Barack Obama a rompu mercredi le silence qu'il observait sur la Libye et condamné la répression "monstrueuse" des manifestations antigouvernementales par les forces de sécurité fidèles au colonel Mouammar Kadhafi. Le président américain a promis que Washington travaillerait en coordination avec ses partenaires internationaux pour tenir les autorités libyennes pour responsables de leurs actes. La secrétaire d'Etat Hillary Clinton se rendra lundi à Genève pour une réunion sur les droits de l'homme, a-t-il ajouté. "Ces souffrances et cette effusion de sang sont monstrueuses et inacceptables. Tout comme le sont les menaces et l'ordre de tirer sur des manifestants pacifiques", a déclaré Barack Obama à la Maison blanche sans citer nommément Mouammar Kadhafi. Le dirigeant libyen a appelé mardi dans un discours ses partisans à "nettoyer la Libye maison par maison", ajoutant que les manifestants hostiles à son régime méritaient tous la peine de mort. Après plusieurs journées de déclarations marquées du sceau de la prudence sur le soulèvement en Libye, qui a commencé il y a une semaine, les responsables américains ont durci le ton mercredi, déclarant réfléchir à des sanctions contre le régime de Mouammar Kadhafi. Barack Obama a dit avoir ordonné à ses conseillers de sécurité nationale, qui "travaillent 24 heures sur 24" sur la crise libyenne, de préparer toute une gamme d'options. Il a ajouté que sa plus haute priorité était pour l'heure d'assurer la sécurité des ressortissants américains dans le pays. "PARLER D'UNE SEULE VOIX" Le porte-parole du département d'Etat P.J. Crowley a déclaré que des sanctions, y compris un gel des avoirs du gouvernement libyen et de Kadhafi, figuraient parmi les options envisagées. Des sanctions imposées par les Etats-Unis seuls n'auraient guère d'impact: les exportations américaines vers la Libye n'ont atteint que 665 millions de dollars en 2010 et l'aide américaine ne se monte qu'à un million de dollars. Les analystes soulignent dans le même temps qu'un soutien international pour de telles mesures serait difficile à obtenir et prendrait du temps. "Il est impératif que les nations et les peuples parlent d'une seule voix", a souligné Barack Obama. Les Etats membres de l'Union européenne se sont entendus mercredi sur le principe de sanctions à l'égard de la Libye mais plusieurs jours, jusqu'à deux semaines selon certains diplomates, pourraient être nécessaires pour que les Vingt-Sept s'accordent sur la nature de ces sanctions. La répression des manifestations contre le régime a fait des centaines de morts selon les organisations de défense des droits de l'homme. Le ministre italien des Affaires étrangères, Franco Frattini, a jugé crédibles mercredi les estimations faisant état d'un millier de morts. Des témoignages ont fait état d'avions de chasse bombardant des civils. Certains élus américains ont pressé le gouvernement américain d'imposer une zone de non-survol aérien à la Libye comme les Etats-Unis et leurs alliés l'avaient fait dans le nord de l'Irak après la guerre du Golfe en 1991 pour protéger les Kurdes des forces de Saddam Hussein. Jay Carney n'a pas écarté l'idée mais le porte-parole du Pentagone, Dave Lapan, a déclaré n'avoir pas eu connaissance de discussions au sein de l'état-major à ce sujet. Le département d'Etat a indiqué que des Américains et d'autres étrangers avaient embarqué mercredi de Tripoli à bord d'un ferry affrété par Washington à destination de Malte. Le ferry, d'une capacité d'environ 575 places, était toujours à quai mercredi soir en raison d'une météo défavorable mais "tout le monde est sain et sauf à bord", a déclaré P.J. Crowley. "Le navire partira quand le temps le permettra." Washington estime à plusieurs milliers le nombre d'Américains vivant en Libye. Beaucoup ont la double nationalité mais 600 possèdent le seul passeport américain. (Reuters)