Maroc : Amnesty international «préoccupée» par la situation de la liberté d'expression    Roadshow de l'AMDIE en Allemagne : focus sur les opportunités d'investissement au Maroc    Maroc Telecom. Le pari gagnant sur l'international    Sánchez dans une crise sans précédent : il laisse en suspens sa continuité    Le PSG face à un mur : Lamine Yamal restera-t-il intouchable ?    Maillots du RS Berkane : L'Algérie porte plainte contre la CAF auprès de la FIFA    Cannabis : plus de 2.900 autorisations délivrées en 2024    Santé : médecins et futurs médecins, mêmes maux mêmes symptômes ?    Cannes 2024 : la réalisatrice Marocaine Asmae El Moudir membre du jury "Un Certain Regard"    Europe meets Morocco in the 26th edition of the Jazz au Chellah festival    SIAM : Le Prince Moulay Rachid préside un dîner offert par le Roi en l'honneur des participants    Théâtre des sables : la dernière superproduction militaire algérienne    Agrumes marocains : le Brésil intègre la carte des marchés    IA Branding Factory : 11 coopératives bénéficiaires des prestations technologiques de l'IA    "Travel Diaries" : L'art new-yorkais s'invite au Musée Mohammed VI de Rabat    CDH: Omar Zniber tient une réunion de travail avec António Guterres    Dakhla: Des diplomates africains prospectent les potentialités économiques de la région    Maroc-Portugal : des relations excellentes "ancrées dans des liens historiques"    Dialogue social: Baitas assure de "la forte volonté politique" du gouvernement de traiter les différents dossiers    Affaire USMA-RSB : Un simple maillot effraye un Etat    Espagne : La Fédération de football mise sous tutelle du gouvernement    Le président sénégalais ordonne la création d'une commission d'indemnisation des victimes des violences politiques    Ecosse : Rupture de l'accord de partage du pouvoir entre le SNP et les Verts    Maroc : Un serval, espèce en voie d'extinction, vu à Tanger    Les aires protégées, un jalon essentiel pour la préservation de la biodiversité nationale    Fuite de « Taxi », un baron de la Mocro Maffia : le Maroc et l'Espagne en état d'alerte    Algerian army holds live-fire exercises near Morocco border    La Croatie reçoit un lot de six avions Rafale    Algérie : l'ANP s'entraîne à percer "un mur de défense"    Cérémonie de remise des prix de la 6ème édition du Concours Marocain des Produits du Terroir    Festival Angham: Meknès vibre aux rythmes issaouis et gnaouis    Dakhla: la Marine Royale porte assistance à 85 candidats à la migration irrégulière    Championnat arabe de handball U17 à Casablanca : L'Algérie prend la fuite    Meeting international Moulay El Hassan de para- athlétisme : Des formations au profit d'entraîneurs et d'arbitres nationaux et internationaux    OM : Sorti sur blessure, les nouvelles rassurantes d'Amine Harit    AMO: Un projet de loi adopté en Conseil de gouvernement    Le Maroc dénonce vigoureusement l'incursion d'extrémistes dans l'esplanade de la Mosquée Al-Aqsa    Le Crédit Agricole du Maroc lance son offre d'affacturage à travers sa filiale CAM Factoring en marge de la 16ème édition du Salon International de l'Agriculture au Maroc    Comment le Maroc s'est imposé sur le marché du doublage en France    L'ONMT met "Rabat, Ville Lumière" dans les starting-blocks des Tour-Opérateurs français    L'Espagne à l'honneur au 27è Festival de Fès des Musiques Sacrées du Monde    Dakhla: Ouverture du premier forum international sur le Sahara marocain    Energies. Les ambitions de l'Angola    Mauritanie. Le président Ghazouani candidat pour un deuxième mandat    Formation professionnelle. La Côte d'Ivoire et Djibouti coopèrent    Interview avec Abdulelah Alqurashi : « Produire le premier film saoudien classé R a été risqué, mais je brûlais de voir la réaction du public »    Les températures attendues ce jeudi 25 avril 2024    Les prévisions météo pour le jeudi 25 avril    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Guerre d'Ukraine et pénurie de chauffeurs : Après la discrimination aux visas, les routiers marocains reprennent du service en Europe
Publié dans L'opinion le 31 - 03 - 2022

