Le retard des pluies a apparemment impacté le lancement de la campagne agricole 2025-2026. Mais le coup d'envoi est prévu vendredi prochain, depuis le nord du Maroc. Encore une fois, ce sera une campagne à plusieurs inconnues. La campagne agricole 2025-2026 devrait être lancée durant la fin de la semaine courante. C'est ce qu'ont appris «Les Inspirations ECO» de sources bien informées. Sauf changement de dernière minute, l'évènement est censé se dérouler cette année depuis la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima et sera présidé par Ahmed Bouari, ministre de l'Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et Forêts. Et il faut dire, quoi qu'il en soit, que le lancement s'est fait cette année encore, très tardivement, dans un contexte de quasi-absence des pluies automnales, avec des températures anormalement élevées et qui commencent à susciter l'inquiétude auprès du monde agricole et des milieux économiques. Comme alertait récemment au Parlement le ministre de l'Equipement et de l'Eau, Nizar Baraka, le Maroc risque de se diriger vers une huitième année de sécheresse. La différence par rapport à l'année dernière est que, cette fois, on n'a presque pas assisté à des pluies précoces durant cet automne dans de nombreuses régions, ce qui retarde les semis pour les agriculteurs, surtout dans un contexte de baisse drastique des retenues des barrages, et de limitation ou de suspension des quantités d'eau destinées aux activités agricoles depuis ces barrages. Espoir Le lancement en ce milieu du mois de novembre de la campagne agricole 2025-2026 en dit donc long sur les perspectives qui s'annoncent, encore une fois, pour le secteur agricole national. Il est vrai que la saison des pluies s'étale normalement jusqu'en avril, mais rien n'indique qu'un retour à des niveaux de précipitations abondantes soit garanti. Et contrairement à l'année dernière, durant laquelle des remontées de vents pluvieuses depuis les zones tropicales avaient permis de bien arroser les régions sahariennes de l'Est du Maroc, et de sécuriser leur approvisionnement en eau au niveau des barrages, cette fois, la situation est différente. Pas de pluies estivales importantes enregistrées dans le Royaume, et la persistance du temps chaud, durant l'automne actuel, retarde toute anticipation sur les différentes cultures de la saison agricole. Mais l'espoir est encore de rigueur chez les agriculteurs, qui préfèrent pour le moment ne pas trop s'étaler sur le sujet, en attendant le lancement officiel de la campagne agricole. Entretemps, du côté des prévisions, Bank Al-Maghrib table sur une récolte céréalière qui pourrait atteindre les 50 millions de quintaux en 2026, soit nettement mieux que les rendements de l'année dernière. «Génération Green» Cela dit, et de façon générale, c'est la stratégie agricole «Génération Green», qui se retrouve encore une fois menacée, voire condamnée. Elle peine à se mettre en branle depuis son lancement en 2020, en raison de cette succession d'années de sécheresse. Tout ceci a, bien évidemment, des retombées notables sur la valeur ajoutée agricole, mais surtout, sur l'inflation, avec des prix des produits alimentaires encore à des niveaux très élevés, notamment des viandes, et autres fruits et légumes. Dans les régions agricoles comme le Souss, l'on se demande jusqu'à quand le dispositif agricole va tenir, tant la nappe phréatique elle-même a fini de se vider de ses stocks d'eau, ouvrant la voie à une donne aussi inquiétante que des remontées d'eau salée. D'ailleurs, la région se vide d'une grande partie de sa main-d'œuvre agricole, qui préfère migrer vers le nord, où les cultures des fruits rouges demeurent une véritable attraction pour les ouvriers agricoles. Filière sucrière En attendant, c'est par filière que les ambitions sont annoncées pour la prochaine campagne agricole. C'est dans ce contexte que Cosumar a récemment fait savoir que, pour cette saison, il est question d'un programme de 60.000 hectares de betterave à sucre et 8.000 hectares de canne à sucre, dont 3.000 hectares de nouvelles plantations, et ce, en fonction de la disponibilité des ressources hydriques. Il est à noter que les semis ont commencé dans l'ensemble des périmètres sucriers depuis le 10 septembre 2025. Quelle offre pour les semences ? Concernant les semences, le gouvernement n'a pas encore communiqué sur les quantités à distribuer, mais il faut rappeler que, l'année dernière, 1,26 million de quintaux de semences certifiées des céréales d'automne avaient été mobilisées (dont 1,16 Mq par Sonacos). Le soutien aux semences devrait continuer d'être étendu pour intégrer de nouvelles espèces de céréales, fourrages et légumineuses alimentaires en vue d'encourager les cultures fourragères et de légumineuses et inciter les agriculteurs à pratiquer la rotation des cultures. Un autre défi de la campagne porte bien évidemment sur la poursuite du programme de régénération et de reconstitution du cheptel national. Ce programme comprend une série de mesures, dont l'allègement des dettes de près de 48.000 éleveurs pour une valeur de 6 MMDH. Concernant la subvention des aliments de bétail, la circulaire gouvernementale mentionnait que l'orge devrait être subventionnée et son prix de vente limité à 1,50 DH/kg. Le volume prévu pour cette opération atteint 7 millions de quintaux. Abdellah Benahmed / Les Inspirations ECO