Ils nous vendent des paquets de mouchoirs aux feux rouges, des cacahuètes et des chewing-gums sur les trottoirs, lavent parfois notre vaisselle et notre linge, sont mécaniciens à 12 ans, et labourent la terre à 9 ans. Si le travail des enfants est une réalité qui ne date pas d'hier, la prise de conscience du danger qu'elle représente (tant pour l'enfant que pour la société) et la volonté d'action constituent quant à elles un souci tout récent.Cette semaine a été marquée par la tenue, lundi et mardi, à La Haye aux Pays-Bas, de la conférence internationale sur le travail des enfants organisée par le Bureau international du travail (BIT). En effet, l'année 2010 marque le dixième anniversaire de l'entrée en vigueur de la convention n° 182 sur les pires formes de travail des enfants, convention internationale du travail qui connaît d'ailleurs la plus forte ratification. Aux résultats d'une étude publiée la semaine dernière conviendrait le commentaire «sur la bonne voie, mais peut mieux faire». Si le travail des enfants a connu une importante diminution depuis 2006, le chiffre demeure considérable, atteignant tout de même 215 millions d'employés mineurs. Et les garçons ? Si leur nombre diminue, leur répartition, elle, a subi une mutation. Concentrés sur la diminution du travail des filles, les pays semblent avoir négligé celui des garçons. En effet, le BIT déplore une augmentation chez les hommes âgés entre 15 et 17 ans, alors que celui des filles a considérablement diminué. Sonnette d'alarme pour le Maroc. Lancé depuis 2006 dans une lutte (qui continue d'être impulsée par la société civile) contre le travail des petites bonnes avec le programme Inqad, le pays devrait peut-être adopter une approche qui ne soit plus focalisée sur le genre. Sauver les petites bonnes des murs de la honte, oui, mais sans oublier les autres enfants, dont le travail est apparent mais tout aussi regrettable. Education contre travail L'un des moyens conseillés par l'Organisation internationale du travail est tout trouvé, mais plus difficile à appliquer. Il faut les contraindre à aller à l'école. «On n'éliminera pas le travail des enfants sans l'éducation universelle et, inversement, on ne garantira pas que chaque enfant soit scolarisé sans mettre fin au travail des enfants, et à ses pires formes en particulier». Eduquer pour éradiquer, et éradiquer pour permettre d'éduquer. Il faut donc agir sur les deux fronts. Interdits aux moins de 18 ans Concernant justement celles décrites comme «les pires formes de travail», le Maroc a franchi un nouveau pas en avril dernier. Pour rendre des comptes de manière périodique (tous les trois ans) au BIT, le pays est en effet appelé à réviser sa liste des travaux dangereux en prenant en compte son développement scientifique et technique. Suite à une analyse documentaire sur l'évolution des types de travaux dangereux et l'organisation d'ateliers de concertation, les travaux listés comme dangereux pour les enfants âgés de moins de 18 ans ont ainsi vu leur nombre augmenter. C'est grâce au respect (quand bien même non généralisé) de ces interdictions, que le nombre d'enfants effectuant des travaux dangereux dans le monde a diminué entre 2004 et 2008, atteignant 115 millions. Et après ? Une fois l'âge de travailler atteint, la loi devrait leur reconnaître le droit de travailler dans la transparence et la dignité, au même titre que les autres catégories de la population active. Ces enfants ont droit à la reconnaissance, notamment de la part des personnes qui recourent à leurs services.