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Le coup de poker de Benkirane
Publié dans Les ECO le 04 - 12 - 2011

C'est presque à un jeu de poker, où l'objectif est de remporter les jetons des adversaires en constituant la meilleure combinaison possible, que se livre Abdelilah Benkirane. Le secrétaire général du parti Justice et développement (PJD) entame sa nouvelle mission de chef de gouvernement, par la constitution d'une coalition gouvernementale. Et il faut dire que dans cette étape, il joue gros. Le principal enjeu est de construire une coalition forte et homogène mais, aussi, de réduire les marges de manœuvre de l'opposition parlementaire dont le statut et les prérogatives, en vertu de la nouvelle Constitution, sont de nature à permettre à cette dernière de jouer un véritable rôle de contre-pouvoir vis à vis du prochain gouvernement. Cet objectif a certainement poussé Benkirane à commencer ses tractations de manière prudente. Comme annoncé, de part et d'autre, c'est chez son prédécesseur, Abbas El Fassi, secrétaire général du parti de l'Istiqlal, que le chef de gouvernement a commencé à poser ses valises. Cette opération de séduction vise à rallier la deuxième force du pays (60 sièges) et ainsi prendre une sérieuse option dans la constitution du noyau de la coalition gouvernementale qui prend forme. En ralliant l'Istiqlal, le PJD peut espérer faire d'une pierre deux coups, en attirant dans son giron, les «alliés naturels» de l'Istiqlal au sein de la Koutla démocratique. C'est, d'ailleurs, la mission que s'est fixé Benkirane, qui devrait en principe, rencontrer l'USFP et le PPS juste après l'Istiqlal. Pour autant, les jeux ne sont pas encore totalement faits et tous les scénarii restent possibles. Une échéance d'un mois a été fixée pour désigner l'équipe gouvernementale, mais le délai peut être écourté.
Le meilleur des scénarios
On ne répétera jamais assez, pour le parti de la lampe, le meilleur scénario est donc une coalition PJD et Koutla. D'une part, elle constituera une majorité forte avec les 107 sièges du PJD et les 117 de la Koutla, mais aussi, homogène, avec deux pôles composés de 4 partis, ce qui limiterait la dispersion du partage du gâteau. Cela est d'autant plus valable qu'en s'alliant avec la Koutla, rodée à l'exercice du pouvoir, «le PJD peut pallier son handicap majeur, celui d'une absence d'expérience en matière de pratique et de gestion des affaires de l'Etat», analyse Younès Slaoui, consultant et vice-président de l'Institut Amadeus. La coalition pourra, éventuellement se permettre le luxe de débaucher quelques partis pour compléter la carte, même si ces derniers ne pèseront pas beaucoup dans un tel cas de figure. Les plus en vue restent le MP (32 sièges) et l'UC (23 sièges) qui semblent déjà avoir fait une croix sur l'Alliance pour la démocratie comme en témoignent les dernières sorties, à peine voilées du MP, d'abord, et plus explicites de l'UC, ensuite. Mohamed Abied a souligné que la décision des chefs de file du G8 (PAM et RNI) de rallier l'opposition, n'engage que leurs partis et n'a pas caché l'intention de son parti de rentrer dans les rangs de la majorité.
«Tout dépendra des propositions que nous fera le chef de gouvernement», a-t-il affirmé. Une telle coalition, formée sur le noyau PJD et Koutla (224 sièges), avec ou sans du renfort, constituera une majorité confortable et de poids face à une opposition qui sera menée par le duo RNI (60 sièges) et PAM (47 sièges), qui restent pour le moment, les seuls avec le PT (4 sièges), à opter clairement pour l'opposition. Cette dernière, si elle arrive à atteindre le tiers du Parlement, pourrait constituer un sérieux adversaire en tentant de bloquer, notamment, la coalition sur des sujets décisifs comme la déclaration de politique générale du gouvernement, dont l'adoption se fera à la majorité des deux tiers. En débauchant quelques partis, en plus de la Koutla, le PJD ne se permet pas un luxe en démontrant sa force, mais s'offre les garanties nécessaires pour gouverner «confortablement», en dépit d'une opposition relativement consistante, mais pas véritablement dérangeante. Cela constitue, en outre, un beau tableau pour l'image démocratique du Maroc, avec une majorité qui gouverne et une opposition, dans le rôle de contre-pouvoir. Toutefois, en dépit de la crédibilité théorique d'un tel scénario, rien n'est acquis pour le moment, la carte Koutla n'étant pas gagnée d'office.
Incertitudes
La lune de miel entre le PJD et l'Istiqlal augure d'une réelle perspective de voir la coalition se greffer sur ces deux partis que beaucoup de choses rassemblent. Ce qui est loin d'être le cas pour les deux autres partis de la Koutla. L'USFP et le PPS restent encore largement divisés sur une participation au gouvernement. C'est principalement au niveau du parti de la rose que les choses se révèlent plus compliquées. Les propositions que fera Benkirane aux socialistes constitueront à ce point un principal argument car au niveau du parti, c'est l'incertitude totale, comme le reconnaît Hassan Tariq, membre du bureau politique de l'USFP qui a reconnu l'existence «d'une forte tension entre les jeunes, favorables, et les dinosaures, qui ne veulent pas céder». Le comité central du parti se réunira, demain samedi, pour trancher sur la question. Même son de cloche du côté du PPS comme en témoignent les dernières déclarations de son secrétaire général dans les colonnes d'un journal français. «Ce n'est pas une décision simple à prendre, entre ceux qui restent sur l'incompatibilité entre la gauche et les islamistes et ceux qui pensent qu'il ya des choses en commun, comme la lutte contre la corruption». Ces questions divisent et démontrent, dans un cas comme dans l'autre, que les deux partis risquent de laisser des plumes, car il y aura forcément des mécontents quel que soit le positionnement adopté.
