Délicate, la question de la liquidité. Alors que l'économie marocaine évolue dans un contexte marqué par une sous-liquidité structurelle, la pression sur les banques se fait de plus en plus sentir. En effet, les statistiques monétaires de Bank Al-Maghrib, arrêtées à fin avril dernier, font ressortir un repli de 1,4% des dépôts à vue auprès des banques après une augmentation de 1,7% enregistrée le mois précédent. En parallèle, les créances sur l'économie sont restées quasiment à leur niveau du mois précédent. Mais pour mieux mesurer l'ampleur de l'enjeu, il faut préciser que les créances sur l'économie se sont établies à 714,6 milliards de DH alors que les dépôts à vue ne s'élèvent qu'à 346,4 milliards. C'est dire que l'on continue à financer l'économie par l'épargne à très court terme. En témoigne d'ailleurs le montant des placements liquides qui se chiffrent eux à 347,9 milliards de DH. En comparaison avec l'année précédente, la progression de cet agrégat est de l'ordre de 14,1%. Les dépôts à vue observent de leur côté une amélioration de 6,5% tandis que les crédits connaissent une hausse de 6,7%. Reprise de l'endettement En lien avec cette rubrique, il y a lieu de souligner la forte progression des crédits à l'équipement et qui volent la vedette aux crédits à la consommation. En effet, au moment où les premiers évoluent de 11,8% sur toute l'année, les seconds progressent de seulement 6,2%, pour s'établir respectivement à 133,8 milliards de DH et 32,8 milliards de DH. Une situation qui dénote ainsi la reprise du rythme des investissements du secteur privé et probablement l'élargissement du pourvoir d'achat constaté au cours du mois avec la baisse du taux de l'inflation. Les entreprises affichant aussi une meilleure santé boostent le montant de l'encours des facilités de trésorerie de 10% à 133,8 milliards de DH. Une situation qui peut s'expliquer par une activité au beau fixe avec un roulement important chez nos sociétés marocaines. De même, le crédit immobilier qui a accusé le coup depuis un moment semble avoir profité d'un nouveau souffle en enregistrant un regain de 9,2% depuis avril 2009 pour établir l'encours à 195,9 milliards de DH. Par secteur institutionnel, on notera une hausse de 10,6% des prêts accordés au secteur privé. Le constat est identique pour les crédits aux sociétés non financières s'étant accrus de 15,4% et pour ceux accordés aux ménages de 3,9%. En revanche, les crédits bancaires au secteur public et ceux aux autres sociétés financières ont reculé respectivement de 7,1% et de 8,8%. Les réserves de change des institutions de dépôts sont, de leur côté, revenues au même niveau du mois d'avril 2010. Cette baisse est attribuable à la baisse aussi bien des avoirs extérieurs nets de BAM que des autres institutions de dépôts, sous l'effet respectivement de la diminution de 3,7% des avoirs officiels de réserve et de l'augmentation de 63,8% des engagements extérieurs des banques.