Alcoolisme, dénutrition, déficit immunitaire engendré par une maladie (cancers, VIH/sida,...) : si les facteurs de risque de la tuberculose sont aujourd'hui connus, la maladie, elle, n'est toujours pas maîtrisée. C'est pour faire le point sur les efforts consentis par le Maroc dans cette lutte que le ministère de la Santé a organisé, lundi et mardi derniers à Casablanca, un séminaire d'évaluation du programme national de lutte antituberculeuse. Ce dernier aura permis, jusqu'à aujourd'hui, de dépister plus de 80 cas positifs de tuberculose, et de réaliser un taux de réussite de 85 à 90% dans le traitement de la maladie. La nouvelle stratégie vise à abaisser le taux d'incidence (nombre de nouveaux cas observés pendant une période) de la maladie de 6% par an d'ici 2015, au lieu de 3% annuellement à l'heure actuelle. Ce sont les visées du ministère de la Santé, comme annoncé par la ministre Yasmina Baddou lors de la séance d'ouverture de la rencontre. Autre amélioration annoncée, celle du taux des tuberculeux en rupture de soins, qui devrait passer de 10 à 2%. Quant à l'efficience de la prise en charge médicale des patients atteints de cette infection bactérienne, le ministère vise à l'élever à une part de 90%. Mission impossible ? Par ailleurs, la gratuité de la prise en charge est maintenue par le ministère de tutelle. Budget revu à la hausse ! Ces bonnes nouvelles viennent au même moment que l'annonce de l'augmentation des stocks de médicaments destinés à soigner les tuberculeux. Le budget alloué à l'achat de médicaments, (ceux de la lutte antituberculeuse y compris), est passé de 19 millions de DH en 2009 à 31 millions en 2010, soit une augmentation de 63%. Si ces fonds sont destinés en priorité aux centres déjà existants (à Rabat et Casablanca), le ministère a annoncé la construction de nouveaux centres dans d'autres régions du pays. Nécessité confirmée par Zoubida Bouayad El Mejjad, présidente de SOS Tuberculose et maladies respiratoires. «Il faut aller dans les régions, suivre les patients grâce à une base de données. Une notification des cas est primordiale». La lutte contre la tuberculose figure parmi les sous-objectifs de l'un des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD). L'OMD 6 concerne en effet la lutte contre le VIH/Sida, le paludisme et la tuberculose. L'organisation mondiale de la santé (OMS) a classé la tuberculose parmi les premières causes de mortalité à l'échelle mondiale. En 2008, 9,4 millions de nouveaux cas et 1,8 million de décès (dont 500.000 infectés par le VIH/Sida) ont été enregistrés dans le monde. À quand l'éradication ? En attendant le jour où, comme en mai dernier pour le paludisme, l'OMS annonce l'éradication de la tuberculose dans notre pays. Mais pour atteindre cet objectif, le gouvernement doit mobiliser l'ensemble de ses troupes. «Tous les départements doivent agir de concert pour lutter contre la tuberculose, comme celui de l'Habitat ou de l'Environnement», conseille Zoubida Bouayad El Mejjad.