Nasser Bourita attendu en Chine ce 19 septembre    Le Tchad veut bénéficier de l'expérience marocaine en matière de médiation    Vienne : la Marocaine Khadija Bendam nommée présidente du Conseil international des sociétés nucléaires    Omar Kettani : "La sortie du marasme économique se fait lente"    Sommet arabo-islamique : Démonstration de force ou de faiblesse contre le bellicisme décomplexé d'Israël ?    Accès aux stades : les FAR et le Raja passent au numérique !    Ligue des champions UEFA / Mardi : Une soirée riche en rebondissements    Europe : Benfica ouvre la porte à un retour de José Mourinho    Accompagnement post-viol : L'Etat protège-t-il efficacement ses enfants ? [INTEGRAL]    Trottinettes électriques : l'ONCF hausse le ton    beIN Stream débarque au Maroc    Mohamed Hettiti prend les rênes opérationnelles de Jesa    Commerce et investissement : Le Maroc s'allie à 13 pays pour renforcer les IDE    Varsovie: Examen des moyens de renforcer la coopération agricole entre le Maroc et la Pologne    Été 2025, le plus chaud jamais enregistré en Espagne    Israël annonce le début de la phase "principale" de l'offensive sur la ville de Gaza    Le Luxembourg s'apprête à reconnaître l'État de Palestine à l'ONU    de Mistura face au régime algérien : une rhétorique d'un autre âge    Réforme des retraites : vers un système équitable et durable    Logistique dans la grande distribution au Maroc: l'analyse de Salaheddine Ait Ouakrim    Edito. Dans notre ADN…    Sofiane Boufal de nouveau freiné par un pépin physique    OM : Ounahi explique son choix fort en rejoignant Gérone, influencé par Regragui et Bounou    Marca : Brahim Diaz, l'atout explosif du Real Madrid    LdC : PSG vs Atalanta, Bayern vs Chelsea ... Voici le programme de ce mercredi    Nouvelle Dacia Spring arrive au Maroc : Encore plus séduisante, toujours aussi électrisante    Sáhara: Frente a De Mistura, Argelia se aferra al referéndum    Street art inside 2025 brings Moroccan artists to Rabat's HIBA_Lab    Princess Lalla Salma visits Hassan II University Hospital in Fez to support cancer patients    Le temps qu'il fera ce mercredi 17 septembre 2025    Les températures attendues ce mercredi 17 septembre 2025    Accidents de la circulation : 29 morts et 2.962 blessés en périmètre urbain la semaine dernière    Hicham Balaoui rappelle la nature exceptionnelle des avis de recherche et exige leur révision scrupuleuse    Bibliothèque nationale du Royaume: Les travaux de rénovation confiés à Bora Construction    Le Prix Antiquity 2025 revient à la découverte de la première société néolithique au Maroc    Jazz à Rabat : un nouveau souffle pour un festival emblématique    Histoire : D'Al-Andalus à l'Andalousie, une évolution documentée jusqu'au XIXe siècle    Fouad Laroui : Tbourida, ailes et liens brisés    La presse du régime algérien : attaques contre les journalistes plutôt qu'un débat sur les faits    La presse italienne révèle la connivence entre le Polisario, l'Algérie et l'Iran : un triangle dangereux pour l'Europe et l'Occident    Polisario, l'Iran et l'Algérie : le nouveau triangle d'instabilité qui menace le Sahara et la sécurité européenne    Trump attaque le New York Times en justice pour 15 milliards $    Boubrik: Le chantier de généralisation de la protection sociale enregistre de grandes avancées    El Jadida célèbre la parution du roman "Mimosa" de Salah El Ouadie    Le Festival de Cinéma Méditerranéen de Tétouan dévoile les jurys de sa 30e édition    Sommet arabo-islamique d'urgence. Soutien unanime au Comité Al-Qods, présidé par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, et à l'Agence Bayt Mal Al-Qods Acharif    La périlleuse banalisation de l'horreur    Edito. Préserver l'authenticité, mais encore    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Magazine : Meriam Benkirane, déconstruire c'est construire
Publié dans L'opinion le 12 - 06 - 2022

L'artiste multidisciplinaire expose « Reflect » jusqu'au 3 juillet à Casablanca à la Galerie d'art 38. Un ensemble de toiles à géométrie mécanique, aux teintes captivantes et une approche urbaine intense. Elle y titille une modernisation sans garde-fous. Entre autres.
