Décidément, la saison estivale à Agadir s'est achevée sur une fréquentation notable. Après une année relativement en berne et un début d'été en repli (juillet), la destination a affiché complet grâce à l'affluence des nationaux. De l'avis des professionnels, c'est surtout le mois du Ramadan qui a poussé la majorité des Marocains à ajourner leurs vacances après Aid Al Fitr, d'où la concentration et la convergence des congés en fin de mois d'août. «La tendance pour notre établissement a été à la hausse pour aller depuis le 22 août sur une occupation tournant entre 95% et 100%», rapporte Didier Escartin, directeur général de l'Atlantic Palace. Information à l'appui, le 19 août, l'établissement situé en 2e ligne avait déjà un prévisionnel pour la nuit du 31 et en 11 jours, l'hôtel a pris en réservation 81 chambres de plus, uniquement grâce au segment interne. C'est dire combien le débordement des nationaux était notable pour la destination car il a sauvé la saison estivale pénalisée entre autres par le Ramadan, les aléas climatiques et la persistance de la crise économique. Pour sa part, Salah-Eddine Benhammane, directeur général de l'hôtel Royal Atlas Agadir, ajoute que «c'est également grâce à la promotion faite autour de la station balnéaire d'Agadir qu'il y avait l'affluence des nationaux. La destination a en effet lancé sur les ondes radiophoniques et autres une campagne de communication après le Ramadan pour promouvoir les offres touristiques». Dans ce contexte, il y a lieu de noter que le locatif informel et les hôtels non classés ont su également tirer profit de cette période de concentration de la demande. D'autre part, la plupart des établissements touristiques ont fait beaucoup de promotions durant la période estivale pour s'assurer d'un taux de remplissage optimal. «Nous avons été surpris par le comportement des hôteliers propriétaires ou gestionnaires d'hôtels 5* «pieds dans l'eau»à Agadir, qui ont appliqué dès le début du mois de juillet une stratégie de discount (réduction des prix) alors qu'ils sont les mieux placés pour remplir leurs chambres», rapporte Didier Escartin. Avant d'ajouter que «nous avons été obligés par la suite de rentrer dans le même processus car nous sommes localisés à 300 mètres de la plage». Par ailleurs, le mois de septembre serait marqué par un retour à la case départ. Selon les pronostics, ce mois serait traditionnellement calme sur Agadir. «À la vue de notre planning de réservations, il se trouve que les 15 premiers jours sont au dessus de notre moyenne avec un niveau proche des 50%», explique Escartin. En termes de nationalités, les clientèles sont les mêmes puisque la destination reviendra sur le segment externe, notamment les flux européens. «Cependant nous suivons la lignée de ces derniers mois, c'est à dire une activité complètement différente de 2011 avec une tendance à la baisse sur la production des nuitées allant jusqu'à 10 et 15% de moins chaque mois, comparée aux mêmes mois de 2011», explique toujours Escartin. En attendant des solutions concrètes, la question de l'aérien et l'isolement de la destination sont parmi les causes principales de la régression des flux touristiques à Agadir. C'est pourquoi, il faut réfléchir selon les professionnels à une nouvelle approche, notamment un fonds régional de garantie et de soutien pour traiter cette problématique. De surcroît, il faut remettre en place les lignes points à points sur certaines destinations avec des prix de billets d'avion qui ne devraient pas excéder 200 euros au maximum et 300 euros pour les périodes de haute saison comme l'été, les vacances scolaires étrangères et de fin d'année. «Le marché national, malgré sa saisonnalité, est très important pour la destination»:Salah-Eddine Benhammane, Président de l'association de l'Industrie hôtelière d'Agadir (AIH) Les Echos quotidien: Après Aïd al Fitr, la destination Agadir a affiché complet grâce aux nationaux. Quel constat faites-vous de l'affluence de ce segment ? Salah-Eddine Benhammane : Grâce à la promotion lancée sur Agadir et avec le concours de l'ONMT, les résultats ne se sont pas faits attendre. La destination Agadir a effectivement affiché complet après l'Aïd et connu une affluence massive des nationaux pour deux raisons. Il s'agit essentiellement du décalage du mois de Ramadan cette année, au milieu des vacances. Cette clientèle potentielle avait besoin d'offres, d'où la promotion que nous avons lancée, début août, sur plusieurs radios et supports d'affichage pour attirer le plus de clients possible sur la destination. En résumé, le marché national, malgré sa saisonnalité, est très important pour la destination Agadir. À fin juillet, il est le premier marché en termes d'arrivées et le deuxième en nuitées. La marge de progression sur ce marché est encore importante et nous devons améliorer notre communication et nos offres touristiques. Quelles sont vos projections par rapport à ce mois de septembre ? Y a-t-il une visibilité par rapport au taux de remplissage et aux autres indicateurs de performance ? Le mois de septembre sera relativement bon, même si les ventes se font toujours en «last minut». Tant que le marasme économique sévit en Europe, que nous n'avons pas revu nos budgets et moyens de communication sur les marchés et trouvé en même temps des solutions à l'aérien, les ventes se feront toujours à la dernière minute, ce qui affecte considérablement notre remplissage et notre prix de vente moyen. Président de l'association de l'Industrie hôtelière d'Agadir (AIH) Toutes les forces vives de la région (autorités, région, municipalité et professionnels) étudient actuellement plusieurs pistes pour trouver des solutions à l'aérien. C'est un élément moteur du développement du secteur touristique, mais il est également très complexe et lourd. Nous espérons trouver des solutions concrètes et appropriées vers la fin du mois d'octobre pour la prochaine saison touristique.