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Cinéma : Coulisses du triomphe marocain à la 76ème édition du Festival de Cannes [INTEGRAL]
Publié dans L'opinion le 31 - 05 - 2023

The Moroccan Dream est bien réel. Il s'est concrétisé lors de la 76ème édition du Festival de Cannes du 16 au 28 mai, où le cinéma marocain s'est majestueusement démarqué.
Lundi 15 mai. La Croisette se prépare à recevoir le cinéma du monde entier et pendant ce temps-là, le Pavillon marocain s'apprête à ouvrir ses portes, fier de la participation marocaine. « C'est un honneur d'avoir 3 films en compétition et un film à la Quinzaine », lance un responsable du Centre Cinématographique Marocain (CCM). Cette année, le Maroc n'avait pas à sourciller devant les grands, les bruits couraient déjà que le premier long métrage du réalisateur marocain Kamal Lazraq était à suivre, et que le documentaire de Asmae El Moudir n'allait pas passer inaperçu. Quant à « Déserts » de Faouzi Bensaïdi, il était déjà plein de promesses d'un retour fort du réalisateur authentique.

Le Maroc sur toutes les bouches

Certes, avec 11 films cette année, l'Afrique brillait déjà de mille feux. « C'est l'année de l'Afrique », annonçait Thierry Frémaux en ouverture du festival. C'est ce que confirmait déjà, le jeudi 17 mai, au théâtre de la Croisette, un certain Faouzi Bensaïdi, qui présentait en avant-première « Déserts », son sixième long métrage. Aux côtés de son casting, Faouzi Bensaïdi foule la scène très émue. « Je donne mon corps à mes films et je suis prêt à donner ma vie pour qu'un plan existe », commence le réalisateur de « Mille mois » qui revient à ses premiers amours avec une mise en scène brillante, aussi burlesque que poétique, un film dans plusieurs films, une liberté infinie dans la narration et dans le traitement de l'image. Le film qui a pratiquement ouvert la Quinzaine des réalisateurs, le club fermé des cinéastes du monde, est une œuvre authentique qui a beaucoup plu. Le lendemain, c'était au tour de Kamal Lazraq de présenter « Les Meutes » à « Un Certain Regard ». Une salle bondée venue découvrir une œuvre puissante. A la fin du film, la salle est debout. « Nous venons d'assister à quelque chose d'exceptionnel », lance, émue, Narjiss Nejjar, Directrice de la Cinémathèque. La prestation des deux acteurs non professionnels a ému. La salle est en délire. « On sent d'emblée que le film ne repartira pas bredouille », lance un journaliste. Et cela va s'avérer vrai.

Les femmes à l'honneur

Après un beau départ des deux réalisateurs marocains, la deuxième semaine du festival allait dévoiler le talent de deux réalisatrices marocaines. Zineb Wakrim, étudiante de l'ESAV, concourait à la CINEF, cercle fermé des courts métrages du monde. Avec « Ayyur » (lune en Amazigh), la réalisatrice de 22 ans plante déjà le décor et montre une vision du cinéma à part, où les invisibilisés ont leur place. Pour elle, la laideur n'existe pas, la différence ne devrait pas séparer. Elle dresse le portrait à la fois doux et cruel de deux enfants lune qui habitent le milieu rural.
Un film qui a beaucoup touché et qui a remporté la troisième place. Une consécration pour le Maroc puisqu'il se distingue parmi 13 pays participants et plus de 2000 candidatures pour une sélection ultra prisée. Le même jour, non loin de la salle Brunel qui a vu le sacre de la jeunesse et des débuts, Asmae El Moudir s'apprêtait à séduire le monde. Courageuse, elle monte sur scène d'un pas déterminé, entourée de sa famille.
Elle présente son film, un film d'une vie, qu'elle a mis 10 ans à mettre au monde. Dans un documentaire aussi authentique que puissant, Asmae El Moudir reprend le contrôle sur la vie, les frustrations, et propose de reconstituer son quartier d'enfance en figurine, de mettre en images son passé, son enfance, les fantômes d'une année qu'elle n'a pas connue. Son père à l'œuvre, fabrique les poupées, les pièces, les maisons, les rues, les souvenirs, les peines, les bonheurs. (Voir papier annexe)

« Les rêves finissent par se réaliser, j'en suis la preuve. Je viens d'un quartier modeste de Casablanca, et je suis là à Cannes. Vive le Maroc et vive Thierry Frémaux », s'enthousiaste la cinéaste. La grand-mère, assise en face, reçoit déjà un tonnerre d'applaudissements. La salle sent déjà que l'émotion sera immense. Et il en est ainsi. Au générique de fin, une standing ovation va faire couler les larmes de l'équipe du film qui tient des figurines en guise de remerciement. La salle Debussy vient de recevoir une claque d'émotion bien marocaine. Tout Cannes ne parlera que du Maroc.

Jihane BOUGRINE

3 questions à Faouzi Bensaïdi « C'est un film qui essaie de faire beaucoup de choses »
« Déserts » n'est pas seulement un road movie, n'est-ce pas ?
Ce film est né de nombreux désirs. L'un d'entre eux concernait cette capacité à jouer avec des genres très différents - le road movie en faisait partie. Il y a une voiture, un désert, deux personnes. C'est un road movie, mais ce n'est pas vraiment un road movie. C'est un western, mais ce n'est pas vraiment un western. C'est une comédie, mais pas complètement, et ce n'est pas complètement tragique non plus. C'est un film qui essaie de faire beaucoup de choses.

Les plans sur les paysages sont sublimes. Ils donnent une impression d'immensité. Est-ce que c'était pour étouffer ce duo qui en a long sur les épaules ?

