L'Accord quadripartite antiterroriste, une expérience pionnière    Armement : les FAR renouent les contacts avec KNDS après le fiasco des CAESAR    La Déclaration de Rabat sur le Désarmement, la Démobilisation et la Réintégration publiée comme document conjoint de l'ONU    Talbi Alami: Le Maroc a réalisé des avancées considérables en matière d'autonomisation politique des femmes    Le Maroc et le Burkina Faso réaffirment leur volonté de renforcer davantage leur coopération bilatérale    Services marchands non financiers : 50% des patrons prévoient une augmentation de l'activité    L'émergence d'un titan numérique : CDG Invest et Helios ancrent la souveraineté digitale du Maroc    Rail Industry Summit : 96 milliards de dirhams pour redessiner le rail marocain    Formation professionnelle: Le privé s'offre un plan d'accélération inédit    France: Une Marocaine reçoit le Prix Pépite dédié aux jeunes startups    Yakeey et Umnia Bank révolutionnent le marché immobilier en lançant le Instant Buying (iBuying)    Le propagandiste algérien, Mehdi Ghezzar, brièvement arrêté par la police française    Ligue 1: Le Marocain Ahmed Kantari nouvel entraineur du FC Nantes    L'ONCF, partenaire officiel de la CAN 2025 au Maroc    Quand le Maroc transforme la CAN en stratégie d'influence    FIFA Challenger Cup : Flamengo rejoint Pyramids FC en demi-finale de la Coupe intercontinentale 2025    Equipe nationale : inquiétude autour d'Igamane !    Ligue des champions: Le PSG tenu en échec, le Real en crise    Le président du Real Betis balaie toute polémique autour d'Amrabat et salue son professionnalisme    Effondrement de deux immeubles à Fès : la police judiciaire ouvre une enquête    Alerte météo : Averses et chutes de neige mercredi dans plusieurs provinces    Classement UI GreenMetric 2025: l'Université Euromed de Fès classée 1ère au Maroc    Le "Caftan Marocain" inscrit au patrimoine culturel immatériel de l'humanité de l'UNESCO    Plein succès pour la 2e édition du Festival des Arts Numériques tenue à l'UM6P    L'UNESCO valide l'inscription du Caftan en tant que patrimoine marocain sur sa liste représentative    Art's Factory II : Au service des jeunes talents des industries créatives    Espagne : le PSOE de Pedro Sanchez isolé sur la question du Sahara au Parlement    Criminal lawyer Eric Dupond-Moretti takes his one-man show to Morocco    Coupe arabe : Tarik Sektioui vise le dernier carré pour le Maroc    Moroccan general Mohammed Berrid honored in France with Legion of Honor distinction    UNESCO : Le caftan inscrit au nom du Maroc malgré les manœuvres de l'Algérie    Cinéma : Une dynamique de diffusion qui se projette dans les salles obscures du Maroc    La ministre palestinienne des AE salue hautement le soutien constant de SM le Roi à la cause palestinienne    Effondrement de deux immeubles à Fès : Le bilan grimpe à 22 morts, le Parquet ouvre une enquête    Fierté d'un héritage millénaire    Levée de l'alerte au tsunami après un séisme au Japon    19 killed, 16 injured in Fez as two buildings collapse overnight    Fès: 19 muertos y 16 heridos en el derrumbe de dos edificios adyacentes    Protection sociale : Le Maroc salué pour ses réformes structurelles    USA : Trump avertit contre un blocage des droits de douane par la Cour suprême    Brésil: un vote parlementaire pourrait ramener la peine de l'ex-président Bolsonaro à un peu plus de deux ans    L'Australie interdit les réseaux sociaux aux moins de 16 ans, une première mondiale    Casablanca commémore les 73 ans du soulèvement des 7 et 8 décembre 1952    Bourse de Casablanca : ouverture en bonne mine    Robotique – IA : les Marocains brillent au «Enjoy AI 2025» en Chine    Palestine : Le plan de Trump peine à passer à une nouvelle phase    Rétro-verso : Immeuble de la COMANAV, jalon du patrimoine casablancais    La Chambre des Conseillers approuve à la majorité des projets de loi organique relatifs au système électoral    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Ecoles d'ingénieurs : La fermeture des internats provoque des drames sociaux parmi les étudiants
Publié dans L'opinion le 22 - 02 - 2021

