L'Ordre national des médecins dentistes (ONMD) monte au créneau face à la prolifération des pratiques illégales dans le secteur dentaire. Dans un communiqué rendu public lundi 16 juin 2025, l'Ordre exprime « sa vive inquiétude quant au développement de véritables réseaux parallèles où des individus non qualifiés pratiquent des soins dentaires sans formation, sans diplôme et en totale violation de la loi ». Risques sanitaires Déplorant l'exercice illégal d'une profession régie par la loi et nécessitant une formation académique, l'instance en appelle les autorités à une intervention urgente pour mettre fin à cette « anarchie ». « L'Ordre a adressé des correspondances officielles à plusieurs walis et gouverneurs, attirant leur attention sur la gravité de ces pratiques anarchiques exercées illégalement dans des locaux dits de « fabricants de prothèses dentaires », où des citoyens reçoivent des soins « médicaux » dans des conditions catastrophiques, en flagrante violation de la loi et de la déontologie professionnelle », note le représentant des médecins dentistes. L'ONMD rappelle par ailleurs que ces pratiques ont déjà causé des incidents dramatiques allant jusqu'à des décès dus à l'utilisation de produits de soins dentaires contrefaits ou périmés, à des surdoses d'anesthésie administrées de façon aléatoire, ainsi qu'à des handicaps permanents et maladies infectieuses. « Des conséquences directes du non-respect des règles de prévention et de stérilisation enseignées dans les facultés de médecine dentaire. Ce qui constitue une menace réelle pour la sécurité sanitaire des citoyens », insiste la même source. Exercice illégal Pourtant, le cadre légal est clair. La profession est régie par une série de textes stricts, à commencer par la loi 07.05 encadrant l'exercice de la médecine dentaire, la loi 31.08 relative à la protection du consommateur (article 184), et la loi 84.12 relative aux dispositifs médicaux. Selon la loi, seuls les titulaires d'un doctorat en chirurgie dentaire, inscrits à l'Ordre et détenteurs d'une autorisation professionnelle, sont habilités à exercer et faire usage d'appareils de radiologie et de substances anesthésiantes, réservées exclusivement aux dentistes autorisés. « Mais malgré les efforts du ministère de l'Intérieur qui a émis plusieurs circulaires et déclenché des inspections sanctionnées par des procès-verbaux officiels, ces pratiques illégales continuent de proliférer de façon préoccupante, notamment dans les centres-villes et quartiers animés, attirant des citoyens souvent inconscients des dangers encourus », insiste l'Ordre. Enjeux Ce dernier évoque par ailleurs l'organisation par le Maroc d'importants événements sportifs et touristiques internationaux qui vont attirer des milliers de visiteurs. Un enjeu de taille selon l'Ordre des médecins dentistes qui met en garde contre ces pratiques et leur impact négatif sur la réputation du Maroc « qui essaie de renforcer sa position de destination privilégiée pour les soins et l'esthétique dentaire », argumentent les dentistes. Pour lutter contre ces pratiques, l'Ordre en appelle au renforcement de la surveillance et au respect strict des normes sanitaires afin de préserver l'image du Maroc en tant que destination médicale responsable et sûre. « Certaines ambassades étrangères ont d'ailleurs émis des mises en garde officielles à l'intention de leurs ressortissants, les avertissant des risques liés aux soins dans ces établissements illégaux, illustrant ainsi la gravité de cette situation et ses répercussions négatives sur la santé publique, l'image du pays et les finances publiques », revient à la charge l'Ordre. Consciente de ces enjeux, l'ONMD appelle à une action urgente et ferme des autorités locales par la fermeture de ces établissements illégaux, le contrôle renforcé, l'application rigoureuse de la loi et « la sanction de tout prothésiste dentaire dépassant les limites de sa mission », indique le communiqué. Une mission, qui selon les médecins dentistes, se limite à la fabrication de prothèses sur prescription d'un dentiste, sans recevoir de patients ni effectuer de soins dans son laboratoire, conclut l'ONMD.