Toutes choses égales par ailleurs, depuis l'entrée en vigueur de l'Accord de libre-échange Maroc-USA en 2006, les exportations marocaines vers le marché américain ont connu une croissance remarquable, voire fulgurante. Au point d'atteindre 1,7 milliard de dollars en 2023. Textile-habillement, agroalimentaire, composants automobiles..., autant de secteurs où les entreprises marocaines ont su tirer parti de cet accès privilégié. Sauf que la nouvelle salve protectionniste de Donald Trump va, sans nul doute, remettre en cause cet équilibre déjà fragile et menace directement la compétitivité du Made in Morocco dans le pays de l'Oncle Sam. Si le Royaume peut s'estimer «bien loti» de se voir appliquer un droit de douane plancher de «seulement» 10% sur l'ensemble de ses exportations, ses produits vont certainement perdre d'un revers de la main un avantage compétitif construit sur quelques décennies. C'est ainsi tout le tissu exportateur qui doit revoir sa stratégie, voire rediriger ses flux vers d'autres marchés. L'impact ne se limite pas aux seuls exportateurs. Les filières industrielles marocaines, intégrées aux chaînes de valeur mondiales, subissent un contrecoup indirect. L'exemple du secteur automobile est le plus éloquent. La taxe de 25% sur les pièces détachées importées par les Etats-Unis pourrait fragiliser les écosystèmes industriels au Maroc. Moins de commandes, des coûts de production en hausse, une incertitude croissante..., autant de signaux préoccupants pour une industrie qui s'est imposée comme moteur de la croissance nationale. Face à cette nouvelle donne, il faut réagir. La diversification des marchés d'exportation devient donc une nécessité. Si l'Europe reste un partenaire clé, l'Afrique et l'Asie du Sud-Est doivent désormais devenir des priorités stratégiques. Dans un monde où les règles du commerce international se redessinent brutalement, seuls les pays qui savent anticiper et s'adapter tireront leur épingle du jeu. Moulay Ahmed Belghiti / Les Inspirations ECO
