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Marine Le Pen, le racisme à visage humain
Publié dans L'observateur du Maroc le 17 - 12 - 2010

C'est le nouvel et inquiétant «buzz» politico-médiatique en France : la dynamique que serait en train de créer Marine Le Pen, fille de Jean-Marie Le Pen et candidate à sa succession à la tête du Front National. Avec 14,6% de parts de marché et trois millions de téléspectateurs, sa prestation télévisée a réalisé ce 9 décembre la quatrième meilleure audience de l'émission «A vous de juger».
L'héritière politico-biologique du vieux leader du Front National a réussi à s'y vendre comme une jeune-femme-moderne-souriante-pleine-d'allant-proche-des-préoccupations-des-français sans rien renier, au contraire, des chevaux de bataille de l'extrême droite française: stigmatisation obsessionnelle des étrangers et mise en cause des naturalisations, dénonciation de l'islam «dangereux» car «envahissant» et rhétorique anti-européenne et anti mondialiste sommaire. A supposer qu'on puisse qualifier de «réussite» un quasi-monologue assénant démagogie populiste éhontée ou statistiques et chiffres douteux ou carrément faux!
Susciter la polémique
Cette prestation télévisée résume le problème et le piège qu'incarne Marine Le Pen : peut-on l'interroger comme n'importe quel dirigeant politique au risque de lui permettre grâce à un relookage parfaitement étudié de banaliser et lisser les thèses de l'extrême droite, la faisant apparaître ainsi comme une force politique respectable et donc de gouvernement ? Ou faut-il la boycotter et lui donner une aura de martyr-de-la-censure qui peut assurer de bons dividendes politiques au Front National?
A 42 ans, la vice-présidente du Front use et abuse de cette quadrature du cercle. Elle alterne prestations médiatiques relativement soft et meetings musclés proches d'un show politique que ne renierait pas son père. Dès le lendemain d'A Vous de Juger, elle «réussissait» un deuxième coup : être au centre d'une polémique qu'elle a sciemment provoquée en comparant les musulmans qui prient dans la rue aux troupes d'occupation (allemandes) ! Mais là, face à ses militants, finie la Marine-Le-Pen-tout-sourire et place à un leader de droite extrême, regard dur et ton martial…«(…)Il y a, lançait-elle, dix ou quinze endroits où un certain nombre de personnes viennent accaparer les territoires. Je suis désolée, mais pour ceux qui aiment beaucoup parler de la seconde guerre mondiale, s'il s'agit de parler d'occupation, on pourrait en parler pour le coup. Parce que ça, c'est une occupation du territoire. Certes y'a pas de blindés, y'a pas de soldats, mais c'est une occupation tout de même et elle pèse sur les habitants».
S'emparer du FN
C'est la méthode «Marine» pour marquer des points au sein de son parti: pointer de vrais problèmes - l'insuffisance scandaleuse de mosquées qui ne permet pas aux 4 à 5 millions de musulmans vivant en France de pratiquer décemment leur culte - et les instrumentaliser contre l'islam et les musulmans.
Le MRAP (Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples) a bien sûr porté plainte pour incitation à la haine raciale pendant que la classe politique française, droite et gauche confondues, dénonçait ces propos racistes et xénophobes estimant que «le naturel revient au galop».
Mais Marine Le Pen s'en fout. Car c'est succès garanti auprès d'un public qui, frappé de plein fouet par la crise, le chômage et un coût de la vie qui augmente pour les plus pauvres, cherche un bouc émissaire. Présentant sans vergogne les militants frontistes comme les «nouveaux résistants», le Pen-fille montre en outre à ces derniers qu'elle est aussi radicale et déterminée que papa et donc digne de lui succéder!
C'est décisif pour l'emporter sur son rival Bruno Gollnish lors du Congrès du parti qui, pour la première fois de son histoire, désignera un successeur à Jean Marie Le Pen les 15 et 16 janvier. Car la stratégie de dédiabolisation du FN de «Marine» pour ratisser large dans l'opinion la gêne en interne.
Objectif 2012
Elle l'y fait passer pour «trop molle» face à Gollnisch, 60 ans, qui jouit d'une belle popularité au sein de la vieille garde du parti et de l'extrême droite en général.
Cette campagne interne, que Marine-fille adoubée par son père remportera sans nul doute, n'est que la répétition de sa pré-campagne présidentielle pour 2012. Dans cette perspective, elle s'est dotée notamment d'un «cercle de réflexion». Ce think tank d'une trentaine de personnes ambitionne de «rendre opérationnel le programme politique de Marine Le Pen à la présidentielle».
Et les «marinistes», forts du buzz médiatique, agitent déjà le spectre de la présence de leur championne au deuxième tour en 2012. On n'en est heureusement pas encore là. D'autant que les sondages sont contrastés : Ipsos la crédite de 27% d'opinions favorables. Mais BVA ne la place qu'à 17%.
Le danger qu'elle représente est cependant plus immédiat que son éventuel score en 2012. Marine Le Pen pose en effet de sérieux problèmes à la droite. Crise oblige, l'extrême droite risque fort de récupérer l'électorat que Nicolas Sarkozy avait réussi à lui ravir en 2007. Et même au delà si l'Union Européenne devait connaître une crise grave que le Front ne cesse d'appeler de ses vœux.
Instrumentaliser la laïcité contre l'islam
Cela va amener Nicolas Sarkozy à «droitiser» son discours et son programme. Particulièrement sur la République et laïcité dont Le Pen-fille entend faire un axe majeur de sa campagne alors que les catholiques intégristes figurent parmi les meilleurs soutiens du FN! «Marine» sait jouer sur du velours dans une France qui a trop tendance à faire de la laïcité une religion. Elle va contraindre les partis, de gauche compris, à faire de la surenchère sur une laïcité qu'elle utilise, elle, pour mieux stigmatiser l'islam et les musulmans - «diabolisation positive», dit-elle cyniquement !
Autant dire que la fille du vieux leader d'extrême droite n'est en rien plus «light» que son père. Elle a simplement adapté son discours à la situation. Elle met en avant la «guerre économique» pour mieux prêcher la fermeture du pays et sa sortie de la zone euro. Elle martèle sa volonté de réformer les institutions pour y instaurer des référendums populaires comme en Suisse, sachant qu'un tel vote sur la peine de mort par exemple aboutira à réinstaurer la peine capitale en France…Et surtout, comme toutes les droites populistes européennes, elle transforme l'islamisation et son corollaire l'islamophobie en idéologie post 11 septembre où la figure du musulman se substitue à celle de l'immigré. Avec le risque de créer une vraie fracture au sein d'une France qui, décidemment, va mal. Et où droite et gauche semblent tétanisées par le populisme frontiste.


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