L'image des entreprises marocaines risque d'être sérieusement affectée par la succession d'affaires plus ou moins médiatisées en Afrique subsaharienne. Si au Gabon c'est la grève des salariés de la filiale de Maroc Telecom qui a paralysé le pays en une journée, en Côte d'Ivoire, ce sont les déboires du secteur immobilier qui risquent d'envenimer la situation. «Mieux vaut prévenir que guérir», dit l'adage. Ces derniers temps, certaines informations provenant du continent sur les activités d'entreprises marocaines ne sont pas des plus rassurantes. Il n'y a pas encore danger, mais il s'avère opportun de tirer la sonnette d'alarme avant qu'il ne soit trop tard. Car la réputation industrielle, surtout lorsqu'elle est mauvaise, peut être lourde de conséquences. Dans le cas qui nous concerne, les dommages collatéraux pourraient s'avérer très néfastes. Cela, d'autant plus qu'il y va de l'avenir de toute une stratégie sur laquelle reposent de nombreux espoirs et le devenir des relations entre le Maroc et ses partenaires africains. Certains de ces dossiers concernent des problèmes de gestion et des relations entre employeurs et employés, alors que d'autres sont, on ne peut plus, complexes et poussent à s'interroger sur la bonne foi des acteurs en jeu. Pour la sauvegarde de la «bonne réputation» du label Maroc et de la préservation de ses intérêts en Afrique subsaharienne, il vaudrait mieux éviter ce genre de quiproquo. Gabon Telecom Une partie de la presse nationale, mais surtout étrangère, s'est fait l'écho de la paralysie des services de communication au Gabon en milieu de semaine dernière. En effet, durant la journée du 24 février, les employés ont décidé de priver les abonnés de leur opérateur des communications téléphoniques et de l'internet. Ces agents de la filiale gabonaise de Maroc Telecom mettaient ainsi leur menace à exécution dans un bras de fer qui les oppose à leur nouvel employeur après la privatisation de l'opérateur historique des télécommunications dans ce riche pays d'Afrique centrale. «Lors de cet énième mouvement de revendication, ils exigeaient encore et toujours le paiement de leurs primes de compensation pour "l'importante charge de travail qui est devenue la leur après la privatisation de l'opérateur"», relaie notre confrère de l'Agence Ecofin. Immobilier Si la grogne des salariés de Gabon Telecom attire désormais l'attention des médias et de l'opinion, d'autres dossiers pourraient connaître la même attention si rien n'est fait pour rectifier le tir. Ces affaires traitées encore en «off» commencent toutefois à animer des discussions de salon entre initiés. Cette fois, c'est en Côte d'Ivoire qu'une certaine incompréhension est ressentie à l'endroit de grands groupes immobiliers marocains qui y ont remporté des marchés. Certains interlocuteurs au fait de la situation n'hésitent même pas à parler de «catastrophe», vu la tournure prise par certaines affaires. «Les opérateurs marocains s'engagent dans des projets et font des promesses qu'ils ne tiennent pas», poursuit notre source. La partie ivoirienne se serait plainte de cette situation au point que certains grands opérateurs marocains se sont vus rappelés à l'ordre par Rabat. Espérons que la tournée africaine, en Côte d'Ivoire, au Gabon et au Sénégal, des ministres marocains des Affaires étrangères et de l'Economie pour «évaluer» la mise en œuvre des conventions signées récemment entre le Maroc et ces pays, auront contribué à détendre l'atmosphère. In fine, on est tenté de dire que les autorités politiques doivent désormais suivre de plus prés l'évolution du business entre le Maroc et le reste de l'Afrique. l