C'est la conclusion tirée de la 3e édition du forum africain de financement des engrais. OCP Africa dédie 4 millions de tonnes d'engrais au profit des agriculteurs du continent. Le coût et l'approvisionnement en fertilisants restent les contraintes principales des fermiers. « L'Afrique peut se suffire à elle-même en alimentation. Il faut agir ». Cette expression est répétée par tous les intervenants du 3e forum africain de financement des engrais qui se tient le 12 et 13 octobre courant à Casablanca, avec la participation de OCP Africa, de la BAD et de plusieurs pays africains. D'ailleurs, OCP Africa a annoncé, à travers son CEO, Anouar Jamali, l'entame de sa 2e phase de financement des engrais en Afrique, de 4 millions de tonnes de fertilisants et engrais adaptés au sol africain et ce, au profit de plus de 40 millions fermiers dans 35 pays du continent. L'objectif est de réussir à nourrir 1 milliard de personnes. Ce programme de financement fait suite à la 1ère étape qui elle, a consisté en des dons et rabais de 550 000 tonnes, dont a bénéficié 4 millions d'agriculteurs dans 20 pays africains. Ce sont ainsi 16% des besoins en engrais dans le continent qui ont été assouvis.
En dépit de tous les efforts déployés par le groupe OCP, l'Afrique a encore besoin d'alimenter ses terres pour nourrir sa population. Et chaque pays essaye tant bien que mal de soutenir ses agriculteurs. Martin Fregen, directeur du département de l'agriculture et de l'agro-industrie à la BAD, en Côte d'Ivoire, a signalé que 30 millions d'agriculteurs ont bénéficié du mécanisme de financement des engrais, initié par la BAD et que d'ici la fin de cette année, 1,5 milliard de dollars seront déboursés pour l'acquisition de ces fertilisants. Et de se demander : « pourquoi devrions-nous nous tourner vers l'Ukraine et la Russie, pour alimenter nos chaines de valeurs, alors que le continent est riche et peut nourrir sa population ». L'heure est alors à la facilitation de l'accès au financement, à l'approvisionnement mais aussi au développement des usines de traitement des engrais. Sauf que le coût ne suit pas. Avec la hausse des prix de cette matière, mais aussi du transport et de la logistique, le petit agriculteur qui compose le gros du secteur agricole dans tous les pays de l'Afrique se trouve dans l'incapacité de fertiliser ses terres. Martine Aboin, ministre de l'agriculture en Côte d'Ivoire signale que le sac d'engrais de 50 kg est passé de 15 000 FCFA à 30 000, soit le double en une année. Et si certains pays souffrent du manque d'accès à ces matières, pour leur cherté ou leur rareté, d'autres, comme le Togo ont mis en place des mesures pour faciliter l'approvisionnement. Nanfame Nana, directeur de la CAGIA (centrale d'approvisionnement et de gestion des intrants agricoles) appuyé : « pour soutenir nos agriculteurs, ce même sac d'engrais de 50 kgs est vendu à 18 000 Francs, alors que son prix de revient se monte à 30 000 ». Dans ce contexte actuel et sans aides et subventions, l'agriculture reste menacé. Alors qu'il est nécessaire d'utiliser justement 50 kgs d'engrais pour un hectare, des pays comme l'Angola n'en utilise que 12. Ce qui impacte largement son rendement. Manuel Bartolomeu, ministre de l'agriculture de l'Angola donne pour exemple le maïs dont le rendement se situe entre 1 et 1,5 tonne à l'hectare, seulement. Ce qui reste très faible comparativement au potentiel agricole du pays. L'Angola espère un soutien de la BAD et d'OCP Africa, surtout qu'il vient de lancer un vaste programme de production en masse des céréales pour la région, à côté d'un autre, à court et à moyen terme, pour développer l'élevage. Plusieurs blocages ont été soulevés, dont les principaux sont certes l'approvisionnement et le coût d'accès aux engrais. Mais, d'autres contraintes s'ajoutent à l'instar de l'insuffisance des semences améliorées capables de faire face au changement climatique, la maitrise de l'eau, la mécanisation du secteur agricole et l'implication du secteur privé dans les défis de la sécurité alimentaire. Dans ce cadre, la BAD reste mobilisée pour accompagner les pays africains et augmenter leur productivité agricole. Achraf Tarsim, country manager de la BAD, énumère, entre autres, la TAT, ou technologie de transformation agricole dont la mise en place a permis par exemple à l'Etyopie d'augmenter sa surface céréalière de 5000 à 640 000 ha, de réduire de moitié ses importations de blé et même de se position en exportateur, à Djibouti et au Kenya. Une autre initiative appelée 1 pour 200 a été lancée. Il s'agit de produire 100 millions de tonnes additionnels, pour nourrir 200 millions de personnes. Pour cela, une enveloppe d'un milliard de dollar é été déjà été mobilisée pour accompagner 40 millions exploitations agricoles dans le continent. Enfin, un programme de mise en place de zones spéciales de transformation agro-industrielles en Afrique a été lancé.