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Du néolibéralisme au non libéralisme ?
Publié dans La Vie éco le 12 - 12 - 2008

L'ère qui s'ouvre risque de ne pas être très propice aux libertés politiques. Les nouvelles puissances autoritaires, Chine ou Russie par exemple, n'ont aucune raison de se servir de leur influence pour soutenir la démocratie au niveau international. Plus la fascination exercée par le modèle étatiste grandit, plus la fascination de la gouvernance démocratique diminue.
L'ère du capitalisme de marché, lancé dans les années 1980 par Margaret Thatcher et Ronald Reagan et que ses détracteurs nommaient souvent «néolibéralisme », est révolue. La crise financière qui s'obstine a eu raison de ce courant idéologique, mais son déclin ne date pas d'hier. Ces dernières années, pendant que les dirigeants américains chevauchaient la vague néolibérale, le reste du monde, ou presque, était déjà sur le rivage.
Le néolibéralisme et le tout-marché ont fini par tomber en disgrâce auprès des pays en développement, qui en étaient pourtant des partisans convaincus. Les pays latino-américains, qui s'étaient ralliés dans les années 1990 à la politique de l'économie de marché, s'en sont détournés au milieu des années 2000, avec l'arrivée au pouvoir d'une cohorte de leaders de gauche. La Russie, qui avait choisi d'axer ses réformes sur le marché dans les années 1990, est passée à une forme de capitalisme d'Etat et elle a forcé les oligarques à se mettre sous le contrôle de l'Etat.
Les Etats-Unis, la Commission européenne et les banques multilatérales de développement commencent à se trouver de plus en plus isolés dans leurs efforts pour faire passer les idées et la politique libérales dans le monde. L'intensification de la crise financière ne fait qu'affaiblir l'impact de leurs opinions. Comment les Etats-Unis ou les institutions multilatérales occidentales vont-elles pouvoir prôner la privatisation des banques avec tout cela ?
L'abandon de la religion du marché par le reste du monde tient à deux facteurs : il est apparu comme une politique économique inopérante et les Etats-Unis ont perdu leur prestige et leur influence.
Dans les années 1980 et 1990, le «néolibéralisme» avait réussi à faire décoller la croissance aux Etats- Unis, au Royaume-Uni et dans quelques pays en développement, ce qui lui avait valu sa popularité. Mais ses points faibles avaient commencé à apparaître dans la deuxième moitié des années 1990. En Russie, par exemple, les essais de transplantation de la doctrine de marché s'étaient avérés catastrophiques. L'expérience russe montrait clairement la nécessité d'institutions gouvernementales solides qui réglementent l'économie de marché, et ce n'était pas les incompatibilités idéologiques aiguës entre modèle de marché libre et modèle interventionniste qui prédisposaient à en créer.
Après avoir connu quelques succès, notamment au Chili, les propositions «néolibérales» ont aussi échoué en Amérique latine. Le conseil monétaire argentin en a subi les effets dramatiques, mais ce sont les inégalités, surtout, qu'elles ont contribué à creuser, ce qui a encore aggravé le problème politique et économique majeur de ce continent. Au Brésil, le président Luiz Inácio Lula da Silva, en tournant le dos aux prescriptions «néolibérales», a obtenu de meilleurs résultats. La plupart des pays à forte croissance des années 1990 et 2000 ont rompu avec l'orthodoxie du marché et conservé une plus forte implication de l'Etat dans l'économie.
La prospérité qu'a connue l'économie américaine semblait faire la preuve de la supériorité des marchés libres sur une bonne partie des années 1990 et portait à la confiance dans le «néolibéralisme». Cette confiance s'est muée en doute devant le rapide déclin en prestige et en influence des Etats-Unis dans les années 2000.Les priorités avaient changé: réchauffement climatique, inégalités et stabilité des relations internationales étaient les nouvelles priorités et les Etats-Unis brillaient plus par leur inertie et leur obstruction à beaucoup de ces questions que par leur exemple.
Les élites américaines restaient aveugles à ces changements, se fermant aux critiques et à l'anti-américanisme primaire qui les accompagnait souvent. Aujourd'hui, les choses ont changé. On assiste à une grande remise à plat, et les élites américaines reconnaissent enfin que le capitalisme de marché est en crise et que le monde n'est pas prêt à les suivre aveuglément.
Mais un grand nombre de questions restent en suspens. Le «néolibéralisme » a échoué, mais quelle est l'alternative ? Que doivent faire les Etats-Unis pour recouvrer leur stature et leur influence au sein de l'économie internationale ?
Tandis que NewYork et Londres perdent leur rang incontesté de capitales financières mondiales, les centres naissants de l'économie globale prennent du poids dans le concert de la politique économique internationale. La plupart, si ce n'est toutes, appartiennent à des pays où la participation de l'Etat est, par tradition, plus forte. Jeffrey Garten, doyen de laYale School of Management, ne s'est pas trompé en donnant à cette époque le nom de «capitalisme d'Etat». L'Etat s'apprête à redevenir un acteur économique, aux Etats-Unis pas moins qu'ailleurs.
Mais est-ce une bonne chose ?
Beaucoup de détracteurs seront tentés de se réjouir de la fin du «néolibéralisme », mais il reste à voir si la suite représentera un progrès. Le dirigisme étatique a déjà été tenté sous différentes formes ; toutes ont été jugées insatisfaisantes. Ce qu'on reprochait après tout au «néolibéralisme », c'était d'être technocratique et élitiste, mais c'était tout de même une forme de libéralisme, qui ne dépareillait pas avec l'instauration de la gouvernance démocratique dans le monde.
L'ère qui s'ouvre risque de ne pas être très propice aux libertés politiques. Les nouvelles puissances autoritaires, la Chine ou la Russie, par exemple, n'ont aucune raison de se servir de leur influence pour soutenir la démocratie au niveau international ; elles s'ingénient au contraire à contrecarrer de plus en plus les efforts des pays occidentaux pour encourager la liberté politique. Plus la fascination exercée par le modèle étatiste grandit, plus la fascination de la gouvernance démocratique diminue. Il n'est pas non plus évident que le «capitalisme d'Etat» fasse preuve d'autant d'esprit d'invention et d'entreprise que les modèles libéraux à leur apogée.
Si les gouvernants américains et européens tiennent à sauver leur système, il faudra qu'ils s'affrontent à une refonte totale de ses principes, de façon à pouvoir proposer des réponses convaincantes aux problèmes de la dégradation de l'environnement et des inégalités économiques. La tâche ne sera pas facile, d'autant que les décideurs, occupés à juguler la crise, ont la tête ailleurs.Mais faute de s'y atteler, le primat de la liberté économique et politique qui est au coeur du libéralisme est menacé de disparition.
Project Syndicate/Institute for Human Sciences, 2008.Traduit de l'anglais par Michelle Flamand


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