Nabil Hmina, un ingénieur des systèmes pour une université-territoire. Suivez La Vie éco sur Telegram La nomination de Nabil Hmina à la présidence d'Ibn Zohr, annoncée la semaine dernière, intervient à un moment où les établissements sont sommés d'accélérer la transformation numérique, de mieux arrimer la recherche à l'économie régionale et d'élever le niveau de service aux étudiants. Docteur en Sciences pour l'ingénieur de l'Université et l'Ecole Centrale de Nantes, le nouveau président affiche un parcours à la croisée du pilotage académique, des systèmes d'information et de la recherche appliquée. Au cours de son parcours, le professeur Hmina a multiplié les postes à responsabilité : conseiller, puis vice-président de l'Université Ibn Tofaïl (2004-2011), directeur de l'ENSA Kénitra (2011-2018), avant d'être président de l'Université Sultan Moulay Slimane à Béni Mellal (2018-2022). À l'échelle nationale, il a présidé la Commission supérieure des équivalences (2019-2022), coordonné le chantier d'un Système d'information global et intégré (2021-2022) et pilote depuis 2005 l'implantation du logiciel APOGEE dans les universités marocaines. Au total, un fil rouge : faire des outils numériques une colonne vertébrale de la gouvernance. Côté science, l'intéressé n'est pas qu'un manager. Il a dirigé le laboratoire Génie des Systèmes (2012-2020), l'un des plus importants d'Ibn Tofaïl : 2 brevets, 4 ouvrages, 8 chapitres, 122 articles indexés et 18 thèses soutenues sous sa direction. Une production qui dit une chose simple : la recherche compte quand elle est organisée, évaluée et visible. À Agadir, cette culture pourrait se traduire par des « programmes phares » associant laboratoires, entreprises et collectivités autour de thèmes concrets : eau et environnement, agriculture de précision, énergies, intelligence artificielle appliquée, tourisme durable. Son chantier prioritaire touchera surement la vie étudiante et la performance administrative. La généralisation d'APOGEE et d'un SI intégré peut fiabiliser la chaîne scolarité-examens-diplômes, réduire les délais et objectiver les décisions. À la clé : des parcours plus lisibles, une orientation mieux outillée et des indicateurs partagés. Dans un espace universitaire éclaté géographiquement, la digitalisation est aussi un levier d'équité d'accès au service. La professionnalisation et l'ancrage territorial est aussi un autre dossier à travailler. Ibn Zohr a vocation à devenir le hub de compétences du Souss-Massa et des régions voisines. L'expérience du Docteur Hmina est un atout pour bâtir des licences et masters co-construits avec les secteurs porteurs, dynamiser les stages et alternances, accélérer la valorisation (brevets, contrats de recherche, plateformes technologiques) et soutenir l'entrepreneuriat étudiant. La gouvernance et la qualité sont aussi des chantiers à attaquer dans l'établissement. La présidence Hmina est attendue sur un pilotage à la donnée : tableaux de bord partagés, contrats d'objectifs avec les composantes, évaluation régulière des formations, rationalisation des procédures. L'ambition est double : hausser le niveau tout en simplifiant l'expérience des usagers. Cela suppose un dialogue social constant et une ingénierie financière qui sécurise les priorités sans diluer les moyens. Au fond, l'arrivée de Nabil Hmina envoie un signal au monde académique comme au tissu économique : Ibn Zohr veut conjuguer exigence scientifique, efficience opérationnelle et impact régional. À l'heure où le pays réclame davantage d'ingénieurs, d'enseignants-chercheurs productifs et de solutions applicables, l'université d'Agadir place à sa tête un architecte de systèmes. Reste à convertir cette promesse en résultats mesurables : services fluides, recherche utile et diplômés employables. C'est sur ce triptyque – numérique, qualité, ancrage – que se jouera la réussite du mandat du nouveau président.