Les dernières précipitations survenues au Maroc ont sensiblement amélioré la situation hydrique du Royaume, dopant les réserves en eau dans plusieurs bassins. Au 19 mai 2025, le taux de remplissage global des barrages s'est établi à 40,1 %, représentant 67,28 milliards de mètres cubes d'eau stockés, selon les dernières données du ministère de l'Equipement et de l'Eau. Une performance qui, bien qu'insuffisante pour sortir le pays du stress hydrique, offre un répit bienvenu aux filières agricoles et à l'approvisionnement en eau potable. Hausse régionale différenciée des réserves Par bassins, le taux de remplissage a atteint 61,3% au Loukkos, 44,1% à Moulouya, 53,2% à Sebou, 64,7% à Bouregreg, 12,4% à Oum Errabia, 52,5% à Tensift, 21,6% à Souss-Massa, 34,7% à Draa-Oued Noun et 60% à Guir Ziz Rheris. Dans le détail, la hausse des niveaux de remplissage a particulièrement profité aux régions du nord et du centre. Les barrages de Bouhouda, Chefchaouen et Nakhla ont atteint leur capacité maximale (100 %). Aussi, les ouvrages de Timinoutine, Oued El Makhazine, Charif El Idrissi et Allal Al Fassi dépassent les 90 %. La performance du barrage Sidi Idrissi (87 %), ainsi que celle de Mly Youssef, Aït Messaoud, Smir, Tanger Med et Bab Louta (tous au-dessus de 70 %), conforte la reprise locale des capacités de stockage. Mais c'est surtout Al Wahda, le plus grand barrage du Royaume, qui attire l'attention. Situé dans la province de Taounate, il enregistre désormais 20,4 milliards de m3, soit 57 % de sa capacité, confirmant sa fonction stratégique dans l'équilibre hydrique national. Une situation critique au sud et au centre À l'opposé, la situation reste préoccupante dans certains bassins. Le barrage Al Massira, deuxième plus grand du Maroc, affiche un niveau de remplissage inférieur à 5 %, confirmant la crise hydrique structurelle qui touche la région du Tensift et du Haouz. Les barrages Ahmed El Hanssali (15 %) et Bin El Ouidane (16 %), deux infrastructures majeures pour l'irrigation des zones céréalières et arboricoles du centre, restent eux aussi en deçà des seuils critiques. Ces déséquilibres accentuent la vulnérabilité régionale et mettent en lumière les limites d'une gestion centralisée des ressources hydriques face à une variabilité pluviométrique extrême. Impacts macroéconomiques et agricoles L'amélioration partielle du stock hydrique devrait générer un effet de levier à court terme sur la production agricole nationale, en particulier dans les cultures d'automne tardives et le maraîchage. À moyen terme, une hausse des réserves pourrait également réduire les charges liées à l'importation de produits alimentaires, notamment les céréales, et soutenir les filières agroalimentaires locales. Toutefois, les effets resteront géographiquement inégaux et dépendants de la répartition des pluies à venir. Face à cette fragilité chronique, le Maroc poursuit la mise en œuvre de sa Stratégie nationale de l'eau, axée sur la diversification des sources d'approvisionnement, la rationalisation de l'usage agricole et domestique, et l'investissement dans les technologies non conventionnelles, comme le dessalement de l'eau de mer et la réutilisation des eaux usées.