«La démocratie est sans doute le meilleur modèle, mais peut-être pas celui que nous appliquons dans nos pays. Il n'est pas adapté à notre réalité. », lance d'emblée Suzi Barbosa, ancienne ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale de Guinée-Bissau, en marge des Atlantic Dialogues 2025. En un an, cinq pays de la CEDEAO ont basculé dans des coups d'Etat, et un sixième pourrait suivre, alerte-t-elle. Cette instabilité n'est pas une surprise, mais le symptôme d'un malaise profond : une population jeune, insatisfaite, qui ne se reconnaît ni dans les institutions ni dans le système politique actuel. « Notre population veut des changements, veut une réalité adaptée à ses désirs. Quand cinq pays tombent en coup d'Etat, il faut repenser le système. » L'ancienne cheffe de la diplomatie bissau-guinéenne souligne que la crise n'est pas uniquement institutionnelle : elle est culturelle et sociale. Elle pointe du doigt des modèles démocratiques importés, souvent calqués sur des réalités occidentales, et qui échouent à représenter la volonté réelle des populations africaines. « Il faut se demander ce qui peut vraiment représenter la volonté de la population. Nous avons une jeunesse majoritaire, qui ne veut plus d'un système qui ne répond pas à ses attentes. » Le Maroc, un acteur stabilisateur Suzi Barbosa a salué le rôle du Maroc dans la construction d'un espace atlantique africain plus stable, plus intégré et plus prospère. « Le Maroc fait un très grand travail. Je vous félicite pour la diplomatie que vous menez en Afrique, surtout avec les pays atlantiques. Le Maroc peut jouer un rôle extrêmement important pour aider à la stabilité et au développement. » Cette diplomatie, estime-t-elle, doit être poursuivie et renforcée, car elle ouvre des perspectives de coopération qui dépassent les cadres traditionnels et peuvent contribuer à une pacification durable de la région. Si Suzi Barbosa plaide pour une refonte des modèles démocratiques, elle insiste sur un principe fondamental : la démocratie ne peut exister sans le respect. Pour elle, la construction démocratique en Afrique doit s'appuyer sur deux piliers : l'amélioration des conditions de vie, car la démocratie ne peut être dissociée du bien-être social et le respect des choix individuels et collectifs, gage d'un système réellement représentatif. En conclusion, Suzi Barbosa invite les pays africains à ne plus considérer la démocratie comme un système figé, mais comme un cadre évolutif qui doit être adapté, revisité et surtout ancré dans la culture politique locale.