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Street art : Fatima Ezzahra Khilad (Tima) fait voyager le vase de Safi à travers le monde [Portrait]
Publié dans Yabiladi le 01 - 10 - 2025

Passionnée et talentueuse, Fatima Ezzahra Khilad (Tima) combine les techniques de dessin et de peinture. Entre la toile classique et le street art, elle ne connaît pas de barrières et jure par l'art grandeur nature. La qualité de son œuvre illustre désormais la liberté artistique qu'elle a pu se donner, grâce à sa capacité de décloisonner les approches pour créer son propre univers. Celui-ci devient reconnaissable partout, par une signature omniprésente et sans superflu : le vase de Safi.
De Rabat, Saïdia et Azemmour (Maroc) à Chicago (Etats-Unis), en passant par Montréal (Québec), Vienne (Autriche), Londres (Royaume-Unis) ou Valence (France), le vase de Safi s'invite au street art dans sa dimension mondiale. Cet héritage, qui raconte l'histoire d'une pratique ancestrale de la céramique et qui est devenu une icône des artisans de toute une région, fait doucement mais sûrement le tour des événements internationaux de peinture murale, grâce à la peintre et plasticienne Fatima Ezzahra Khilad (Tima).
De cet objet d'art, la jeune artiste fait sa signature et revisite l'enfance qui l'a tant marquée. De cette manière, elle célèbre notamment le souvenir de ses deux grands-parents, qui ont collectionné les modèles les plus improbables de ce vase. Plus qu'un simple élément décoratif puisé dans le terroir ou une marque de fabrique inscrite dans le folklore, c'est en effet un symbole personnel que Tima emploie, pour «questionner les fragments du passé», ce qu'il en reste dans le présent et ce qui s'en projette dans le futur.
Fatima Ezzahra Khilad n'est pas originaire de Safi. Mais cet élément artisanal est devenu son héritage familial. «Mes grands-parents sont de Bejaâd, mais ils sont de grands férus du vase de Safi. Ils en ont toujours acheté en ont eu partout, dans leur maison !», nous confie Tima, avec une fascination intacte, au fil de toutes ces années.
Le dessin, élément intemporel de réflexion
Une autre fascination qui a dessiné les contours de l'orientation artistique de Fatima Ezzahra est la passion de sa tante pour la couture et les croquis. «Durant mon enfance aussi, j'ai toujours aimé l'univers de ma tante. J'ai adoré les silhouettes féminines qu'elle dessinait et depuis, je consacrais mon temps libre au dessin. Toute ma chambre était envahie ! J'accrochais mes dessins sur tous les murs de ma pièce», déclare-t-elle à Yabiladi.
Née à Khouribga, Tima n'a par ailleurs pas imaginé que son parcours professionnel se réorienterait vers ses passions d'enfance que sont le dessin et la peinture, qui la replongeraient également dans ses questionnements sur le temps et les souvenirs, «entre rêverie et introspection, innocence évanescente et pureté oubliée». C'est ce qui s'est finalement confirmé, après son baccalauréat.
«L'art a toujours été mon champ de prédilection. Mais à partir d'un certain âge, on nous transmet davantage cette idée selon laquelle nos passions relèvent du loisir, qu'une orientation de carrière réussie devrait forcément être différente. Au lycée, j'ai donc fait sciences maths A. Mais en réfléchissant à la suite, j'ai voulu m'investir dans quelque chose qui me permettrait de joindre l'utile à l'agréable.»
Fatima Ezzahra Khilad (Tima)
Création : Tima
Tima opte ainsi pour l'Ecole supérieure des Beaux-Arts de Casablanca, dont elle est diplômée en 2019. Moins d'un an plus tard, elle est rattrapée par la crise sanitaire. Durant la période confinement en 2020, elle ressent le besoin de se trouver une échappatoire. En plus de faire de la toile et de la peinture son refuge, elle songe à appliquer son processus créatif aux murs qui l'entourent. Pourquoi ne deviendraient-ils pas eux-mêmes des supports de dessin, après avoir longtemps servi à accrocher ses dessins d'enfance ?