La crise en Ukraine a provoqué une pénurie de chauffeurs ukrainiens dans les pays membres de l'UE. Cette situation perturbe les chaînes de transport et appelle à une relève plus compétitive. Et pour cela, les chauffeurs marocains de poids lourds sont bien positionnés.
Le malheur des uns fait le bonheur des autres, a-t-on l'habitude de dire. Pour les chauffeurs marocains actifs dans le Transport international routier (TIR), la crise ukrainienne risque d'être plutôt porteuse de bonnes nouvelles. Et pour cause : les pays membres de l'Union Européenne font face à une véritable pénurie de chauffeurs depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine. Les chauffeurs ukrainiens, qui étaient les principaux employés des entreprises de transport dans l'espace UE, ont en grande partie décidé de regagner leur pays pour prendre les armes.
Conséquence : nombreux sont les bus et camions européens qui n'arrivent plus à bouger en raison de l'absence de conducteurs. Une situation qui est suivie de près auprès des transporteurs marocains, déjà très bien informés des évolutions du marché européen, auquel ils sont habitués. « C'est une aubaine pour les professionnels marocains du TIR », déclare El Mostafa Fakhir, premier vice-président du Comité des spécialistes africains en activités maritimes portuaires et logistiques (COSAMPOL).
Compétitivité
Les chauffeurs marocains pourraient prendre le relais pour plusieurs raisons : « Ils sont plus compétitifs par rapport aux chauffeurs des autres pays membres de l'UE, et même ceux d'Europe de l'Est », poursuit notre interlocuteur. Face à l'urgente équation de solutionner les problèmes accrus de livraison des marchandises, les pays européens n'ont d'autre choix que de faire appel au plus vite aux palliatifs les plus efficaces. Les professionnels marocains du TIR ont également l'avantage de bien maîtriser l'espace européen, avec lequel se réalise l'écrasante majorité des échanges commerciaux avec le Maroc.
Confrontés à de nombreuses difficultés ces derniers temps, notamment en raison des restrictions sur les visas et sur les modalités de transport dans les pays de transit comme l'Espagne, les transporteurs internationaux marocains pourraient ainsi voir leurs problèmes résolus d'un seul coup. Cela, à condition toutefois qu'une véritable sollicitation leur soit adressée, mais aussi et surtout que plusieurs obstacles soient levés.
Conditions
Du côté du Club des Opérateurs Economiques Agréés du Maroc (Club OEA), on en appelle avant tout à « uniformiser les exigences européennes en matière de transport ». Autrement dit, qu'une seule réglementation soit appliquée et non pas une multitude de conditions qui varient d'un pays européen à un autre. « C'est un non-sens, sachant que l'UE applique des règles communautaires dans la plupart de ses affaires », commente un transporteur.
Autre attente, assurer la libre circulation des chauffeurs, en instaurant un livret-TIR, similaire au livret-marin, qui permet aux marins de voyager partout dans le monde sans exigence de visas. Enfin, pour les transporteurs internationaux routiers marocains, il doit y avoir impérativement une corrélation entre le nombre d'autorisations annuelles et celui des visas. « Si nos partenaires européens nous donnent un quota de 100.000 autorisations par an, ils doivent également donner autant de visas. Car il n'est pas concevable que les camions aient des autorisations alors que leurs conducteurs n'ont pas de visas », nous confie un professionnel du secteur du transport sous le couvert de l'anonymat.
Accord global sur le TIR
In fine, pour le président du Club OEA, El Mootamid Abbad Andaloussi, il devient urgent de se lancer dans « la négociation d'un accord unique et global sur le TIR avec l'UE et qui assure la libre circulation des chauffeurs pour l'accès au territoire européen ». Cela serait de nature à faciliter non seulement les flux habituels entre le Maroc et ses partenaires européens, mais favoriserait une solution à court-terme à la pénurie de chauffeurs de poids lourds dans les pays de l'UE. Toutefois, ce ne sont pas tous les pays membres de l'UE qui risquent de voir les conducteurs marocains assurer la « relève » des Ukrainiens. Ces dernières semaines, les transporteurs espagnols avaient organisé une série de grèves, en brandissant plusieurs exigences, dont celle de la limitation de l'accès aux chauffeurs marocains.
Abdallah MOUTAWAKIL
Repères
Conflit : près de 80.000 Ukrainiens rentrés au pays
Selon les autorités ukrainiennes, près de 80.000 Ukrainiens expatriés sont rentrés au pays pour s'engager dans les forces de défense territoriale depuis le début de l'offensive russe. Parmi eux, de nombreux chauffeurs de poids lourds. En effet, dans les pays membres de l'Union Européenne, les Ukrainiens constituent une proportion importante des conducteurs du secteur du transport des marchandises, maillon indispensable de la chaîne d'approvisionnement.
Transport : hausse du TIR avec l'Europe
Malgré les difficultés et autres tracasseries administratives, le transport international routier continue sa progression, et cela, malgré le Covid également. A ce propos, le fonctionnement optimisé dans certaines plateformes marocaines favorise les flux, en plus de la hausse des interactions commerciales. Grâce à Tanger Med par exemple, le transport international routier a connu une croissance exponentielle. On est ainsi passé aujourd'hui à 350.000. Les transporteurs marocains en contrôlent désormais 26%, contre 3% il y a 20 ans.
L'info...Graphie
Transport
Se conformer aux normes européennes ?
En plus de faire face aux nombreux obstacles dans chaque pays, les professionnels marocains du TIR doivent aussi réussir le pari de la conformité aux normes européens. Il s'agit en effet d'aligner certaines normes réglementaires marocaines à celles européennes. « Nous militons pour une convergence avec les normes européennes », fait-on savoir auprès du Club des Opérateurs Economiques Agréés du Maroc (Club OEA). Ce qui passe par l'instauration de mesures relatives au gasoil professionnel ou l'indexation des prix sur le gasoil. « Cela obligera tout le monde à se livrer une concurrence saine et de nous rendre plus compétitifs », plaide le Club OEA. La révision des conditions d'accès à la profession, l'amélioration de la compétitivité des entreprises du TIR est justement une autre bataille que les professionnels sont en train de mener.

