Sous les grandes tentes du SIAM, dans le pôle dédié aux produits du terroir, une effervescence particulière règne autour des stands de petites coopératives venues des quatre coins du Maroc. Oum Er-Rbia, de l'élevage au couscous À Safi, la coopérative féminine Oum Er-Rbia, portée par Khadouj Taharani, raconte une aventure de détermination. Créée en 2007, en pleine année de sécheresse, la coopérative avait d'abord choisi l'élevage caprin. « Nous nous sommes battues pour maintenir nos chèvres malgré la sécheresse. Finalement, nous avons changé d'activité et lancé un projet de fabrication de couscous artisanal », témoigne l'une des membres de la coopérative. Grâce au soutien d'initiatives nationales et au courage des 14 femmes de la coopérative, Oum Er-Rbia propose aujourd'hui une large gamme de couscous traditionnels : à base de caroube, de fève, d'orge, ou encore des variantes aux cinq et trois céréales. « Nous participons à plusieurs salons comme Meknès, Larache, Oujda, Sidi Ifni ou encore Ouarzazate. Notre défi principal reste le manque de moyens logistiques : nous n'avons pas de véhicule pour transporter nos produits », regrette la représentante, Azhar Bnider, les trésors des plantes À quelques allées de là, la coopérative Azhar Bnider, venue de la province de Tétouan, expose fièrement ses herbes médicinales et cosmétiques naturels. Sa présidente, Souad El Baghouri, relate une aventure tout aussi inspirante : « Notre coopérative 100 % féminine travaille dans le domaine des plantes médicinales et aromatiques. Grâce au soutien de l'OCP, nous avons pu développer une ferme biologique sans produits chimiques ni engrais. » Lavande, thym sauvage, halhal... Les plantes sont transformées sur place, en infusions ou en extraits cosmétiques, dans une unité moderne installée par la coopérative. Azhar Bnider ne se contente pas de briller sur le marché local : elle représente également le Maroc à l'international, aux Emirats arabes unis, en Allemagne et en France. Mais ici aussi, les défis sont de taille : « Avec le changement climatique, la rareté des pluies puis les fortes précipitations ont détruit une grande partie de nos cultures cette année. » Malgré ces aléas, la demande pour leurs produits reste forte, ce qui nourrit l'espoir de ces femmes déterminées. Flora, valoriser la figue de barbarie La coopérative Flora, originaire de la région Béni Mellal-Khénifra, illustre à son tour l'esprit de résilience et d'innovation. Fondée en 2011 autour de la valorisation de la figue de barbarie, la coopérative n'a cessé d'impliquer les femmes rurales, souvent issues de foyers précaires. « Nous avons accueilli des femmes qui étaient auparavant au foyer, sans ressources. Aujourd'hui, elles sont productrices, fières et reconnues dans leurs communautés », explique Zainab, conseillère au sein de la coopérative. En développant toute une gamme de produits dérivés, jus, vinaigre naturel, huile et savon à base de figue de barbarie, Flora a contribué à donner une valeur nouvelle à ce fruit longtemps sous-estimé. « Avant, la figue de barbarie se vendait pour presque rien. Grâce à notre travail, les agriculteurs eux-mêmes ont compris son potentiel et collaborent avec nous », souligne-t-elle. Cependant, la coopérative a dû affronter un coup dur : l'apparition de la cochenille en 2016, qui a décimé les plantations de figues dans toute la région. « Le prix de la caisse de figues est passé de 50-80 dirhams à plus de 400 dirhams », raconte Zainab. Malgré cela, Flora maintient ses prix accessibles pour soutenir la consommation locale et préserver la réputation de ses produits naturels.