Nous en étions tous témoins, l'été dernier a été l'un des plus chauds avec une succession d'épisodes de chaleur extrême sans précédent : Juin, juillet, août...Ce n'étaient pas seulement des jours trop chauds mais aussi des seuils jamais atteints et des anciens records pulvérisés à travers le monde. Le Maroc n'était pas épargné non plus. Vagues plus intenses et plus récurrentes Si le réchauffement climatique reste le premier «coupable» de ces vagues de canicule à profusion, des climatologues suisses pointent toutefois « les vrais responsables » du phénomène. Dans une étude choc, des chercheurs de l'Ecole polytechnique fédérale de Zurich ont analysé 213 vagues de chaleur survenues dans le monde entre 2000 et 2023. Toutes ont eu de lourdes conséquences humaines et économiques. Le constat des scientifiques est sans appel : par rapport à la période préindustrielle (1850-1900), le changement climatique a multiplié par 20 la probabilité de vagues de chaleur entre 2000 et 2009, et par 200 entre 2010 et 2019. « Le changement climatique a rendu chacune de ces vagues de chaleur plus probable et plus intense, et la situation s'est aggravée au fil du temps », explique Dr Yann Quilcaille, auteur principal du rapport et chercheur en dynamique du climat terrestre à l'ETH Zurich. Le(s) responsable(s) ? L'étude ne se limite pas à la mise en évidence du phénomène. Elle désigne aussi les principaux responsables. Sur les 180 entreprises mondiales identifiées comme gros émetteurs de gaz à effet de serre, 14 seulement, majoritairement dans le secteur des combustibles fossiles et du ciment, assume une responsabilité équivalente à celle des 166 autres réunies. Parmi elles, les géants Saudi Aramco, Gazprom ou ExxonMobil, note le rapport. «Les études précédentes portaient principalement sur les émissions des personnes et des pays. Nous avons choisi de nous concentrer sur les grands émetteurs industriels parce que leur empreinte carbone est élevée », argumente Dr. Yann Quilcaille dans le rapport. Données et chiffres à l'appui, les chercheurs suisses affirment par ailleurs que ces groupes connaissaient, dès les années 1980, les conséquences de l'exploitation des énergies fossiles. « Pourtant, ils ont poursuivi leurs activités sans infléchir leur modèle économique. Nous estimons qu'elles en portent une responsabilité supplémentaire», note le rapport. Les auteurs de l'étude estiment que la science permet aujourd'hui d'attribuer clairement la responsabilité de ces phénomènes. Aux décideurs politiques de traduire cette certitude en mesures, notamment à travers le principe de « pollueur-payeur ». Le Maroc également touché Les conclusions de l'étude trouvent écho au Maroc où les records de chaleur se succèdent. En juin dernier, Casablanca a enregistré un pic de chaleur de 39,5 °C, battant un record vieux de plus d'une décennie. À Larache, le mercure est monté à 43,8 °C, un nouveau maximum mensuel. À Ben Guerir, la barre des 46,4 °C a été franchie en cet été 2025. L'année 2024 avait déjà marqué un tournant : la plus chaude jamais enregistrée dans le pays, avec une anomalie de +1,49 °C par rapport à la moyenne 1991-2020. Béni Mellal et Marrakech avaient dépassé les 47 °C, tandis qu'Agadir a atteint un record absolu de 50,4 °C en août 2023.