TIR
Bis repetita du Brexit ?

L'appel à des chauffeurs marocains pour prendre la relève des conducteurs ukrainiens dans les pays de l'Europe de l'Est rappelle bien une situation qui s'est imposée aux Britanniques avec le Brexit. Le Royaume-Uni s'était dernièrement retrouvé sans chauffeurs de poids lourds pour assurer la livraison du carburant. Ce qui avait poussé les autorités britanniques à faire appel à l'armée pour limiter les dégâts.
Ce même Brexit qui avait provoqué un départ des agricultrices des pays de l'Europe de l'Est les a conduits à se tourner vers les saisonnières marocaines, à l'image de ce que fait l'Espagne chaque année. Pour le TIR, un scénario quasi similaire s'était produit lors du Brexit. Les autorités britanniques avaient à l'époque mis en place de nombreuses facilités pour l'accès des professionnels marocains du transport international routier.
Parmi ces mesures, la prolongation de la durée de validité des visas ou encore la possibilité d'entrée sur le sol britannique avec l'espace Schengen. Ces mesures ont été appliquées même durant la période de la pandémie, dans l'optique d'éviter des pénuries et des ruptures d'approvisionnement sur le marché britannique.

3 questions à El Mostafa Fakhir, premier vice-président du Comité des spécialistes africains en activités maritimes portuaires et logistiques (COSAMPOL
« Les chauffeurs marocains connaissent bien les pays européens »

Chez les professionnels marocains du transport, on ne manque pas d'atouts. Toutefois, pour éviter un exode des chauffeurs nationaux, certaines exigences s'imposent. Interview.
- Peut-on à ce stade parler réellement de pénurie de chauffeurs en Europe ?
- Les entreprises de transport routier dans l'espace UE ne tournent pratiquement qu'avec des chauffeurs issus des pays de l'Europe de l'Est non membres de l'UE, notamment d'Ukraine et de Biélorussie. Avec la guerre, beaucoup d'Ukrainiens sont rentrés créant effectivement une pénurie qui impacte de façon significative le transport en Europe. Même à la fin de la guerre, cette pénurie va perdurer car les Ukrainiens seront obligés de rester chez eux reconstruire leur pays.
- En quoi les chauffeurs marocains peuvent-ils alors être une solution de repli ?
- Les chauffeurs marocains exerçant dans le transport international routier connaissent bien les pays européens. Ils sont en outre plus compétitifs pour les entreprises européennes de transport. Ils sont plus compétitifs par rapport aux chauffeurs européens, voire des autres pays de l'Europe de l'Est. C'est donc un grand avantage pour eux face à ce problème de livraison de marchandises dans l'espace UE.
- En quoi les chauffeurs marocains peuvent-ils alors être une solution de repli ?
- Les chauffeurs marocains exerçant dans le transport international routier connaissent bien les pays européens. Ils sont en outre plus compétitifs pour les entreprises européennes de transport. Ils sont plus compétitifs par rapport aux chauffeurs européens, voire des autres pays de l'Europe de l'Est. C'est donc un grand avantage pour eux face à ce problème de livraison de marchandises dans l'espace UE.
Recueillis par A. M.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.