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Elections espagnoles : Sanchez rempile, Alger et Tindouf ruminent [INTEGRAL]
Publié dans L'opinion le 16 - 11 - 2023

Les élections législatives espagnoles et la nouvelle coalition de Pedro Sanchez ont sonné le glas du Polisario qui s'est vu largué par ses derniers alliés de l'extrême gauche. L'influence du front séparatiste n'a jamais autant reculé sur la scène politique espagnole. Décryptage.
Jeudi, la journée s'annonce décisive pour l'Espagne qui retient son souffle avant le vote par lequel le Patron du Parti socialiste ouvrier (PSOE), Pedro Sanchez, espère obtenir la confiance du Parlement pour un nouveau mandat. Même les plus optimistes n'ont pas osé parier sur la réussite de Sanchez, qui a miraculeusement et contre toute attente repoussé l'offensive de droite lors des élections législatives anticipées en parvenant, jusqu'à présent, à former une nouvelle majorité. Après la débâcle des élections locales de mai dernier, tout le monde donnait le PSOE perdant et augurait une déconfiture sans précédent face à un "Parti Populaire" (PP) renouvelé et déterminé à faire oublier le souvenir morose du départ humiliant de Mariano Rajoy.
Mais la désillusion fut si grande quand le PP s'est vu condamné à rester sur les bancs de l'opposition au moment où Pedro Sanchez trouvait les bons mots pour rallier à ses côtés les partis d'extrême gauche et les indépendantistes catalans pour formater une nouvelle alliance en état de fournir les 176 sièges nécessaires à la constitution d'une majorité absolue. L'équation est simple : aux 38 députés de SUMAR s'ajoutent les 7 députés indépendantistes catalans du parti Junts per Catalunya (Ensemble pour la Catalogne) et les 121 députés socialistes. Assez pour avoir la majorité aux Cortes.

Le réalisme triomphe, les chimères tombent !

Dans sa quête du pouvoir, la nouvelle alliance a fait preuve de réalisme. Malgré son soutien visible au Polisario, l'extrême gauche n'a obtenu aucune concession de la part de Pedro Sanchez concernant le soutien au plan d'autonomie pour le Sahara dans l'accord électoral du 24 octobre, dont les représentants du Polisario en Espagne, notamment Abdullah Arabi, se sont offusqués en se voyant largués par leurs plus proches alliés.

Eploré, Arabi a reproché à Yolanda Diaz qu'il connaît si bien d'avoir raté une "occasion historique". Pour sauver la mise, celle-ci s'est contentée d'amadouer le front séparatiste par un geste symbolique en participant, samedi dernier, à la marche pro-Polisario à Madrid.

Cautionné même par les soutiens les plus visibles du Polisario comme le communiste Alberto Garzon, l'accord électoral se veut progressiste et se focalise plus sur la politique intérieure et sur le citoyen espagnol dont il veut raffermir le pouvoir d'achat, l'heure n'étant pas aux chimères idéologiques. Généralement, les gens s'intéressent plus à leur quotidien qu'aux causes étrangères. En vertu de ce deal, les parties se sont engagées sur "des avancées" dans le droit du travail, la lutte contre "le chômage des jeunes", et une politique climatique plus audacieuse. Pour ce qui est de la politique extérieure, notamment celle envers le Maroc, elle reste du ressort exclusif du Premier ministre et n'est plus autant remise en cause bien que la droite et l'extrême gauche restent sceptiques.

SUMAR n'est pas Podemos !

Le fait que le Polisario soit ainsi largué n'est pas étonnant aux yeux d'Abdelouahed Akmir, professeur universitaire et spécialiste des relations maroco-espagnoles, qui estime que SUMAR n'a pas une position aussi radicale que celle qu'avait avant Podemos sur la question du Sahara, même si sa cheffe fait par moments des déclarations pro-Polisario. "N'oublions pas que Yolanda Diaz fut vice-présidente du gouvernement précédent de Sanchez qui a pris la décision de soutenir le plan d'autonomie. Une décision qu'elle ne s'est pas enhardie à brocarder puisqu'elle n'a pas présenté sa démission", rappelle Akmir, estimant que "quoiqu'elle dise en public sur le Polisario, cette coalition de gauche n'est pas en mesure d'influencer la politique de Sanchez à l'égard du Maroc".