«Je réfléchissais beaucoup à cela, en contemplant les murs du toit de la maison. C'est sur cette terrasse que j'ai commencé à m'exercer, déterminée à faire du street art», nous confie-t-elle. D'abord férue d'art figuratif et de surréalisme, Tima s'appuie principalement sur sa formation classique qui destine aux galeries. Mais à partir de là, elle a pensé à élargir la vision, tout en continuant à faire de l'art plastique à travers le muralisme et le street art.
«On est à la fois peintre et plasticien. Ma technique sur toile est pratiquement la même que sur le mur. C'est à chaque fois aussi une réflexion sur la manière d'adapter l'utilisation de la peinture et des matières. Le format est différent, mais l'essence est la même», explique Tima.
Fresque à Rabat / Création : Tima - Photo : Lionel Belluteau
«Mon approche est pratiquement la même. C'est juste que quant je peins un tableau, j'utilise une palette, je suis dans ma pièce ou dans mon atelier alors qu'au street art, j'utiliserai des seaux de peinture, je redescendrai à plusieurs reprises pour vérifier l'avancement de ma création, depuis une bonne distance, j'envisagerai la finition différemment. J'échange aussi avec les passants ou les curieux qui discutent avec moi de ce que je fais.»
Tima
Oser le street art
En peu de temps, la discipline a payé. Fatima Ezzahra Khilad n'est pas impressionnée par la dimension murale d'un projet artistique. Dès la levée progressive des mesures sanitaires, elle prend part à l'édition 2022 du Festival international de street art Jidar à Rabat. «Ma contribution a attiré l'attention de nombreux non-initiés et connaisseurs. Cette participation m'a permis de gagner en visibilité. C'est à partir de là que j'ai commencé à être invitée à des performances murales», reconnaît l'artiste, qui participe à la deuxième édition de Street Art Inside au HIBA_Lab, la même année.
Tima est aussi marquée par sa première participation en dehors des frontières, où elle a pu faire voyager son vase de l'enfance jusqu'à Chicago. Elle y réalise la fresque «Self Reflection» en 2022 pour le Columbia College Chicago, avec la collaboration de Chicago Sister Cities pour la promotion des arts et du tourisme interculturels, l'éducation mondiale, les échanges commerciaux internationaux et gouvernementaux. Elle donne également des interventions, dans le cadre d'un club à Fransis Parker School avec des élèves, qui ont réalisé leur fresque à partir de ces interactions.
Tima et sa fresque réalisée à Chicago
Avec elle, le vase de Safi a ensuite fait escale au Mural Festival de Montréal, à Calle Libre à Vienne, au London Mural Festival, ou plus récemment au Festival Walls & Love à Valence. «Je suis contente que l'on me dise qu'on reconnaît désormais mes œuvres, tant par le style énigmatique des personnages féminins que par cet objet devenu une signature. Les potiers de la ville de Safi me font régulièrement des retours, apprécient mes peintures et m'invitent même à leurs ateliers», nous confie Tima, qui trouve ces rencontres formatrices.
«J'apprécie beaucoup ces moments-là : les échanges pendant les rencontres de street art à l'étranger, dans les villes du Maroc ou avec les connaisseurs de la céramique de Safi. Je suis ravie que mes œuvres puissent rendre hommage à nos artisans. Ce vase est un détail qui suscite toujours l'intérêt et j'aime raconter dans différents pays que cet objet et ses artisans ont une longue histoire.»
Tima
Aujourd'hui encore, Tima se sert de cet élément qui l'a accompagnée à tous les âges. «Sans être un positionnement artistique, c'est devenu un fil rouge dans mes créations», commente-t-elle. En filigrane, elle décide de laisser la présence des figures féminines dans ses créations. «C'est notamment une manière d'encourager d'autres jeunes filles et femmes talentueuses à oser le street art. Il y en a peu dans le monde et encore moins au Maroc», dit-elle.
Fresque à Montréal / Création : Tima
Tima espère surtout que sa contribution «pourra en inspirer quelques-unes à s'orienter vers le muralisme si elles le souhaitent». Osant pour sa part décloisonner les approches artistiques, encore et toujours, elle travaille à décliner ses personnages féminins, égéries du vase de Safi, en figurines.


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