La fermeture des internats des écoles d'ingénieurs a causé de nombreux effets négatifs aux étudiants ainsi qu'à leurs familles. En conséquence de quoi, les étudiants de cinq écoles d'ingénieurs à Rabat ont décidé de s'unir afin d'exprimer leurs griefs communs.
« Depuis que j'ai quitté l'internat pour revenir chez moi et étudier à distance, la vie est devenue bien trop contraignante », nous confie Imane, 23 ans, étudiante en 2ème année de l'Institut national de statistique et d'économie appliquée (INSEA).
Elle nous assure que ce changement brusque causé par la pandémie l'a impactée non seulement au niveau de ses études mais également au niveau personnel, en raison de la situation financière vulnérable de sa famille. « Pendant toute cette année que j'ai passée ici, je sens que je suis devenue un poids pour ma famille. C'est déprimant et angoissant », déplore-t-elle, larmoyante, expliquant que son père est aujourd'hui amené à fournir toutes les dépenses qu'elle lui avait épargné « en étant admise à une école d'ingénieurs avec internat, grâce au labeur de toute une vie ».
Le cas de Imane n'est pas isolé parmi les étudiants des établissements supérieurs. Ils sont bien nombreux à vivre une situation sociale ou financière délicate, à des degrés différents, suite à la fermeture des cités universitaires et des internats dans les écoles et instituts supérieurs.
Le cas de Yassine est un autre exemple qui reflète l'impact négatif dévastateur de la fermeture des internats. Etudiant en développement informatique à l'Ecole Nationale Supérieure d'Informatique et d'Analyse des Systèmes (ENSIAS), également issu d'une famille à très faible revenu, Yassine s'est habitué à « se dégoter des bricoles », grâce à sa maîtrise des langages de programmation de sites web. « Non seulement cet argent me permettait de subvenir à mes besoins, mais en plus je pouvais aider ma famille financièrement », nous confie-t-il.
Yassine, dont le domicile familial est situé dans une zone reculée, s'insurge du fait qu' « aujourd'hui, loin de mon réseau de connaissances, qui se trouve à Rabat, et avec la connexion internet très limitée dans notre domicile, je n'arrive plus à trouver des projets de site web à développer, et la situation financière de ma famille s'en retrouve d'autant plus affectée ».
Déclenchement d'une révolte en masse : une grève des classes sur les radars
Les histoires d'étudiants durement affectés par la fermeture des internats étant redondantes, une réaction décisive de ces derniers est devenue incontournable.
Après la grève des étudiants de six écoles d'ingénieurs, encadrée par la Coordination Nationale des Elèves Ingénieurs Marocains (CNEIM), et la récente grève des étudiants de l'Institut National des Postes et des Télécommunications (INPT), qui a duré plus d'un mois, les associations d'élèves de cinq écoles d'ingénieurs, situées à Rabat, s'unissent cette fois-ci pour exprimer leurs refus de la situation actuelle.
Il s'agit de l'Ecole Nationale de l'Industrie Minière (ENIM), de l'Ecole nationale supérieure d'arts et métiers de Rabat (ENSAM), de l'ENSIAS, l'INSEA et l'INPT. Dans une déclaration conjointe, les associations des étudiants de ces écoles annoncent « le début d'une nouvelle phase de coordination pour établir un programme de lutte unifié qui sera adopté à partir du deuxième semestre ».
« Nous sommes pleinement résolus à poursuivre notre lutte jusqu'à l'accomplissement de nos principales revendications, à savoir l'ouverture des internats et l'adoption du système d'enseignement en présentiel », peut-on lire dans la déclaration en question.
Il va sans dire que les arguments de ces jeunes ingénieurs en herbe sont solides. Il s'agit d'abord de l'absence de l'égalité des chances entre les écoles précitées et les écoles supérieures de Casablanca, ainsi que les instituts privés qui ont été autorisés à accueillir leurs élèves dans les classes et dans les internats. Il s'agit également des difficultés de suivre une formation d'ingénieur digne du nom en adoptant l'enseignement à distance.
Des conditions sine qua none d'une formation particulière
A ce propos, les futurs ingénieurs mettent l'accent sur la particularité de la formation d'ingénieur, qui« en plus de sa composante théorique, a des exigences d'application spécifiques, dont la plupart nécessitent soit la présence physique des élèves dans les écoles avec des enseignants afin d'accompagner et d'encadrer, soit de bénéficier de l'équipement de laboratoires et des salles spécialisées, qui ne peuvent en aucun cas être compensées par l'enseignement à distance », expliquent-ils.
En outre, étant donné que bon nombre d'étudiants de ces instituts vivent dans des régions éloignées, « l'enseignement à distance devient un éloignement de l'enseignement », estime l'union des étudiants, ajoutant que« la plupart d'entre eux se sont trouvés, depuis mars de l'année dernière, totalement ou partiellement incapables de suivre les cours, en raison de la couverture Internet faible ou absente dans leurs régions ».
Malgré leurs appels plus d'une fois à trouver des solutions concrètes, les étudiants ingénieurs déplorent la négligence qu'ils ont dû endurer de la part des responsables. Ainsi, les étudiants ingénieurs se sont accordés à militer pour leurs droits pour lesquels ils continueront de lutter jusqu'à la réalisation de leurs revendications.

