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De Buenos Aires à Casablanca Au rythme du tango
Publié dans Le Soir Echos le 12 - 10 - 2010

Pour entrer dans l'essence du tango, il faut faire un saut de l'autre côté de l'Atlantique et s'imaginer un vendredi soir dans les rues de la capitale argentine de Buenos Aires. Dans plusieurs recoins de la ville se déroulent des « milongas », noms donnés aux bals de tango. Pousser la porte d'une milonga, c'est entrer dans un espace feutré, à la lumière tamisée et aux codes de conduite singuliers. Autour de la piste de danse, quelques tables sont disposées et la présence des danseurs assis en petits groupes se devinent dans les lueurs valsantes. Puis, dès qu'un air de musique retentit, les couples se forment, s'invitant d'un simple regard ou d'un mouvement de tête discret. Chaussures lustrées aux pieds des hommes, talons vertigineux chez les femmes, les deux partenaires se rapprochent et s'élancent sur la piste. Dans une improvisation parfaitement maitrisée, le couple se déplace dans l'espace de danse, les petits pas rapides se succédant à des envolées de jambes langoureuses. Beauté, sensualité, élégance, présence, joie, musique, poésie: les mots ne manquent pas pour évoquer alors le tango argentin.
Née dans les milieux populaires dans le bassin du Rio de la Plata, à la fin du XIXème siècle, cette danse s'inscrit comme une culture du métissage, où se retrouvent l'influence des immigrants européens et des descendants d'esclaves arrivés sur le continent sud américain. Au cours du XXe siècle, le tango, réprimé pendant un temps par la dictature argentine, se répand dans le monde entier, devenant outre-atlantique une culture plutôt d'élite. Le bandonéon devient l'instrument mythique du tango, les orchestres se multiplient, puis à travers d'illustres interprètes et compositeurs, le style musical se déploie et s'ouvre à de nouvelles voies. Le tango se danse alors à Paris, Istanbul ou Tokyo, avant de partir à l'abordage du continent africain depuis quelques années. A défaut de s'élancer à la découverte du tango dans son lieu d'origine argentin, il est en effet à présent possible de découvrir cette danse à Casablanca.
Passion, amour perdu, départ, tristesse et mélancolie forment les thématiques les plus souvent évoquées dans les paroles de tango. Un renouveau musical, né avec Astor Piazzolla, a fait apparaître le « tango nuevo », nouveau souffle créatif dans cette danse. En musique, le tango entre dans la modernité de la fusion musicale, avec la musique électronique qui vient revisiter le genre musical avec des groupes comme Gotan Project ou Otros Aires. Sur la piste, les corps acquièrent plus d'autonomie, trouvant leur propre axe pour évoluer dans l'espace, suite à l'influence de la danse contemporaine. Reconnue par l'UNESCO au Patrimoine culturel immatériel de l'humanité, la richesse de cette danse réside notamment dans cette capacité à se réinventer en permanence, évoluant avec son époque en faveur d'une créativité sans cesse renouvelée.


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