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Message de SM le Roi aux participants à la 2ème «World Policy Conference»
Publié dans L'opinion le 02 - 11 - 2009

SM le Roi Mohammed VI a adressé un message aux participants à la 2ème «World Policy Conference», qui a ouvert samedi ses travaux à Marrakech.
Voici le texte intégral du Message Royal dont lecture a été donnée par le conseiller du Souverain, M. Mohamed Moatassim :
«Louange à Dieu,
Prière et salut sur le Prophète, Sa famille et Ses compagnons,.
Excellences, Mesdames, Messieurs,
Il Nous est agréable d'adresser le présent message aux participants aux travaux de cette deuxième World Policy Conference. Nous nous félicitons du fait que votre choix se soit porté sur le Maroc, terre de paix et d'ouverture, pour y tenir vos assises.
Ainsi que vous le savez, la tenue de cette importante conférence intervient au croisement de lignes de forces et de tendances de fond cruciales dont la complexité et l'ampleur sont saisissantes. La crise financière puis économique qui a secoué toutes les grandes places internationales a suscité des interrogations, provoqué des remises en question et mis en lumière la nécessité de changer les règles du jeu à l'échelle mondiale. Cette situation incite d'ailleurs à veiller à ce que cette crise financière ne se transforme pas en une crise sociale et politique.
Cette crise a bouleversé une donne que l'on croyait, dans le contexte euphorique de la libéralisation débridée, devoir durer. L'écroulement de certaines parmi les plus grandes institutions financières, la crise généralisée du crédit, les dérives de la dérégulation sauvage ont profondément remis en question le mythe d'une libéralisation toute puissante et omnisciente. Les failles béantes qui se sont ouvertes à cette occasion ont montré les limites de la vision fondée sur la fin de l'histoire avec la victoire du libéralisme, ainsi que celles d'un tout-marché où les Etats auraient déserté leurs responsabilités de pilotage stratégique.
A contrario, elles soulignent la nécessité, pour le monde, d'un certain retour de l'Etat, non pas un Etat totalitaire, mais un Etat stratège, démocratique, moderne et régulateur, dont le rôle avait été éclipsé par les grandes avancées de l'ouverture économique libérale. Ce besoin du retour de l'Etat s'est accompagné d'une prise de conscience accrue de la nécessité d'une gouvernance globale, équitable et capable de structurer et de réguler les puissantes forces des marchés globalisés.
Face à cette vague de fond mondiale, notre pays s'est trouvé préparé voire à l'avant-garde de la réflexion sur ces questions cruciales. Tout en ayant épousé et pratiqué très tôt le crédo libéral et l'ouverture économique, le Maroc a été parmi les premiers et rares pays à s'attaquer à ces problèmes dans la mesure du possible, en se gardant toujours de verser dans les excès du libéralisme sauvage. Pour autant, rien n'autorise le reniement du rôle historique du libéralisme dans l'émancipation et le progrès de l'humanité.
Doté d'un système financier et bancaire structuré et régulé, et d'une économie équilibrée ancrée dans l'agriculture et diversifiée industriellement, le Maroc a pu maîtriser et tempérer les bouleversements économiques qui ont secoué le monde entier, comme il en a relativement atténué les effets pervers.
Bien avant cette crise, le Maroc avait anticipé l'exigence de pratiquer ce que l'on peut qualifier de « gouvernance à visage humain «, de sorte à modérer et à humaniser la formidable vague de mondialisation des dernières décennies. A ce titre, le Maroc s'est montré soucieux d'engager la réflexion sur nombre de questions et de suivre des orientations majeures, qui se sont révélées particulièrement pertinentes et opportunes au regard de la conjoncture actuelle.
Avec l'aide de Dieu et la force de notre engagement fondé sur des choix modérés, avec la volonté sincère et profonde de répondre aux aspirations réelles et légitimes de nos citoyens et des forces vives de la nation, avec le souci constant d'être concrètement solidaire des régions et des populations défavorisées, et avec l'ambition d'entrer de plain pied dans la modernité, nous avons pris une série d'initiatives audacieuses, et accompli d'importantes réalisations. Si on en cite quelques unes, ce n'est certainement pas par fanfaronnade, mais plutôt dans le souci délibéré et responsable de faire prendre conscience de l'importance des progrès réalisés et d'y trouver un bon stimulant pour aller de l'avant avec la rigueur requise et oeuvrer résolument pour franchir le chemin long et ardu qui reste à parcourir en vue de parachever la construction d'un Maroc uni, démocratique, avancé et moderne.