Une éventualité que n'écarte pas le chef du gouvernement qui, au sortir de sa rencontre avec le secrétaire général du parti de la balance, a indiqué qu'en plus du PPS et de l'USFP, avoir établi «des contacts avec Mohand Laensar et Mohamed Abied», respectivement secrétaires généraux du Mouvement populaire et de l'Union constitutionnelle). Le MP et l'UC figurent donc bel et bien sur la liste de Benkirane qui a, d'ailleurs, déclaré dès le départ «être ouvert à tous les partis, le PAM excepté». L'incertitude plane donc sur le ralliement de la Koutla en bloc, ce qui laisse la possibilité au PJD de constituer une alliance avec l'Istiqlal, le MP et l'UC, soit 222 sièges, de quoi compenser, à quelques sièges près, l'apport du trio PI, PPS et USFP. Tout dépendra, donc, de l'issue des concertations lesquelles, à l'évidence, s'accompagneront inévitablement d'une cassure des alliances existantes, avant les législatives du 25 novembre. Un tel cas de figure ressemblerait, également, au premier posé, avec une opposition assez consistante, ce qui peut pousser le PJD à ratisser encore plus large, pour parvenir à réduire l'opposition à sa plus simple expression et ainsi, se frayer la marge de manœuvre nécessaire dans la gestion des affaires gouvernementales.
Scénario surprise
Les deux scénarii, ainsi que ceux jusque-là mis en avant, reposent sur une coalition basée sur le tandem PJD et Istiqlal. Les intentions de rapprochement entre les deux formations paraissent de plus en plus crédibles, même si l'accord n'a pas été signé. Réagissant au sortir de sa rencontre avec l'Istiqlal, le chef du gouvernement a mis en avant «la convergence de vues à cette étape». Or, l'étape qui suit reste la plus cruciale, puisque tout dépend de la consistance de l'offre que fera Benkirane aux istiqlaliens, dont certains restent, aussi, peu enthousiasmés par une coalition avec le parti de la lampe. Surtout que consciente de la force politique que lui confère ses 60 sièges au Parlement, le parti de la balance risque d'avoir un gros appétit. C'est une hypothèse à ne pas exclure au stade actuel des concertations et qui risque de pousser le PJD à aller fouiner ailleurs. Cependant, les alternatives ne sont pas légion, puisque le PJD aura forcément besoin d'un allié fort pour constituer la racine de sa coalition. Cette donne rend légitime un scénario surprise, au vu de l'écart déclaré entre les deux formations, à savoir le PJD et le RNI, auquel viendrait se greffer le MP et l'UC. Si pour l'instant, un tel cas de figure paraît improbable, Benkirane ayant exclu, en plus du PAM, le RNI «qui a choisi l'opposition».
Tout reste donc possible, surtout que le premier round reste suspendu à la position de l'Istiqlal. En dépit des déclarations médiatiques dans les coulisses, l'éventualité n'est pas écartée à en juger par les «tentatives de destabilisation» dont fait l'objet le RNI en ce moment tel que les qualifient des responsables du parti de la colombe. Si elles se confirme, ces «tentatives» seraient révélatrice des intentions inavouées du PJD. Déjà, au sein même du parti de Salaheddine Mezouar, la décision de passer à l'opposition, votée à l'unanimité pourtant, d'après le comité exécutif du parti, ne semble pas contenter toute la base. Il faudra donc attendre la tenue annoncée pour ce mois d'une session du comité national, pour «entériner la décision du bureau exécutif». Cela suppose que si le vin est déjà tiré, il n'a pas encore été bu ! Il va sans dire que cela portera un sérieux coup à la dynamique de réformes et en particulier écorchera l'image du PJD au sein de l'opinion publique. La large victoire du PJD a, en effet, confirmé la volonté des citoyens d'opter pour de nouvelle têtes et une clarification du jeu politique. Voilà donc de quoi exclure un tel scénario, sauf qu'en politique, même les montagnes sont susceptibles de se rencontrer.
Finie l'ère des technocrates
Les calculs politiciens mis en avant convergent vers la constitution d'une majorité forte, cohérente et homogène, d'où l'intérêt de mieux jouer les apports numériques. Un aspect qui cache celui, moins séduisant, de l'intérêt national qui prêche par manque de définition conceptuelle. La grosse problématique à ce sujet, c'est la question des dossiers chauds du royaume dont la gestion, pour certains cas, reste étroitement liée à la personnalité de la personne à qui en revenait la charge jusque-là. C'est principalement le cas du plan Maroc Vert où la touche Akhannouch est perceptible, de même des négociations avec l'Union européenne sur l'accord agricole ou celui sur la pêche qui ne saurait souffrir d'aucun retrait. Mais l'enjeu, aussi colossal soit-il, peut-il souffrir d'une quelconque exception, quel que soit le dossier ? Pas si sûr, au risque d'éluder le principe de responsabilité inscrit dans la nouvelle Constitution. L'ère des technocrates semble désormais révolue et selon des sources proches du gouvernement, tous les ministres porteront leur étiquette politique, pour pouvoir rendre compte en fin de mandat. Ce qui n'empêche pas certaines valeurs sûres du royaume d'être appelées à des fonctions non moins politiques et qui nécessitent une certaine maîtrise du dossier. L'intérêt suprême de la nation, passe aussi par là...


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