L'aveuglement par la couleur est-il possible ? Oui, et on en redemande. L'aveuglement ici est multiple, pluriel. Scruter une oeuvre de Meriam Benkirane c'est donner la deuxième joue avec un déconcertant consentement. Elle parle de nous, de ce que nous sommes ou pas, de notre douceur, de notre rigidité, de notre environnement, des cris de nos villes que nous refusons de considérer.
Nos vies sont ainsi décortiquées dans un élan de désolation enveloppée d'espoir, une sorte de rappel à l'ordre, un constat fait de fééries ravalées. Qu'attendons-nous d'un monde qui chatouille nos entrailles, nos libertés, l'air que nous respirons? Qu'il soit mieux appréhendé, plus gardé à distance puisque c'est en s'éloignant que nous voyons mieux ce qui nous entoure. Cet entourage est finalement en nous et ne souhaite pas prendre congé de notre quotidien. Il est là, féroce, fruit d'acharnements d'humains accros à une technologie galopante. Où ira cette folie de la démesure ? Là où on ne l'attend pas, là où elle s'évertue à nous expliquer qu'avant ce n'était pas mieux. Un « nous » global où l'arroseur est également arrosé.
Eclaircissement, démystification
Le travail de Meriam Benkirane chatoie, tutoie. Quittant ses préoccupations d'architecte d'intérieur, l'artiste prend dans ses bras l'urbain, étreigne son interminable évolution. L'approche n'est pas innocente, le résultat édifiant. S'armant de formes joyeusement géométriques qu'elle imbrique à l'infini, elle rajoute le questionnement à la perplexité ambiante. Un chromatisme à haute intensité s'occupe d'éblouir.
En fait, Meriam est dans l'éclaircissement, la démystification. Et pour démystifier, il faut bien s'engouffrer dans la faille qui engendre l'analyse. Sa relation avec l'art ressemble aux rapports d'un couple qui donne pour surprendre. Humaine à outrance, elle constate, rend compte et donne à réfléchir.
Elle convoque le mécanique pour ensuite l'adoucir, se jette à bras-le-corps dans des décompositions vertigineuses, pose son empreinte sur des surfaces qui ont du mal à s'aplatir. Partageons ce fragment d'un poème que l'artiste choisit de ne pas titrer : « Et moi je rêve de silence / Pendant que je me transforme en bruit / Mon essentiel est habité par des envies qui ne sont pas miennes / Je les traine comme des chaines. » C'est que ça bouillonne dans l'esprit de cette grande fille qui sait de quoi elle cause : dessinatrice, peintre, sculpteure et installatrice, elle n'oublie pas de fouiner dans l'univers du digital. Un « plusieurs en un » qui la rapproche du multilinguisme plastique qu'elle compte continuer à déclamer. Avec l'exposition « Reflect », Benkirane transmet aussi des sons, musicalité douce-amère d'une urbanité qui frôle le kitsch, s'en éloigne avant de lui réclamer un droit de suite. Elle use du présent narratif que seuls les esprits au passé simple voient en parfait conditionnel.
Elle se raconte, nous conte, clame l'immédiat qui la fait avancer. Mohammed Kacimi disait : « Je suis un peintre qui cesse de parler au nom des ancêtres. Je suis plus intéressé par la mutation, le questionnement. L'interrogation d'une pensée envoûtante, sorcière, magique, déroutante, souvent en anachronisme avec mes préoccupations temporelles. » Alors, les oeuvres de Meriam s'identifient-elles à une quelconque mutation et spécifiquement à l'art contemporain ? Si le contemporain est fraîcheur, elle y a contemplativement sa place.
S'il est générique, elle l'accompagne tout au plus. La contemporanéité des toiles de « Reflect» est dans ce discours fragmenté qui s'ajuste tel un puzzle aux pièces pas encore usinées. Aucune comparaison avec d'autres artistes qui nagent dans pareilles eaux n'est à conseiller face à ce qui ressort de la fluidité hachée et agréablement soutenue du langage de Meriam Benkirane. Subjectivité et continuel mouvement prennent à la gorge cette agitatrice qui sait respirer du nez.
Anis HAJJAM


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.