Il a appris très tôt à faire des affaires et a créé sa première entreprise à 21 ans. Chef d'entreprise et enseignant dans une grande école, Youness est aussi un cycliste aguerri. Son objectif est de fabriquer un produit technologique de qualité à bas prix dans une usine de montage marocaine. Sourire aux lèvres et mine décontractée, Younss Fejlaoui a tout du jeune cadre brillant. On pourrait facilement lui attribuer un parcours réussi en finance ou une carrière prometteuse d'ingénieur, si ce n'était cette lueur dans les yeux qui diffuse les traits d'un entrepreneur né. Natif d'Essaouira, le jeune Younss est rodé très tôt aux pratiques du commerce. Pendant les vacances scolaires, la famille Fejlaoui avait pour habitude de se rendre à la maison de campagne située dans les environs de Béni-Mellal. Une occasion de se ressourcer mais également de garder le contact avec la famille et les voisins qui ne manquaient pas d'offrir au petit Younss des œufs à chaque visite. «Je me retrouvais à la fin de mon séjour avec un panier comptant pas moins de 150 œufs et je savais très bien aussi qu'il s'agissait d'un "produit" très demandé en ville, vu que ma mère, pour nous préparer des gâteaux, me demandait d'en acheter chez l'épicier du coin», se souvient-il. Le lien se fait automatiquement. Dès son retour en ville, Younss vend sa marchandise à la famille et aux voisins du quartier et se constitue un petit capital. Il avait six ans. Il répète alors cette opération, ce qui lui permet d'acheter une chèvre qu'il confie à un agriculteur pour se retrouver deux ans plus tard avec deux boucs qu'il revend. L'opération est florissante et Younss nourrit déjà le projet, à l'aide de road-map et prévisions chiffrées, d'acheter un veau. «Le projet a vite été abandonné quand j'ai découvert les perruches et leur beauté». Il change alors de secteur et devient à l'âge de 13 ans le fournisseur d'un magasin spécialisé d'animaux de compagnie à Essaouira. A l'âge de 16 ans, il met fin à cette «entreprise» en vendant ses 63 perruches pour s'acheter un vélo de course, étant passionné du vélo… Il a commencé par une boutique en ligne de maroquinerie de luxe A l'école, pourtant, il est loin de se douter que ce qu'il fait pour le plaisir peut être concrétisé, et choisit plutôt de s'orienter vers des études scientifiques dans lesquelles il excelle. Après un baccalauréat en sciences mathématiques en 1995 au Lycée Akenssouss à Essaouira, il projette de devenir pilote de ligne et s'inscrit à l'Ecole Royale de l'Air à Marrakech pour les classes préparatoires. Mais il ne termine pas l'année et change complètement de parcours en s'inscrivant à l'ESC de Marrakech. L'école offre alors une option de double diplomation et Younss s'envole pour Toulouse où il obtient son diplôme en marketing B to B. «J'ai surpris tout le monde en optant pour le marketing alors que j'étais pressenti pour des études en finance, d'autant plus que j'y avais de très bonnes notes. J'ai changé mon choix d'orientation à la dernière minute», raconte-t-il. En 2003, il décroche un master spécialisé en marketing et communication commerciale de l'ESC de Toulouse et, l'année suivante, un DEA en sciences de gestion à l'Université Toulouse 1. Le goût pour l'entreprenariat commence à prendre forme avec une première expérience de studio graphique qu'il crée en 2005, suivie, en 2008, de la première boutique en ligne de maroquinerie de luxe pour iPhone et iPad en France. Ses occupations professionnelles ne le poussent cependant pas à rompre avec le monde académique puisqu'il enseigne à titre de professeur vacataire à l'université de Toulouse 1 Capitole. A tel point d'ailleurs qu'il s'inscrit en études doctorales et obtient en 2011 son doctorat en sciences de gestion. Entre-temps, l'idée du lancement d'une marque de Smartphones germait dans son esprit en partant du constat de l'inaccessibilité des produits de grandes marques aux clients à revenu modeste. «Je n'ai jamais compris pourquoi il n'existait pas de marque de Smartphones low-cost qui puisse répondre à ces attentes que je voyais d'ailleurs comme une niche très prometteuse à servir d'urgence», explique-t-il. Il commence alors la recherche de fabricants de Smartphones en Chine, d'autant plus que le terrain est déjà défriché après son expérience dans la maroquinerie de luxe. Il compte passer à la tablette et aux écrans LED En novembre 2011, trois mois après la soutenance de sa thèse de doctorat, il revient au Maroc et décide de passer à l'action. Il crée alors la page Facebook (Saphir Smartphone) pour annoncer le lancement de la première marque marocaine et arabe de Smartphones. Au bout d'un mois, la page compte déjà 10 000 fans. Elle change alors de nom pour devenir Saphir Concept, le nom choisi pour l'entreprise qui a officiellement démarré en mars 2012. Toutefois, l'absence de ressources financières repousse à chaque fois l'échéance et retarde la commercialisation du tant attendu Smartphone. L'apport financier de deux investisseurs (espagnol et italien) débloque la situation et en mai 2013, la première gamme de Smartphones haut de gamme orientée entreprises «Asteria» est mise sur le marché. Actuellement, la gamme est en rupture de stock avec près de 10 000 unités écoulées, que ce soit sur le marché marocain à travers le site de vente en ligne, mais également à l'export puisque la gamme est commercialisée en Arabie Saoudite, en Egypte et bientôt au Nigéria. Une autre gamme, «Lixus», orientée particulier sera proposée vers fin juillet. Les appareils seront vendus entre 1 500 et 2 000 DH. L'entreprise prévoit également, pour septembre prochain, d'ajouter à son catalogue une tablette appelée «Kee'Tab». Elle sera proposée à 600 DH et sa déclinaison double-cœur à 1 300 DH. Décision est aussi prise de se mettre aux écrans LED dans une année. «Le but à terme est de fabriquer un produit technologique de qualité à bas prix dans une usine de montage marocaine, et de s'imposer dans le marché africain et du Moyen-Orient».