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TikTok, une application qui fait un peu trop tiquer
Publié dans La Vie éco le 27 - 03 - 2023

Depuis 2016, le résau social trône sur le podium des applications les plus téléchargées à travers le monde, derrière Facebook, avec ses 1.7 milliard d'utilisateurs actifs. Un succès foudroyant ! Mais il ne faut pas se fier aux apparences.
Derrière des vidéos ludiques se cache peut-être le réseau d'espionnage le plus performant et élaboré de notre époque. C'est la thèse défendue par l'administration américaine qui a déjà interdit l'utilisation de TikTok à tous les employés des agences fédérales et qui compte bannir définitivement ce réseau social sur son territoire. Qu'est- ce qu'on reproche donc à TikTok, qui utilise à peu près les mêmes règles et algorithmes que les autres réseaux sociaux ? Au-delà du caractère très addictif de cette plateforme, TikTok est accusée d'être un instrument à la solde des services de renseignement chinois qui permet d'avoir accès à une base de données immense pouvant servir à la collecte de données personnelles ou professionnelles des utilisateurs.
«aspirateur de données» de smartphones
Grâce à la collecte de données rendue possible par l'autorisation accordée des utilisateurs, impatients d'avoir accès à leur application favorite sans se soucier de savoir quelles libertés ils accordent aux administrateurs de cette plateforme numérique, TikTok est un «aspirateur de données» qui a accès à toute la data enregistrée sur votre téléphone : vos historiques sur les moteurs de recherche, vos contacts, vos photos et vidéos, vos messages, vos mails, etc. C'est d'ailleurs pour ça que le réseau social connaît tout de vos goûts alimentaires personnels ou de vos destinations de voyage préférées par exemple, en vue de les monnayer à travers de la publicité ciblée. En outre, des études ont révélé que l'application est active pendant votre temps de travail sur vos smartphones et enregistre, à votre insu, les emails, les mots de passe, les documents ou encore les fiches financières. Mais ce que craint avant tout Washington ainsi que les institutions européennes, c'est qu'au même titre que toutes les entreprises chinoises, TikTok est soumise à la loi de 2017 sur le renseignement qui l'oblige à collaborer avec les services de renseignement nationaux lorsque ceux-ci la sollicitent. C'est pour cela que d'après Mountacir Zian, directeur général du CMAIS, cabinet marocain d'Intelligence économique (IE) et expert en IE, «l'application TikTok est considérée comme un outil d'espionnage à la solde du Parti communiste chinois par les Américains». Il ajoute d'ailleurs qu'une loi est en cours de préparation aux états-Unis qui vise à «limiter un risque systémique pour la sécurité nationale que peut représenter l'application».
Mais l'histoire ne s'arrête pas seulement à une affaire d'espionnage. TikTok est également accusée de créer volontairement une «démence numérique» auprès de la jeunesse mondiale. Car la maison-mère ByteDance, propriétaire de TikTok, utilise une autre version de l'application sur le territoire chinois, dénommée Douyin, dont les contenus sont nettement différents de ce que l'on retrouve dans le reste du monde. Ainsi, ils ont créé une version éducative pour le public chinois mais ont conçu une version addictive pour le reste des utilisateurs. C'est le procès que lui font les congressmen américains qui la qualifient de «digital fentanyl», servant une stratégie nationale chinoise qui vise à façonner une génération entière de jeunes occidentaux complètement débilisés, avec des capacités cognitives diminuées.
Des réseaux sociaux addictifs et très vulnérables
à travers tout ce battage médiatique, le message que souhaitent véhiculer les pays occidentaux, Etats-Unis en tête, est que TikTok est une véritable plaie pour notre jeunesse. Oui, mais Facebook, Instagram et Snapchat aussi !! Et pas que pour les jeunes d'ailleurs. En effet, le modèle économique de tout réseau social repose sur la publicité. Donc, plus les utilisateurs passent du temps sur les réseaux sociaux (RS), plus ils vont gagner de l'argent. Les RS proposent donc du contenu en continu pour que les utilisateurs passent leur temps à scroller, ce qui veut dire – pour les profanes – faire défiler indéfiniment les vidéos sur son écran. Et pour retenir ces utilisateurs le plus longtemps possible, un seul maître-mot : des contenus viraux. C'est une des raisons qui fait que les RS, par le biais de contenus souvent débiles et abrutissants, ont réussi à «ramollir les cerveaux» de toute une génération, bercée par ces applications depuis sa plus tendre enfance. Ce qui cause actuellement une diminution du temps d'attention des jeunes élèves constatée durant ces dernières années.
En vérifiant les conditions générales d'utilisation des autres RS, on se rend compte qu'elles sont similaires à celles de TikTok à quelques détails près. Ces applications exigent ainsi d'avoir l'accès au micro de l'appareil, aux contacts, à la caméra, au stockage ou encore aux données de géolocalisation. Donc pourquoi seule TikTok est accusée d'espionnage ou de manipulation de masse? Selon Mountacir Zian, directeur général de CMAIS, «cette campagne contre TikTok entre dans le cadre de la guerre économique ouverte entre les états-Unis et la Chine, considérée comme la principale menace du gouvernement américain». L'expert en IE souligne également que les états-Unis disposent depuis 2018 d'un arsenal législatif assez similaire à celui utilisé par Pékin, le Cloud Act, qui permet au renseignement américain d'accéder aux données hébergées ou stockées par un acteur national, tel que Microsoft, Google ou Amazon. Donc, il semblerait que cette charge contre un des seuls géants de la Tech non américain qui soit capable de rivaliser avec les GAFAM est le reflet de la nouvelle guerre d'influence numérique que se livrent les puissances mondiales. Au Maroc, l'addiction des jeunes et des moins jeunes aux RS est aussi une réalité. Elle entraîne bien évidemment des risques sur l'assiduité et l'éducation de la jeune génération mais aussi des menaces sur la protection des données numériques concernant la population active. Car, comme le précise Mountacir Ziane : «Il existe une forte dépendance aux technologies de communication étrangères au Maroc. Nous sommes dans l'ère du digital et de l'instantanéité et nous ne pouvons pas faire l'impasse sur les outils de communication». En l'absence de statistiques officielles, il est difficile d'évaluer le taux d'utilisation des RS ou des services de messagerie instantanée, tels que WhatsApp, Telegram ou Signal, dans la sphère professionnelle.