Je voulais montrer la puissance de la nature. Plus tard, au fil de l'histoire, on a l'impression d'être dans un monde ancien, avant les mots, où les hommes et les animaux coexistaient encore. Je dois dire que lorsque je cherche des lieux de tournage, c'est comme lorsque je cherche des acteurs. C'est la même chose et j'y accorde beaucoup d'attention. J'espère simplement que le fait de voir ces lieux fera ressentir quelque chose aux gens. C'est un film contre les gros plans, aussi parce qu'aujourd'hui on les voit partout. Dans la seconde, c'est de la poésie pure.

Pourquoi un film en deux parties ?
Je sais qu'elles sont radicalement différentes, mais cela m'a permis d'introduire toutes ces couches. Beaucoup de choses changent dans la deuxième partie : le montage, la façon dont j'aborde le passage du temps. La façon de jouer de mes acteurs. Je me souviens leur avoir demandé de prononcer leurs dialogues d'une manière complètement différente, au final, ils les ont transformés en quelque chose de presque shakespearien. Ce n'est pas un film complètement différent, la première partie fait encore écho à la seconde, mais je voulais trouver une autre façon de poursuivre cette histoire. Ou des histoires.
Mother of lies / Asmae El Moudir : la mise en scène des émotions
Avec « Mother of lies », Asmae El Moudir met en scène sa famille et raconte une page de l'histoire qui a été arrachée. La réalisatrice marocaine tente alors de la reconstituer. Tout part d'une photo. Une photo interdite puisque les photos chez Asmae El Moudir ont été détruites. Sa grand-mère, femme autoritaire, ne veut pas en entendre parler.
Dans un documentaire aussi authentique que puissant, Asmae El Moudir reprend le contrôle sur la vie, les frustrations, et propose de reconstituer son quartier d'enfance en figurine, de mettre en images son passé, son enfance, les fantômes d'une année qu'elle n'a pas connue. Son père à l'œuvre, fabrique les poupées, les pièces, les maisons, les rues, les souvenirs, les peines, les bonheurs. Sa mère cout. Et c'est le moment des révélations. Des figurines et des maisons en miniature, des répliques exactes des personnages et des maisons d'un quartier qui a vécu un drame. La réalisatrice décide d'utiliser ce dispositif afin de dire l'indicible, de mettre des mots sur des maux, de revenir sur les émeutes du pain à Casablanca, en juin 1981.
Une idée brillante et touchante, puisque tout d'un coup les langues se délient. Les poupées redonnent âme et vie aux personnages, leur donne la force d'exorciser les démons. Avec subtilité et grâce, la réalisatrice réussit le pari difficile donner la forme au fond, et le fond à la forme. Rien n'est gratuit, tout est étudié, précis, tout a une raison d'être. L'on comprend avec le fait divers de 81 qui a été un massacre, une boucherie, un traumatisme, l'histoire dans l'Histoire. Celle d'une famille oppressée par une grand-mère trop dure.
Mais rien n'est caricatural. Cette femme est impossible à détester, au contraire. Un film de toute beauté avec cette profondeur et cette intelligence qui font du bien. Un cinéma pur, une vision bien dessinée. Celle qui a rappelé à sa grand-mère qu'elle était bel et bien une réalisatrice, vient de le prouver avec un Prix important inscrit à jamais dans l'Histoire de la salle Debussy qui a vu défiler les plus grands...

Les meutes / Kamal Lazraq : un réalisateur qui a du chien
Réalisateur discret, presque timide dans la vraie vie, Kamal Lazraq signe une œuvre aussi fiévreuse qu'audacieuse. Caméra à l'épaule, mouvements nerveux, le réalisateur suit un père et son fils dans une nuit en enfer. Tout commence par le désarroi d'un bandit qui perd son chien lors d'un combat de clebs. C'est violent, injuste et il cherche une raison de se venger. Il décide alors de faire appel à Hassan et son fils Issam pour faire peur à son rival.
Mais voilà qu'un des hommes de main de ce dernier meurt étouffé dans le coffre du père et de son fils. Malchance ou Karma, la nuit sera longue et tous les moyens seront bons (ou pas) pour cacher le corps. A la frontière entre le bien et le mal, ce polar existentiel, ce film aussi noir que blanc va faire ressurgir les non-dits entre les deux hommes. Un père qui veut le meilleur pour son fils, un fils qui n'a pas confiance en la figure paternelle. Qu'est-ce qu'être un homme ? Un vrai ? Tout cela bien ficelé dans une narration efficace à la mise en scène frénétique et gracieuse. Un premier film bluffant signé d'un réalisateur qui a son mot à dire, et qui sait diriger ses acteurs et en tirer le meilleur.
Les prestations d'Abdellatif Mastouri et d'Ayoub Elaïd, deux acteurs non professionnels, sont à couper le souffle. Sublimé par la photographie intelligente aussi naturelle qu'onirique d'Amine Berrada et la musique de P.R2B, le film embarque d'emblée dans une course contre la montre où l'on ne veut pas voir les gentils méchants se faire prendre. Un film plus physique que psychologique, où la masculinité et la virilité en prennent un coup. La caméra les questionne constamment sans pour autant juger ou prendre position. Les péripéties et les rencontres s'en chargent.
A travers leur périple, l'on rencontre les gens de la nuit de Casablanca. Et c'est effrayant et drôle à la fois. Les moments burlesques, absurdes, drôles, humains, touchants, violents, donnent de la dimension à ce film aussi fort dans la narration que dans la mise en scène. Un exercice brillant que Kamal Lazraq avait déjà révélé dans son court métrage « L'homme au chien », et qui lui vaut le Prix du Jury à « Un Certain Regard ». Talent à suivre...
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