Notre credo de base est que la politique, dans son acception la plus noble, n'est pas morte et ne mourra pas, car elle est consubstantielle à l'homme. C'est l'art du possible et l'essence de la démocratie. En fait, elle entretient un lien plus étroit avec les gens, notamment en cherchant à se délester de toute instrumentalisation politicienne et en privilégiant la participation élargie, la proximité, la bonne gouvernance et la citoyenneté universelle.
Partant, Notre doctrine du pouvoir repose sur la consolidation de l'Etat fort de la suprématie de la loi, la démocratie participative, l'ancrage des droits de l'Homme sous tous leurs aspects, et l'insertion de l'homme au coeur du processus de développement, à travers le lancement de l'Initiative Nationale pour le Développement Humain (INDH). Parallèlement à la politique des grands chantiers, des programmes, des projets et des plans structurants, financés principalement à partir d'investissements publics, l'INDH vise à lutter contre la pauvreté, la précarité, l'exclusion et la marginalisation. A cela s'ajoutent l'adoption de la gouvernance régionale et territoriale, la proposition de l'Initiative audacieuse d'Autonomie, la mise en chantier de la réforme profonde de la justice et l'engagement actif en faveur du dialogue des religions et pour la défense des valeurs spirituelles et des nobles idéaux de tolérance, de modération, de solidarité et de fraternité, contre toutes les formes d'extrémisme, de violence et d'ostracisme.
Mesdames, Messieurs,
La crise actuelle a démontré les limites de l'uniformisation et du mimétisme financier, en l'absence d'un examen préalable des pratiques y afférentes. Elle a aussi confirmé le besoin de respecter dans leur diversité les hommes, les idées, les cultures et leur environnement physique. Enfin, elle a mis en exergue la nécessité d'une mondialisation élargie, inclusive, participative, à l'écoute des voix différentes et attentives aux choix différents.
Bref, la crise sera sans doute une bénédiction déguisée si le monde parvient à transformer les grilles de lecture convenues, les cadres de pensée dominants et les blocages intellectuels qui ont contribué à l'effondrement de pans entiers de l'économie mondiale.
Aujourd'hui, l'humanité a éminemment besoin de modes de pensée complexes afin d'éclaircir un monde presque obscurci par des approches simplistes et simplificatrices. Elle a aussi besoin d'une pensée complexe pour éviter les choix binaires entre Etats/ou marché, les jeux à somme nulle, afin de réhabiliter la seule option qui soit réaliste, pertinente et ambitieuse, celle d'un Etat qui accompagne, régule, encadre et, donc, libère pleinement le marché et les énergies.
Afin de définir et promouvoir cette vision innovante et en vue de faire avancer les réflexions responsables et approfondies et les solutions judicieuses y afférentes, le Maroc suivra avec beaucoup d'intérêt les contributions méritoires qui seront les vôtres au cours de cette importante conférence. Vous vous prévaudrez, en cela, des compétences intellectuelles et du large savoir-faire que vous comptez à votre actif, ainsi que de l'expérience riche qu'il vous a été donné de cumuler dans vos champs d'activité respectifs et par rapport à vos différents centres d'intérêt.
Vous avez déjà mis en évidence les dangers d'une mondialisation tronquée, et les risques d'une insuffisance des mécanismes de gouvernance mondiale. Parallèlement, vous n'avez cessé de rappeler les limites de la pensée unique libérale, les dangers de l'uniformisation des modèles et les impasses générées par la consanguinité des idées, imputables à la complicité, à l'abstention ou carrément à la démission des élites face à la nécessité de remplir la mission d'avant-garde qui leur incombe pour conférer un visage humain aux mutations à l'oeuvre sur l'échiquier international et pour leur faire prendre une tournure positive, par un travail rigoureux d'anticipation et de décryptage. Ces élites doivent également contribuer de manière tangible à la recherche de solutions concrètes aux problèmes générés par ces transformations, et aider à tirer les conclusions qui s'imposent. Pour cela, il importe qu'elles fassent preuve de compétence, d'impartialité et de sagesse, et qu'elles déploient le savoir-faire et l'expérience qui sont les leurs.
Ce faisant, vous avez contribué à reconnaître et à faire reconnaître la nécessité de la diversité politique, économique, sociétale et à recentrer les débats sur les Etats en général, et sur les pays du Sud en particulier.
A cette occasion, Nous vous invitons à approfondir et enrichir la réflexion et le débat sur la mondialité, en les élargissant aux dimensions humaine, spirituelle et en y intégrant tout cet enchevêtrement de défis auxquels l'humanité doit faire face aujourd'hui.