Polisario : l'hémorragie des alliés

Si SUMAR a largué le Polisario, c'est parce que Yolanda Diaz ne s'intéresse qu'à participer au gouvernement quel qu'en soit le prix puisque le butin est trop grand pour le sacrifier pour un front séparatiste étranger. Elle devrait être le numéro 2 du prochain Exécutif. Un poste important ! D'ailleurs, Diaz a compris que Podemos a été disqualifié aux yeux de Sanchez à cause de son soutien dogmatique au Polisario et de ses positions radicales qui sont devenues finalement un obstacle pour Pedro Sanchez. "La politique n'obéit qu'aux intérêts et aux rapports de force", lâche A. Akmir, convaincu que SUMAR n'est pas Podemos qui s'est fondu dans la nouvelle coalition et dont l'ex-patron Pablo Iglesias s'est retiré de la vie politique en 2021 après sa débâcle aux élections locales à Madrid. "Podemos a payé le prix de ses positions trop radicales et de son hostilité au Maroc qui embarrassent Sanchez", explique l'expert. Quid des indépendantistes ? La politique extérieure est leur dernier souci, tranche notre interlocuteur.

Dans ce contexte, le Polisario n'a jamais été si affaibli en Espagne où il avait, pourtant, beaucoup d'alliés d'où il tirait sa force d'influence. Maintenant que la gauche fait plus preuve de réalisme dans sa façon de concevoir la politique extérieure, le front séparatiste ne peut plus rien espérer du voisin ibérique.

Sahara : la continuité s'impose, la droite n'aurait rien changé !

Ceci dit, le soutien espagnol à l'initiative d'autonomie n'a jamais été aussi solide qu'aujourd'hui. Les rumeurs qui ont circulé sur une potentielle remise en cause de la décision prise par Pedro Sanchez en mars 2022 s'avèrent infondées. Même le Parti Populaire, qui tenait un discours ambigu sur le Sahara, n'aurait pas abrogé la décision de Sanchez s'il était arrivé au pouvoir, assure Abdelouahed Akmir, persuadé que le PP était réconforté par le soutien exprimé par Pedro Sanchez parce qu'il n'était pas capable de prendre une telle décision et d'en assumer les conséquences politiques bien qu'il y soit favorable. "Tout parti qui arrive au pouvoir préfère ne pas trop changer les choses quant au Maroc. La gauche comme la droite qui se sont succédé au pouvoir ont toujours tâché de garder le statu quo tout en affichant dans les coulisses leur soutien au Maroc parce que cela allait dans le sens des intérêts de l'Espagne", rappelle l'expert, soulignant que les Espagnols sont conscients que le Maroc demeure un enjeu de politique intérieure quelle que soit la nature du gouvernement au pouvoir. Pour cette raison, mieux vaut ne pas toucher à la question du Sahara, c'est le thermomètre des relations avec le Maroc.


Trois questions à Abdelouahed Akmir "Les relations maroco-espagnoles restent régies par la Realpolitik"
Comment expliquez-vous la capacité du Parti Socialiste espagnol à résister au retour en force de la droite ?

Il va de soi que les élections espagnoles fonctionnent de façon telle que le parti arrivé en tête du scrutin n'est pas forcément celui qui forme le gouvernement. C'est la capacité d'avoir une coalition avec le plus grand nombre de sièges qui compte le plus. Il faut 176 sièges pour avoir une majorité. Bien qu'il se soit allié à VOX, le Parti Populaire a échoué à obtenir l'investiture au Parlement faute de sièges suffisants à l'hémicycle (171). Sanchez est parvenu à ce dans quoi a échoué son rival de droite en ralliant l'extrême gauche et les partis indépendantistes régionalistes à ses côtés. Force est de constater que les élections de juin ont été porteuses de grands changements sur l'échiquier politique.

SUMAR, un parti pro-Polisario, s'est allié avec Pedro Sanchez sans exiger le retrait du soutien au plan d'autonomie. Peut-on dire que c'est le prélude du recul de l'influence du Polisario en Espagne ?

