l'autonomie large au Sahara En s'obstinant à soutenir un référendum d'autodétermination, dont l'application s'est révélée impossible depuis 1991, l'Algérie de Bouteflika persiste à ignorer les longues discussions qui ont permis aux deux pays de rétablir leurs relations diplomatiques en 1988, ouvrant la voie à la naissance de l'UMA à Marrakech en février 1989. Mais depuis le cessez-le-feu de 1991, les choses ont pris une nouvelle tournure. Quoi qu'en disent les responsables algériens, la proposition d'autonomie large sous souveraineté marocaine que le Royaume vient de remettre une nouvelle fois sur le tapis, est loin d'être une idée nouvelle. Depuis au moins vingt ans , le thème était au centre de pourparlers , forcément informels, entre les deux parties. En 1988, L'Algérie de Chadli Benjdid avec comme ministre des Affaires Etrangères, un certain Ahmed Taleb Ibrahimi, n'y voyait pas d'inconvénients. Au contraire, les responsables algériens, au gouvernement comme au sein du FLN, considéraient une telle solution comme une issue honorable pour les deux parties et une manière civilisée de régler leur différend sur le Sahara. On sait que l'idée de «lands» marocains inspirée de l'expérience allemande en matière de régionalisation, avait été maintes fois martelée par feu Hassan II. Pour le défunt souverain, elle répondait à un besoin de mieux maîtriser les diversités et les spécificités régionales propres à la société marocaine. Dans cette démarche, le Sahara tiendrait lieu de laboratoire dont les conclusions serviraient à être généralisées sur l'ensemble du Royaume. Le timbre et le drapeau Cette question, avait été longuement débattue dans la foulée de la rencontre Hassan II-Chadli Benjdid, à la fin des années 80, lors de la rencontre suscitée en 1988 grâce à une médiation saoudienne au camp El Akid Lotfi à la frontière entre les deux pays. Elle le sera aussi durant les tractations ayant précédé le rétablissement des relations diplomatiques et dont le texte de déclaration commune avait demandé plusieurs mois de négociation entre le Conseiller Royal feu Ahmed Réda Guédira et l'un des apôtre du FLN, en l'occurrence, Chérif Messaâdia. Si la diplomatie algérienne, version Bouteflika reste cramponnée, comme elle n'a cessé de le répéter ces dernières semaines, à l'idée du référendum, nombre d'hommes politiques se demandent si le Maroc n'a pas tout intérêt à dévoiler le contenu attestant l'existence de ces entretiens. Meilleure façon de mettre à nu les manœuvres d'adversaires habitués à récuser leurs engagements à faciliter l'évolution vers cette troisième voie. Cependant cette autonomie large que Sa Majesté le Roi vient de soumettre à l'appréciation de l'ensemble des partis politiques ne signifie pas que les provinces sahariennes auraient un statut différent des autres régions. Ce qui s'applique au Sahara s'appliquen en effet à toutes les régions du Maroc. Réferendum confirmatif ou large autonomie sous souveraineté marocaine, la régionalisation est depuis quelques semaines soumise à un débat au sein de la société marocaine. Les partis ont été invités par le Souverain à soumettre leurs idées sur le sujet , au même titre que les syndicats et de larges composantes de la société civile. Que les provinces sahariennes récupérées bénéficient, au prix de rudes négociations avec les représentants authentiques des populations, d'un statut de régionalisation avancé, avec ministres, gouvernement et parlement local ne dérange pas tellement les marocains. Si les socialistes de l'USFP et leurs alliés istiqlaliens, réunis de nouveau au sein d'une Koutla refondée, affirment que «cette nouvelle proposition est bel et bien la toute dernière offre que le Maroc peut se permettre de faire à ses adversaires». il n'en reste pas moins qu'ils verraient d'un bon œil une telle perspective à la condition «qu'elle ne soit pas dictée de l'étranger et que ce qui sera proposé aux sahraouis le sera également pour l'ensemble des régions du pays». Reste la question clef: va t-on conserver le même découpage administratif régional actuel hérité de l'ère Basri ? ou s'achemine t-on, au contraire, vers une nouvelle régionalisation mieux adaptée aux transformations que le pays a connues ces dernières années ?