Nous vous incitons également à descendre encore plus au Sud pour relier la réflexion actuelle sur la Méditerranée aux enjeux de l'Afrique en y intégrant les questions liées aux nouveaux paradigmes d'idées. Ceux-ci doivent se prévaloir de la nécessité de consolider l'unité et la souveraineté des Etats, d'assurer leur immunité et de favoriser leur intégration régionale pour les prémunir contre les effets pervers du sous-développement, du démembrement, du terrorisme et de l'instabilité, outre la lutte contre les velléités hégémonistes et la création d'entités fragiles qui n'ont aucune place parmi les ensembles puissants. Ils doivent également prendre appui sur la bonne gouvernance et l'impératif de se focaliser sur les grandes problématiques agricoles, hydriques, énergétiques, alimentaires, sanitaires, climatiques et environnementales.
La nécessité de nouvelles régulations économiques qui vont de pair avec une refondation des équilibres géopolitiques n'a rien de spéculatif. La densification et la complexification des relations entre les pays et les peuples mettent en jeux la paix et la stabilité dans le monde, voire même la survie et le salut de l'Humanité.
Aussi la maîtrise des relations internationales suppose-t-elle une vraie gouvernance axée sur la justice et la rigueur. Celle-ci a un nom : la constitution d'un « projet de société universelle « qui doit se décliner dans des mécanismes de prise de décisions participatives et bottom up et l'intégration de paramètres spirituels tels que la NIYYA qui, dans l'Islam, revêt une importance fondamentale et renvoie à la puissance croisée de l'intentionnalité, de la sincérité et de la foi.
Un tel projet ne doit pas s'appliquer comme une énième directive venue d'en haut, mais comme un processus organique, politique et civilisationnel, à même d'assurer une paix perpétuelle par la volonté politique, le droit à des échanges réciproques et le respect des diversités.
L'intérêt de mettre en oeuvre cette démarche incontournable réside dans la volonté d'atteindre l'universel en passant par le particulier et non en écrasant celui-ci. Cet horizon de paix généralisée, esquissé il y a déjà plus de deux siècles, est un projet qui conserve toute son actualité comme perspective politique et comme préalable nécessaire, réalisables à moyen terme, si nous nous en donnons les moyens dans le cadre d'une démarche à la fois pragmatique, ambitieuse et dynamique. Une telle démarche, outre qu'elle se doit d'être équitable, impartiale et réaliste, doit être fondée sur la légitimité internationale, et s'employer, par ailleurs, à préserver les droits historiques, loin de toute lecture réductrice ou interprétation fallacieuse du droit international.
C'est dans cette optique que Nous réaffirmons la ferme volonté du Maroc d'adhérer à cette forte tendance qui annonce une profonde recomposition des forces politiques, des règles du jeu économique, des pratiques sociales et du mouvement des idées.
La « mondialité « est encore une idée neuve partout dans le monde. Voilà pourquoi le Maroc appelle de ses voeux une nouvelle mondialité, une mondialité juste, équitable, participative, bref une « mondialité à visage humain « qui équilibre, intègre, réconcilie le monde avec lui-même en injectant du Sens et de la Confiance.
Pour cela, nous devons faire en sorte que cette mondialité devienne l'affaire de tous, qu'elle soit appropriée par tous les acteurs et tous les pays, petits ou grands, aux termes d'un projet inédit et mobilisateur : un « projet de société universelle « qui nous permette de renouer aussi bien avec l'esprit des Lumières, celui de Kant qu'avec celui d'Ibn Khaldoun, premier théoricien de l'histoire universelle des civilisations.
Nous serons alors sur la bonne voie pour réaliser cette ambition majeure qui consiste à rendre la mondialité véritablement humaine et universelle.
Nous suivrons avec un vif intérêt les idées, les propositions et les recommandations qui émergeront des travaux de votre importante conférence. Nous souhaitons la bienvenue aux éminents participants ici présents, ainsi qu'un agréable séjour dans la cité ocre de Marrakech, ville pétrie d'histoire qui, de par sa renommée nationale et internationale, son cachet civilisationnel et culturel et son essor marqué du sceau de la modernité, offre l'illustration concrète de la convivialité humaine souhaitée et constitue un point de convergence pour ceux qui travaillent à sa concrétisation.
Nous tenons, avant de conclure, à saluer toutes celles et tous ceux qui, directement ou indirectement, se sont investis dans l'organisation de cette conférence, apportant ainsi leur concours au succès que nous souhaitons tous pour ce grand évènement.


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