Ce qui s'est passé devant nos yeux ne fait que confirmer le recul du Polisario qui a commencé, je le rappelle, depuis le soutien espagnol au plan d'autonomie. C'était le coup de grâce pour le front qui regardait, impuissant, l'ex-puissance coloniale faire un revirement diplomatique sans précédent.

Vous dites que le Parti Populaire aurait maintenu le soutien à l'initiative d'autonomie s'il était arrivé au pouvoir. Pourquoi vous en êtes si convaincu ?

Le gouvernement de Mariano Rajoy avait chargé l'Institut royal d'études stratégiques, Elcano, de lui fournir un rapport sur la politique à adopter à l'égard du Maroc, surtout en ce qui concerne la question du Sahara. Ce rapport conclut que l'Espagne a intérêt à soutenir le plan d'autonomie. Le scénario d'un Etat fantoche fut jugé funeste. Malgré cela, Mariano Rajoy n'a pas eu le courage de proclamer son soutien à l'initiative marocaine. Il est évident que la décision de Sanchez n'est pas un geste généreux mais elle a été une condition sine qua non pour la réconciliation avec le Maroc après la crise diplomatique inédite liée à l'affaire Brahim Ghali. L'Histoire des relations au cours de la dernière décennie montre qu'elles sont régies par la Realpolitik. Raison pour laquelle la position espagnole devrait être maintenue, nonobstant le parti au pouvoir, parce que les relations et les intérêts sont tellement enchevêtrés qu'un changement aurait des conséquences irréversibles.

Soutien au plan d'autonomie : Flashback
Le 18 mars 2022, un communiqué du Cabinet royal annonce que SM le Roi a reçu une lettre de la part du Chef du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, dans laquelle ce dernier officialise le soutien de son pays à l'initiative d'autonomie que l'Espagne considère comme « la base la plus sérieuse, réaliste et crédible pour la résolution du conflit du Sahara ».
L'annonce retentit et se propage à la vitesse de la lumière dans les médias marocains qui furent aux anges. Par contre, la presse espagnole apprend la nouvelle avec méfiance et scepticisme. Quelques semaines plus tard, Pedro Sanchez s'est rendu au Maroc à l'invitation de SM le Roi avec qui il a eu un long entretien. Une déclaration conjointe a été publiée. Le document entérine le soutien espagnol au plan d'autonomie et fixe la feuille de route rétablissant la coopération bilatérale. En somme, l'Espagne se résout à clarifier définitivement sa position quant au dossier du Sahara après le scandale de Ghaligate qui a obligé les Espagnols à sortir de leur ambiguïté.
Les indépendantistes : Le pari risqué de Pedro Sanchez
Ce n'est pas la question du Maroc qui a été au centre des discussions entre Sanchez et ses alliés. C'est l'alliance avec les indépendantistes catalans qui a posé problème puisqu'il a fallu qu'il leur concède une amnistie en accordant une sorte de grâce aux personnes poursuivies pour tentative de sécession en 2017, dont fait partie Carles Puigdemont qui est actuellement en exil en Belgique. Le deal passé par Junts per Catalunya (Ensemble pour la Catalogne) a soulevé une vague d'indignation et de consternation, surtout dans les rangs de la droite. Le Parti Populaire et VOX ont vu dans la promesse de Sanchez une forfaiture et une atteinte à l'Etat de droit. Pour sa part, le leader de VOX, Santiago Abascal, est allé jusqu'à qualifier le geste de Sanchez de "coup d'Etat".

Les deux partis n'ont pas manqué de passer à l'action en prenant la tête de plusieurs manifestations qui ont eu lieu dimanche dernier partout en Espagne. Des centaines de milliers d'Espagnols, en majorité conservateurs, y ont participé.

Cette amnistie très controversée a été promise par Pedro Sanchez à ses alliés catalans six ans après la tentative de sécession de la Catalogne en 2017, dont l'ex-président Carles Puigdemont a été l'une des chevilles ouvrières. Ce dernier, rappelons-le, a pris la fuite vers la Belgique pour échapper aux poursuites judiciaires engagées à son encontre.


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