Les voix des petits agriculteurs s'élèvent depuis plusieurs mois. Sécheresse, hausse des prix, marges qui s'effondrent. Dans les campagnes, beaucoup dénoncent un partage inéquitable des aides de l'Etat. En réponse, Ahmed El Bouari, ministre de l'Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et Forêts a été catégorique : « 80 % des subventions vont aux petits et moyens exploitants », assure-t-il. Le message est clair : l'agriculture solidaire reste la priorité de la stratégie « Génération Verte 2020-2030 ». Ce sont les petits producteurs, ceux qui vivent au rythme des saisons et non des marchés mondiaux, que le gouvernement affirme vouloir soutenir en priorité. Une aide ciblée Semences, aliments pour bétail, intrants agricoles, accompagnement technique... Le dispositif d'aide est vaste, et les fonds injectés s'adressent, selon le ministère, en priorité aux petits agriculteurs, notamment dans les zones rurales les plus isolées. Et pour faire face à la crise agricole provoquée par la sécheresse, un programme d'urgence a été déployé autour de trois axes : l'alimentation du bétail, le soutien aux filières animales et le maintien de l'activité agricole dans les zones critiques. À date, 12,3 millions de quintaux d'orge subventionnée ont déjà été distribués (sur un total prévu de 18 millions). Une opération de 2,4 millions de quintaux est en cours, et deux autres millions devraient suivre. Côté aliments composés pour bovins, 4,9 millions de quintaux ont été livrés, soit plus de 80 % de l'objectif. Sauver le cheptel national Mais il ne s'agit pas que de céréales. Le ministère cite aussi l'achat de camions-citernes, l'aménagement de points d'eau dans les zones sinistrées, et la création de centres d'engraissement pour booster la productivité. L'objectif : éviter l'hémorragie du cheptel national, frappé de plein fouet par le manque de pâturage. Car la filière viande rouge est en souffrance. L'offre diminue, les prix flambent, et le consommateur paie la facture. En réaction, le ministère mise sur la reconstitution du cheptel et une meilleure valorisation des produits d'élevage. Cela passe notamment par la formation, l'appui technique, l'amélioration génétique, mais aussi la structuration des petits producteurs.