En vérité, pour être honnête avec vous, je n'avais pas, mais alors pas du tout, l'intention ni encore moins l'envie de vous parler de ça. Oui, je sais que ça va vous faire plaisir, et, comme disent les managers d'aujourd'hui, ça va vous «booster» si, moi aussi, comme l'ont fait tous mes confrères tous médias confondus, je poussais des you-yous triomphants comme si on avait gagné la Coupe du monde. Après tout, ce n'est qu'une petite victoire sur une petite équipe qui, m'a-t-on soufflé ce matin, serait 112e au classement de la FIFA.Vraiment, il n'y a pas de quoi fouetter un chétif chaton, fût-il, jadis, dit-on, un valeureux lionceau. Et puisqu'on est au rayon animaux, je ne peux pas ne pas noter que cette «performance» a été réalisée en l'absence, momentanée et jusqu'à nouvel ordre, de notre dompteur national dont on n'a pas encore vu ni les bottes ni le fouet. À croire qu'il exerce ce merveilleux métier par télépathie. En tout cas, ça a l'air de marcher. Enfin, quand je dis «marcher», il ne faut quand même pas exagérer. Oui, c'est vrai que c'est la première victoire depuis deux ans, mais c'est un peu comme la blague de ce cancre qui a réussi à décrocher son certif après 10 tentatives par... ancienneté. Non, je plaisante ... On ne va pas bouder ce plaisir qui nous tombe du ciel, et il n'est pas seul. Bon dieu ! Vous avez vu ce qu'il est tombé comme pluie ce week-end ? Je ne sais pas, je ne suis pas spécialiste, si c'est trop ou pas assez pour la saison, mais là aussi, qu'est-ce que j'ai entendu comme louanges ! C'est comme s'ils y étaient pour quelque chose... Et ce qui était merveilleux, c'est qu'il pleuvait, et, en même temps, il faisait bon. Vraiment, et on ne le répétera jamais assez, nous sommes un pays béni de Dieu. Quel dommage que la vie soit si courte ! D'ailleurs, quelle transition extraordinaire (entre nous, et comme vous allez bientôt le voir, elle est terriblement primaire), le Maroc s'est distingué pour la première fois en remportant le Grand Prix du Festival du court-métrage méditerranéen de Tanger. Oui, mesdames et messieurs, pas le petit «prix du public» qu'on attribue pour calmer certaines têtes chaudes ou la petite «mention spéciale» qu'on fourgue aux éventuels râleurs, non, le Grand Prix! Et qui a été gagné par qui ? Par le jeune et néanmoins talentueux Adil El Fadili, le frangin de sa rigolote de frangine, et le rejeton de son taré de paternel! Ça, c'est une vraie victoire ! C'est en même temps une immense victoire sur tous ces canards boiteux et ces esprits obscurs qui profitent de toutes les occasions scabreuses pour tomber à bras raccourcis et à plumes fourchues sur notre cinéma qui est, quoi qu'ils prétendent, une des rares brèches et rayons lumineux qui permettent d'entrevoir des horizons plus éclairés car plus ouverts. Comment ? Le titre du film gagnant ? Je ne vous l'avais pas encore dit ? «Courte vie». C'est vrai que la transition de tout à l'heure était plutôt primaire, mais, franchement, que serait la vie sans le cinéma ? Au fait, Adil, la prochaine fois, on veut un long...