La campagne agrumicole démarre avec l'arrivée des premières oranges précoces de Béni-Mellal. Malgré un été marqué par la chaleur et le déficit pluviométrique, la production nationale devrait atteindre 2,1 millions de tonnes, stable par rapport à l'an dernier. Les exportations, elles, sont prévues entre 580.000 et 600.000 tonnes, l'Union européenne, la Russie, le Canada et les Etats-Unis étant les principaux clients. Si la concurrence égyptienne influence le marché, les producteurs misent sur la diversité des calibres et des variétés, ainsi que sur le marché local, pour sécuriser les ventes en dépit des aléas climatiques. L'arrivée imminente, sur le marché des oranges, des premiers lots en provenance de Béni-Mellal signe le démarrage de la campagne d'agrumes dans le Royaume. Et celle-ci se présente plutôt bien. En termes de production, «le volume attendu se situe aux alentours de 2,1 millions de tonnes», nous confie Hassan Zouhry, directeur de la Fédération interprofessionnelle marocaine des agrumes (Maroc Citrus). Ce volume est similaire à celui de la campagne précédente. Cependant, des variations sont attendues selon les variétés. Pour certaines, la production devrait baisser, alors qu'elle pourrait augmenter pour d'autres. C'est le cas des oranges, et plus précisément de la variété Navel, précise notre interlocuteur. Certaines régions devaient enregistrer des hausses à deux chiffres. À Béni-Mellal, «cette augmentation est d'environ 20% pour les premières oranges Navel, ce qui reste néanmoins en deçà des volumes d'une année normale avant la sécheresse», déclarait Abdellatif Elkarimi, directeur de la société RK Citrus, il y a quelques jours. En effet, en raison du stress hydrique et des conditions climatiques, la production de certaines variétés a eu du mal à progresser. Pour les petits fruits, nous apprend encore Hassan Zouhry, le stress hydrique a eu des effets négatifs sur les calibres obtenus. «La production est composée principalement de petits calibres, résultat des effets du stress hydrique et des conditions climatiques, avec une prédominance des calibres 3, 4 et 5», nous précise le directeur de Maroc Citrus. Ainsi, l'essentiel de la production, c'est-à-dire l'offre, se présente sous la forme de calibres difficiles à exporter. Sur ce volet, les estimations des professionnels tablent sur un repli par rapport à la campagne précédente. Ainsi, partage Hassan Zouhry, le volume exporté devrait se situer entre 580.000 et 600.000 tonnes cette année, contre 640.000 t lors de la dernière campagne. Ce volume reste tout de même important au vu des conditions climatiques, de l'état de la nappe phréatique et de la hausse du nombre de petits calibres impropres à l'exportation. L'UE absorbe 35% des exportations Pour ce qui est de la configuration des pays clients, la répartition de cette année ne devrait pas beaucoup changer. L'Union européenne demeure le premier client du Royaume. À elle seule, elle absorbe 35% de nos expéditions d'agrumes. Sur ce volume, les Pays-Bas représentent 9% et la France 8%. Par ailleurs, le Royaume-Uni intervient à hauteur de 10%. Ce trio de tête confirme l'importance des marchés traditionnels et la fidélité des importateurs européens. La Russie arrive derrière l'UE, avec 20% des volumes exportés. Ce pays confirme sa place stratégique sur le plan commercial. En troisième position, on trouve le Canada, qui absorbe 15% de la production nationale, et les Etats-Unis avec 16%. Ceci reflète la réussite de la politique de diversification des débouchés adoptée par les exportateurs. Le marché africain commence à prendre de l'ampleur. Il représente désormais 13% de nos exportations d'agrumes et offre des opportunités de croissance, notamment pour les volumes de gros calibres. D'autres marchés se fournissent de plus en plus en agrumes marocaines. Le Japon, nouveau client, a commencé lors de la précédente campagne, après la signature de l'accord phytosanitaire, à recevoir ses premières livraisons. La Malaisie, l'Indonésie ou encore l'Inde sont également des clients en pleine croissance. Cette configuration stable permet de planifier efficacement la logistique, de stimuler la demande sur chaque marché et de sécuriser les exportations malgré les aléas climatiques et les fluctuations de production. Concurrence égyptienne Les oranges précoces de Béni-Mellal font leur apparition sur le marché, légèrement en retard cette année. Et pour cause, l'été a été marqué par des vagues de chaleur et un déficit pluviométrique, des conditions difficiles pour les cultures. Abdellatif Elkarimi souligne toutefois que «les oranges ont mieux résisté que les agrumes tendres», un avantage qui permet de maintenir une production correcte. Il s'attend ainsi à une augmentation d'environ 20% pour les Navel précoces, même si les volumes restent encore inférieurs à ceux d'une année normale, avant la sécheresse. Les calibres, eux, sont variés, allant de 2 à 8, avec une majorité en tailles 4 à 7, offrant une gamme adaptée aux différents marchés internationaux. Cependant, l'exportation des oranges marocaines est fortement influencée par la concurrence égyptienne. Les oranges précoces marocaines arrivent sur le marché avant le début de la saison égyptienne, créant une fenêtre commerciale intéressante pour le Golfe, les Etats-Unis et la Russie. Mais dès que la campagne égyptienne commence, les exportations nationales ralentissent, limitant l'offre disponible. La fin prématurée de la saison égyptienne, lors de la précédente campagne, a stimulé la demande sans forcément booster les ventes à l'international, car il n'est pas toujours évident de répondre à des demandes inattendues. Face à la pression sur les prix à l'international, le marché local reste un important facteur à prendre en compte. Cette approche permet de sécuriser les revenus malgré les aléas climatiques et les variations de la demande. Elle permet de faire face à la concurrence et aux imprévus. Abdelhafid Marzak / Les Inspirations ECO