Logement dans les internats :crucial en période de stages

Pour achever leurs cursus académiques et récolter les fruits de plusieurs années de formation, les étudiants des écoles et instituts supérieurs sont amenés à effectuer un stage de fin d'études, obligatoire. Or, en raison de la fermeture des internats dans plusieurs écoles d'ingénieurs à Rabat, bon nombre d'étudiants se sont retrouvés contraints de refuser des offres stages intéressantes qui auraient pu non seulement les introduire au monde du travail et mais aussi ajouter une grande valeur à leurs curriculums vitae.
« Le logement dans les internats durant la période n'est pas juste important, il est crucial et déterminant », nous confie Abdelhalim Asfiri, président de l'association des étudiants de l'ENSIAS. « Plusieurs étudiants viennent de diverses régions et les opportunités de stages sont naturellement concentrées à Casablanca et Rabat », nous explique Asfiri.

A cause de la fermeture des internats, les étudiants se retrouvent obligés de louer un appartement à leurs frais, à défaut de disponibilité de l'internat et sont donc contraints de refuser un stage « pour des raisons financières ». D'autant plus que les stages trouvés jusqu'à présent ne sont pas rémunérés, contrairement aux années précédentes où les étudiants bénéficiaient d'une rémunération dans les environs de 1500 DH. « Nous espérons sincèrement que notre administration prenne ces facteurs en considération et ouvre les portes de l'internat ».

D'autant plus qu'en raison des répercussions de la crise sanitaire, bien des entreprises ont dû réduire leurs effectifs, fermer boutique ou opter pour le travail à distance. Une situation qui a provoqué une baisse significative du nombre de stages proposés.

3 questions à Jalal Abdessamad
« La distinction entre écoles privées et écoles étatiques porte un coup fatal au principe d'égalité des chances et elle est inacceptable. »
Jalal Abdessamad, président de l'association des étudiants de l'ENIM nous explique les raisons de la grogne des étudiants des écoles d'ingénieurs à Rabat
- Quelles sont les raisons de la création de ce mouvement ?
- Depuis mars dernier, en raison des restrictions imposées par la pandémie, nous nous sommes retrouvés dans l'obligation d'étudier à distance. Au début, cette mesure s'est avérée nécessaire et nous, étudiants ingénieurs, avons respecté toutes les dispositions imposées. Cependant, depuis le mois de septembre, soit le début de l'année universitaire courante, les restrictions ont été allégées et les écoles pré-baccalauréat, ainsi que plusieurs instituts supérieurs ont pu entamer l'année avec un système d'enseignement hybride ou en présentiel. Aussi, nous trouvons incompréhensible que les cafés, restaurants, les malls et d'autres lieux de divertissement soient ouverts, alors qu'un lieu aussi indispensable que l'internat ne soit pas autorisé à accueillir des étudiants.
- N'est-il pas possible de continuer l'année universitaire courante à distance sans recourir à l'ouverture des internats?
- Non. Et c'est un non catégorique ! D'abord, parce que l'internat est un droit de l'étudiant, ensuite car nous savons aujourd'hui que l'ouverture des internats est possible, puisqu'à Casablanca, plusieurs écoles d'ingénieurs ont ouvert leurs portes à leurs étudiants. Sans compter que les écoles d'ingénieurs privées ont été autorisées non seulement à adopter l'enseignement en présentiel mais aussi d'ouvrir les portes de leurs internats, alors que dans nos écoles, sous prétexte de ne pas avoir d'autorisation des autorités locales, les internats sont toujours fermés et les cours se font toujours à distance. Cette distinction porte un coup fatal au principe d'égalité des chances et elle est inacceptable.
- Quelles sont les répercussions de la non-ouverture des internats ?
- Commençons par le plus évident, à savoir la dégradation de la formation. Il est essentiel de comprendre que la présence dans les écoles est absolument nécessaire, vu la nature de nos études. Les services que proposent les laboratoires et les salles spécialisées, en termes de matériel et de formation, sont irremplaçables.
D'autre part, bon nombre d'étudiants ont dû refuser ou abandonner des offres de stages très intéressantes à cause de la difficulté du logement et de son prix élevé à Rabat. Un problème dont la seule et unique solution est l'ouverture des internats. Dans le cas contraire, plusieurs étudiants pourraient voir le fruit de leurs efforts s'évaporer.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.