prochaines échéances électorales, prévues en septembre 2002. Les manœuvres politiciennes visant à dévaloriser l'adversaire semblent donc être une arme politique très efficace. Vu sous cet angle, peu importe le contenu de la polémique. Ce qui compte c'est de réussir, coûte que coûte, sa campagne électorale, laquelle a atteint sa vitesse de croisière avec l'émergence de ce conflit.
Il ne fait aucun doute que le conflit politique qui secoue la scène politique nationale fasse partie intégrante d'une stratégie très orchestrée. Pour les socialistes, il n'est pas question de permettre aux islamistes modérés de capitaliser sur leur popularité, en diabolisant l'USFP qui compte recevoir les Israéliens. Pour les islamistes du PJD, il est toujours payant de tenir tête à la plus importante force politique au gouvernement. Ce faisant, les deux adversaires politiques ratissent large, en brandissant le slogan de “l'intérêt national menacé”. Pour l'USFP, les islamistes ne sont pas dignes de confiance puisqu'ils commettent des malversations de fonds destinés à l'aide aux Palestiniens. Alors que pour les islamistes, l'USFP a trahi la confiance des Marocains en acceptant de recevoir des criminels de guerre israéliens.
Les deux adversaires politiques se livrent un combat dont les masses populaires sont la cible idéale : pour les islamistes comme pour les socialistes, les défavorisés constituent une clientèle électorale de choix. Il est donc logique de chercher à gagner leur sympathie.
Les deux parties en jeu ont donc procédé à une mobilisation générale en vue de s'assurer les faveurs de cette population. Toutefois, cette stratégie populiste atteste de “l'usure politique” des protagonistes qui, loin de procéder à une rénovation de l'action politique, paraissent, encore une fois, à court d'idées.
Car il serait plus adéquat, pour les responsables de l'USFP, de procéder à une évaluation objective du travail gouvernemental, que de glisser vers de sordides surenchères politiques qui déboucheraient, forcément, sur une démobilisation des citoyens.
Chez les islamistes de Raissouni, l'opportunisme politique est devenu pratique courante. A cet égard, leurs déclarations étaient des plus virulentes : le déclenchement des hostilités a commencé par la publication, par les mouvements islamistes, le 25 mai 2002, d'un communiqué incriminant la présence de la délégation israélienne lors du congrès du 31 mai de l'Internationale socialiste. Puis, le PJD a publié une pétition signée par des adversaires de la venue des Israéliens du Parti du travail pour participer au congrès. Enfin, le PJD a lancé un appel solennel au peuple marocain pour dénoncer l'arrivée de la délégation israélienne, et pour l'organisation d'une manifestation de protestation devant la place où s'est tenu le congrès.
Du côté des socialistes de l'USFP, les représailles ne se sont pas fait attendre. D'abord, par les déclarations de quelques usfpéistes, qui ont traité les islamistes d'“arnaqueurs” profitant de la générosité du peuple marocain pour se remplir les poches. Dans ce sens, l'USFP a dénoncé, par le biais de sa presse officielle (Al-Ittihad Al-Ichtiraki) et officieuse (Al-Ahdath Al-Maghribia), le communiqué des mouvements islamistes, le qualifiant de manœuvre politicienne, visant uniquement à réhabiliter les dirigeants islamistes impliqués dans le détournement des fonds d'aide au peuple palestinien. En outre, il a même accusé le mouvement
d'Al Adl wal Ihsan, “Justice et bienfaisance”, d'être complice de malversations concernant l'argent collecté pour soutenir la Palestine.
Jeux politiques
Pour les socialistes, le conflit avec les islamistes semble être une confrontation politique dans un jeu “à somme nulle”. Un joueur gagne, l'autre perd : il s'agit ici de crédibilité politique. Autrement dit, l'USFP s'est considérablement discréditée aux yeux de l'électorat en s'engageant à organiser le congrès de l'Internationale socialiste avec une participation israélienne.
Pis encore, l'USFP a même perdu le soutien de sa jeunesse “Achabiba al-ittihadia”. Même le comité de coordination entre les jeunesses démocratiques “chabibats” (CCJDN) avait dénoncé l'engagement de l'USFP.
À titre d'exemple, la jeunesse Istiqlalienne “Chabibat”, en la personne de son secrétaire général Mohamed Bekkali, s'est ralliée à la position des islamistes.
En réalité, le conflit entre les islamistes et le parti de Youssoufi paraît être un affrontement politique dans un jeu “à somme positive”, où tout le monde pourrait gagner sans que personne ne perde.
Autrement dit, les islamistes, notamment le PJD, ont réussi une fois encore à capitaliser une crédibilité politique, en se présentant comme le garant dévoué de la solidarité religieuse avec le peuple palestinien, entre autres, dans un environnement politique pollué et malsain.
De leur côté, les socialistes ont aussi réussi à redorer leur image de marque au niveau international, en prônant le dialogue et la tolérance avec Israël. À ce propos, des dirigeants de l'USFP n'ont pas hésité à affirmer que le congrès serait une occasion pour le Maroc d'œuvrer en vue d'apaiser les tensions et d'arriver à un compromis entre Israéliens et Palestiniens !
Alliances de circonstance
Le conflit politique entre les islamistes et les socialistes a donné naissance à de nouvelles alliances de circonstance entre les critiques de la position de l'USFP. En effet, le soutien affiché par des acteurs politiques et de la société civile n'a fait que consolider la position des militants islamistes. À titre d'exemple, rappelons le soutien des responsables politiques, toutes tendances confondues : Khalid Naciri (PPS), Ahmed Yarzni (leader du Pôle démocratique), Mohamed Talabi (ancien leader politique au sein de l'OADP) et Khala Saïd, président du groupe parlementaire du parti MNP. Sans compter des militants patentés de gauche, qui ont adressé une lettre à Youssoufi : Bachir Bennani, Sion Assidon, Anas Balafrej, Souâd Guennoun, Amina Dimas, Taïb Khamdi et Faouzi Senhaji. Sans oublier le soutien de Khalid Soufiani, ex-président de l'Association marocaine du soutien au peuple palestinien, celui de l'Association marocaine des droits de l'homme, ainsi que l'appui de quelques journalistes et artistes très médiatisés.
A vrai dire, même si le secrétariat général de l'Internationale socialiste a annoncé que les leaders politiques du Parti du travail ne participeraient pas au congrès, une délégation israélienne y était quand même présente.
En tout cas, une chose est au moins sûre : les socialistes ont manqué, une fois encore, d'habileté politique qui aurait pu leur éviter cette épreuve inopportune à la veille des élections.
Au lieu de jouer les professeurs de vertu en matière d'action politique, ne vaudrait-il pas mieux apprendre à bien gérer son agenda politique pour éviter de paraître ridicule ?


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