Dérive de l'utilisation des RS et des services de messagerie
Mais plusieurs acteurs reconnaissent en off l'utilisation courante et sans restriction aucune de l'application WhatsApp pour des discussions professionnelles ou même l'envoi de documents confidentiels. Il existe un certain nombre de restrictions, voire de directives internes, pour interdire l'usage de ces services de messagerie instantanée dans divers ministères ou administrations publiques, mais il semblerait qu'un grand nombre de fonctionnaires continuent d'avoir recours à ces pratiques très dangereuses. Malheureusement, le risque d'interception de données existe déjà. Le directeur du CMAIS, qui rappelle l'affaire de Chris Coleman de 2014 liée à la fuite de documents officiels ou l'infiltration de WhatsApp par divers logiciels espions récemment, souligne que «nos communications sur ce type d'applications, tant professionnelles que personnelles, peuvent être captées par des acteurs malveillants». Mais pourquoi les acteurs du secteur public et ceux du secteur privé au Maroc continuent de transgresser les consignes de sécurité en ayant systématiquement recours à ces services de messagerie, malgré leur vulnérabilité et le risque d'espionnage à grande échelle par des services de renseignement étrangers! Un haut cadre dans une administration marocaine a répondu tout simplement que «tant que les directeurs continueront à accepter de la part de leurs collaborateurs l'envoi de documents confidentiels sur ces services de messagerie qui s'avèrent plus rapides et plus simples d'utilisation que les canaux sécurisés, ces pratiques ne risquent pas de changer». Tout en déplorant que «peut-être que le jour où une affaire de fuite de données importantes éclatera au Maroc, on se rendra finalement compte du danger de ces applications.»
Pourquoi est-on si accros aux Réseaux sociaux ?
La dopamine, définie comme l'hormone du plaisir et de la récompense, est le facteur principal qui nous rend accros aux réseaux sociaux. Conscients de l'impact de cette hormone sur le fonctionnement du cerveau des êtres humains, les RS font donc appel à des neuroscientifiques dans leurs équipes pour attirer et fidéliser les utilisateurs. Ainsi, tout est pensé pour générer cette fameuse hormone du plaisir : algorithme très intuitif, design, musiques mais surtout récompenses et gratifications à travers des likes et des vues qui font gonfler notre ego. Comme l'a déclaré publiquement Chamath Palihapitiya, ancien vice-président en charge de la croissance des audiences de Facebook : «Ce que nous voulons, c'est comprendre [...] comment vous manipuler le plus rapidement possible pour ensuite vous gratifier, en retour, d'une bouffée de dopamine». De ce fait, les utilisateurs, pour la plupart inconscients de l'effet de ces RS sur le cerveau, deviennent complètement addicts à ces shots de dopamine au point de ne plus penser à travailler, manger ni dormir. Ce qui fait que les affaires des RS maximisent leurs profits en enregistrant plus de vues et surtout plus de temps de connexion. C'est pourquoi il est obligatoire que les parents exercent un contrôle sur l'accès et le temps passé de leurs enfants à utiliser ces RS.
Le casse-tête de la Protection de l'information
«L'information est au centre de toute organisation. Elle en est la principale richesse. Si cette assertion est communément acceptée par les décideurs, alors une partie du chemin sera réalisée.» Interrogé sur la problématique de la protection des données dans le cadre professionnel au Maroc, Mountacir Zian, expert en IE, nous livre là un des enjeux essentiels autour de cette question. Toute politique de sécurité émane avant tout du plus haut niveau du management. C'est pour cela que les décideurs doivent être conscients des vulnérabilités autour de la sécurisation de l'information mais aussi de l'obligation de sensibiliser et former leurs collaborateurs dans ce domaine. Zian insiste sur l'obligation «d'instaurer une véritable culture de la protection des données professionnelles et personnelles, en mettant leur protection, et donc des entreprises et des citoyens, au centre des priorités». Néanmoins, l'implication des institutions étatiques ne peut être suffisante à elle seule. Les entreprises privées doivent investir de leur côté pour mettre en place des cellules d'intelligence économique, dont la mission est d'assurer une politique de protection de l'information en plus de permettre à l'organisation de mettre en place une veille stratégique et de faire de l'influence. Et sur un plan technique, le directeur du cabinet d'IE suggère aussi aux organisations «de créer leurs propres canaux de communication professionnels.» Avant de conclure sur la nécessité de s'appuyer sur le vivier de compétences marocaines pour constituer un écosystème national pour la protection et la sécurisation des données professionnelles et ne plus dépendre de services et de plateformes numériques étrangères qui n'apportent plus aucune garantie de sécurité.


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