Elle est la plus jeune femme parlementaire du Maroc. Députée du PJD, Aâtimad Zahidi fêtera bientôt ses 29 ans, mais aussi son parcours politique de dix ans. Portrait d'une success-story pas comme les autres. Aâtimad Zahidi est députée PJD dans la circonscription de Skhirat-Témara. Elle ne s'imaginait pas devenir parlementaire, mais les élections en ont décidé autrement. De cette nuit blanche, attendant les résultats du scrutin, Aâtimad Zahidi se rappellera toute sa vie. « Dans la circonscription électorale locale de Skhirat-Témara, le PJD avait l'habitude de ne décrocher qu'un seul siège. J'étais seconde sur la liste et donc je ne m'attendais pas du tout à être élue. Mais lorsqu'on a annoncé que le PJD a obtenu deux sièges, j'ai été presque choquée. J'avais la gorge nouée et les larmes aux yeux », raconte la jeune députée du PJD. À peine 28 ans, Aâtimad devient la plus jeune femme députée à la Chambre des représentants. Tout a commencé par La mémoire d'un roi Comme le veut le règlement du PJD, les candidats aux élections, quelles qu'ils soient, sont proposés par les responsables du parti et validés au niveau régional puis par le secrétariat général. « Lorsque mon parti m'a informée qu'il a proposé ma candidature sur la liste locale de Skhirat-Témara, j'ai été vraiment surprise », confie-t-elle. Mais pour le PJD, cette candidature est tout à fait justifiée par le parcours exceptionnel de la jeune femme originaire d'Errachidia. Aâtimad est ingénieur en informatique et prépare actuellement un Master en finances. Son intérêt pour la politique, lui, remonte à son enfance. «Dans ma famille, on avait une tradition, celle de débattre régulièrement de la situation politique. Nous aspirions, comme l'ensemble des Marocains au changement», explique la jeune femme qui, pour étancher sa soif, dévorait les livres biographiques et les récits politiques. « Mon premier livre de chevet a été La mémoire d'un roi. Il a suscité mon appétit pour ce genre de lecture et, depuis, ma gourmandise n'a fait que grandir », révèle-t-elle. La curiosité a évolué au fil du temps pour se transformer en volonté de participer à la vie politique surtout après l'avènement du gouvernement El Youssoufi. « Le gouvernement de l'Alternance a représenté un espoir de changement et l'opposition, à l'époque, a particulièrement retenu l'attention des Marocains », estime-t-elle. Parcours politique Parceque la volonté n'attend pas le nombre d'années, Aâtimad Zahidi a décidé de rallier ce parti vedette de l'opposition, le PJD. «Je suis allée au siège du PJD à Témara où j'habitais. J'ai rempli le formulaire avant de le donner au responsable du parti Moh Rejdali. Il m'a regardée et m'a dit : « Tu dois être une révoltée ! », se souvient-elle, esquissant un large sourire. À 18 ans, elle était déjà la plus jeune à s'inscrire au parti où elle constituera avec plusieurs autresmembres de la jeunesse de la justice et du développement. On l'a toujours prise pour une révoltée, mais elle n'en avait pas réellement conscience. « Pour moi, l'important était de militer pour la moralisation de la politique dont le PJD est convaincu », tient-elle à préciser avant de reconnaître que son engouement politique a suscité un bouleversement dans sa vie. « Mon père avait peur que la politique m'éloigne de mes études. Il m'a même menacée de m'interdire toute activité d'ordre politique s'il constatait une baisse sur mon bulletin de notes. J'ai veillé sur l'organisation de mon emploi du temps et que les activités de la jeunesse du PJD soient réservées aux week-ends m'arrangeait amplement », reconnaît la jeune femme. Conférences, meetings, réunions, Aâtimad ne passe pas inaperçue par son don de persuasion de ses convictions. Membre du bureau régional du parti, la jeune femme est aussi conseillère municipale de Témara depuis 2009, membre de la commission centrale des élections du parti et du bureau national de la chabiba. Le couronnement de ce parcours a été son entrée au Parlement. Une mission que Aâtimad entame avec un seul regret, celui de la nécessité d'imposer un quota pour permettre aux femmes et aux jeunes d'exercer leur rôle politique. Un quota pour le droit à la parole Aâtimad Zahidi se serait mieux sentie si l'accès à la politique était celui de tous, que les jeunes et les femmes ne soient pas obligés de passer par des quotas pour pouvoir exercer un droit. Au Parlement, elle ne passe pas inaperçue par son sérieux et son assiduité. « Je ne prends rien à la légère. J'ai un engagement et une responsabilité à assumer, alors je ne ménage aucun effort pour y arriver», confie-t-elle. Très sollicitée par les associations féminines et les jeunes avec lesquels elle tient régulièrement des rencontres, elle tente d'en être la meilleure porte-voix au Parlement. Sa première question orale, d'ailleurs, s'est penchée sur le fléau du chômage, principale préoccupation des jeunes diplômés. Egalement membre de la commission parlementaire des Affaires étrangères, des affaires islamiques et des Marocains résidant à l'étranger, Aâtimad Zahidi commence à tracer son chemin. Vis-à-vis de l'opposition, elle ne mâche pas ses mots déclarant qu'elle ne dispose pas de matière consistante et reste uniquement avide de scandale. * Tweet * *