Mardi dernier, dans la soirée, Mounat Charrat présentait son nouveau travail intitulé «Persona» à la galerie Yakin & boaz à Casablanca. Dans ce travail sur les nuances de gris, l'artiste fait émerger des formes de visage. L'artiste originale et romantique Mounat Charrat expose son nouveau travail jusqu'au 26 octobre à la galerie Yakin & boaz. Son travail se concentre sur les formes de visage et les membres, dans une gravité inhérente aux nuances de gris. L'artiste passe d'un travail sur les pierres (abstrait) à un travail plus figuratif. Néanmoins, Mounat Charat nous plonge dans un monde où l'abstraction gravite autour du figuratif. Cela pourrait constituer un tournant dans son travail, mais celui-ci se présente davantage comme une suite logique. En effet, l'artiste joue sur l'inconscient, la suggestion, le flou dans la précision... «Je ne peux pas parler de tournant mais plutôt de continuité. Il y a tout simplement une forme qui émerge, cela peut paraître surprenant. La forme humaine m'est apparue alors que je travaillais la pierre. Ce n'est pas très conscient», explique l'artiste mystérieuse qui a intitulé son travail «Persona». Un titre comme pour jouer sur les personnes qui ne sont en fait personne, sur ces rêves que l'on fait où l'on voit des visages méconnaissables, que l'on reconnaît mais dont on oublie l'origine tellement les souvenirs sont enfouis. C'est l'impression que l'on a lorsqu'on observe les toiles de Mounat. Des visages, des silhouettes, des membres, puzzle qu'on aimerait assembler et qui constituerait une histoire. «Persona», qui vient du verbe latin personare (per-sonare: «parler à travers»), est une personne fictive stéréotypée. L'artiste raconte des souvenirs enfouis à travers ses personnages, qui ressemblent aux pierres qui ont fait son succès. «Persona pour cette ombre, il y a toujours une certaine dualité dans mon travail. Les pierres sont lourdes, elles flottent. Les têtes sont lourdes aussi, le jeu sur la lumière l'alourdit davantage. C'est un clin d'œil à Carl Jung et à sa psychanalyse analytique, tous deux présents dans mon travail. L'inconscient est bien là, il peut peut parfois prendre le dessus, même si on essaie de l'étouffer». Etouffer ou cacher, comme avec des masques. Oui, parce que «persona» désigne aussi le masque que portaient les acteurs de théâtre romains, masque utilisé auparavant dans le théâtre grec. Un travail sur l'identité qui en dit long et qui nous amène à nous poser des questions existentielles sur cette société de façade et du paraître, sur la crise identitaire, actuelles pour la jeunesse marocaine voire maghrébine. Une question même universelle... Les nuances de gris plongent le spectateur dans une ambiance sombre et cryptée où les optimistes verront du blanc et les autres, du noir. «C'est tout en nuance de gris. Pour moi, les couleurs équivalent à des traits trop précis. Un regard, une bouche, c'est pareil que du bleu, du rouge ou toute autre couleur franche. Je ne peux pas faire quelque chose de clair et de net, l'effacé parle à un plus grand nombre de personnes. Ce n'est même pas conscient, je donne l'impression d'expliquer quelque chose que je ne comprends pas moi-même». Une exposition humaine à caractère psychologique, poétique et mystérieux signée Mounat Charat qui se poursuit jusqu'au 26 octobre à la galerie Yakin & boaz à Casablanca. Âmes sensibles, y courir!