Les anciennes médinas, lieux de prédilection des touristes (et même des locaux) viennent de faire l'objet d'un décryptage de la part de la Banque mondiale. Le récent rapport, intitulé «Réhabilitation des médinas : l'expérience de la Banque mondiale au Moyen-orient et en Afrique du Nord», vise à la fois à établir un état des lieux de ces joyaux du patrimoine historique de pays comme le Maroc, et de définir les raisons de leur dégradation. «Dégradation» est d'ailleurs le terme utilisé par les familles aisées qui y habitaient, et également par l'Etat, pour décrire la situation actuelle des médinas de la région Mena. Depuis le début des années 80, la Banque mondiale s'est donc lancée dans la réhabilitation des médinas, aujourd'hui peuplées par les catégories les plus pauvres de la population. Des opérations de prêt et d'activités de conseil dans la région ont donc été lancées dans ce sens. À cet effet, la région Mena a été la première à produire depuis 2001 une stratégie régionale dédiée à cette question. Mais le résultat n'est pas encore à la hauteur des espérances. Ta médina a-t-elle le potentiel ? Comment donner un nouveau souffle à ces lieux imbibés d'histoires ? Chaque médina ayant sa spécificité, il a été jugé utile d'élaborer un indice visant à identifier le potentiel attractif d'une médina. L'indice de potentiel touristique d'une médina (MTPI) est calculé sur la base de huit critères parmi lesquels figurent la richesse du patrimoine culturel, l'inscription du site au patrimoine mondial de l'Unesco, la proximité des destinations touristiques existantes, ou encore les capacités d'hébergements. Mis à part l'Etat, qui doit assurer la protection juridique des bâtiments pouvant être considérés comme patrimoine culturel, d'autres acteurs doivent entrer en jeu. L'apport de capitaux de la part du secteur privé est primordial. Investir dans les médinas peut d'ailleurs s'avérer très fructueux. Enfin, comme rien ne peut arriver à ses fins sans un contre-pouvoir qui met la pression sur un Etat aux actions souvent molles et parsemées dans le temps, la société civile doit répondre présente. L'organisation d'événements culturels au sein de médinas où le visiteur se rend de plus en plus rarement permettrait d'augmenter l'attractivité des lieux. Au final, tout le monde gagne au change : l'économie locale repart de l'avant, le patrimoine culturel subit un lifting indispensable à sa survie, et les résidents souvent pauvres des lieux voient leurs besoins comblés. Anna Bjerde, responsable du secteur développement urbain et social de la région à la Banque mondiale, confirme cette dernière idée. «Les investissements en faveur du patrimoine culturel peuvent avoir un impact profond sur des groupes sociaux défavorises et marginalisés : ces derniers y gagnent tout d'abord en autonomie et en vitalité, l'enjeu étant ensuite de les aider à trouver des manières novatrices d'améliorer leurs moyens de subsistance», commente-t-elle.