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Energies renouvelables : Faut-il revoir le plan solaire marocain ? [INTEGRAL]
Publié dans L'opinion le 17 - 04 - 2024

La récente défaillance survenue dans un réservoir de sel fondu, ayant entraîné l'arrêt de la centrale Noor III à Ouarzazate, a soulevé des interrogations concernant les choix de stockage et de technologies adoptés dans les centrales Noor, développées par MASEN.
Le récent incident survenu à la centrale solaire Noor III Ouarzazate a remis en question la stratégie énergétique du Maroc, en particulier en ce qui concerne son volet solaire. En effet, le 21 mars, un communiqué émanant du groupe saoudien Acwa Power, exploitant de la centrale, a annoncé la détection d'une fuite dans un réservoir de sels fondus. L'utilisation de sel fondu pour le stockage d'énergie constitue une innovation majeure dans le domaine de l'énergie solaire, permettant de produire de l'électricité pendant 7 heures sans rayonnement solaire.
Cependant, ce système a connu une «défaillance technique majeure», selon le communiqué d'Acwa Power. Les conséquences financières pourraient s'élever jusqu'à 47 millions de dollars, et les réparations pourraient prendre plusieurs mois. Cette perturbation à Noor III entraînera également une baisse notable de la production nationale d'électricité, avec une perte estimée à 0,9%, soit environ 420 gigawattheures (GWh) sur toute cette période.

Impact modéré
La panne affecte également la puissance électrique disponible, entraînant un déficit de 150 mégawatts (MW), soit environ 2,1% de la capacité maximale requise. Cependant, cela ne devrait pas entraîner de risque majeur pour le réseau électrique national, car l'Office National de l'Electricité et de l'Eau Potable (ONEE) dispose de ressources alternatives pour compenser cette lacune. En comparaison avec des événements antérieurs, tels que l'arrêt des centrales à gaz entre 2021 et 2023, l'impact de cette panne demeure relativement modéré.
"Il n'y a pas suffisamment de retour d'expérience avec le stockage thermique dans les sels fondus. Nos responsables ont absolument voulu lancer des marchés pour avoir de l'électricité solaire la nuit en utilisant cette technologie à un moment où le solaire photovoltaïque et le stockage sur batteries n'étaient pas encore compétitifs", nous explique l'expert en énergie Amin Bennouna.
La défaillance du système de stockage par sel fondu, associée aux choix technologiques de ces centrales solaires, soulève des questions quant à la pertinence des orientations de la stratégie solaire adoptée par le Maroc. Dès son lancement officiel en 2009, le "Plan solaire marocain" avait misé sur d'énormes centrales solaires, avec des technologies de pointe. C'est le cas du complexe solaire Noor Ouarzazate, l'un des plus grands au monde utilisant la technologie CSP (Concentrated Solar Power).

CSP vs PV
Tout comme pour le stockage par sel fondu, le choix de la technologie CSP s'est avéré controversé. Dans un rapport datant de 2020, le CESE avait ainsi estimé qu'au regard des prix du photovoltaïque (PV) et de l'éolien, "la technologie CSP s'avère dorénavant, malgré l'avantage du stockage, relativement chère et n'est plus justifiée à l'avenir, et ce, d'autant plus que les niveaux d'intégration industrielle locale sont tellement bas, qu'ils ne permettent pas de justifier le surcoût".
De plus, les choix technologiques relativement chers adoptés par MASEN sur les premiers projets occasionnent "un déficit qui ne devrait pas se creuser au vu de la compétitivité gagnée sur les nouveaux projets", souligne le CESE. Le déficit est estimé à 800 millions de dirhams par an des centrales Noor I, II et III. Il est dû au gap entre les prix d'achat aux IPP (Producteurs d'énergie indépendants) et les prix de vente à l'ONEE.

Tendance au gigantisme
L'autre reproche aux projets solaires Noor est leur tendance au gigantisme. L'investissement dans la centrale solaire Noor de Ouarzazate dans ses différentes phases est estimé à quelque 9 milliards de dollars. Pour Masen, ce choix se justifie par les économies d'échelle, une capacité de stockage accrue et la volonté de maximiser le rendement dans des zones à fort ensoleillement. À contrario, les petites stations sont plus flexibles et moins invasives, mais leur capacité est limitée et leur coût unitaire peut être élevé.
Faut-il pour autant tout revoir de fond en comble ? Depuis la mauvaise expérience de Noor Ouarzazate, MASEN a abandonné la technologie CSP pour ses futurs projets, notamment Noor Midelt I, II et III qui fonctionneront au photovoltaïque classique. "Même si c'est une voie très capitalistique et que nous n'en avons pas les moyens, il reste qu'aujourd'hui, le solaire photovoltaïque et l'éolien produisent l'électricité la moins chère et qu'il faudra que nos ingénieurs cessent de se plaindre et décident enfin de s'adapter à gérer leur intermittence", conclut Amin Bennouna.
3 questions à Amin Bennouna : «A l'époque, l'ONEE applaudissait ces choix technologiques»
* La panne de Noor III n'est-elle pas un signe qu'en développant des grands complexes solaires, nous sommes devenus vulnérables en cas de panne ?
Non, je ne pense pas du tout. Il n'y a pas suffisamment de retour d'expérience avec le stockage thermique dans les sels fondus, sans plus, et ce n'est pas une question de taille. Nos responsables ont absolument voulu lancer des marchés pour avoir de l'électricité solaire la nuit en utilisant cette technologie à un moment où le solaire photovoltaïque et le stockage sur batteries n'étaient pas encore compétitifs. Nous n'en sommes pas devenus vulnérables pour autant, ce sera résolu et la caravane continuera son chemin.

* Quelle évaluation faites-vous de la gestion des projets par MASEN ?
Initialement, il semble qu'il n'y avait aucun problème de coordination. Quelqu'un a mis le Maroc sur la voie du CSP avec stockage thermique en sels fondus avant même la création de MASEN, qui n'a eu qu'à le mettre en œuvre. Quant à l'ONEE, à l'époque, il applaudissait ce choix parce qu'il permettait de faire des apports d'électricité à 21 heures, heure à laquelle, en général, la puissance appelée par le réseau marocain est la plus élevée.
La satisfaction de la demande rend la tâche moins facile pour les ingénieurs du centre de dispatching de Roches Noires à Casablanca. Une grande partie des reproches qui sont faits à MASEN viennent de cette genèse et aujourd'hui on voudrait, paraît-il, ce qui est une bonne chose, revoir toutes les composantes du Complexe Solaire Noor Midelt (I, II et III) pour passer en photovoltaïque avec stockage sur batteries, alors que Noor I Ouarzazate a déjà été adjugé avec une hybridation de solaire thermodynamique avec stockage, et photovoltaïque sans stockage.

* Faut-il revoir notre stratégie énergétique pour mieux l'adapter aux défis actuels ?
La stratégie énergétique du Maroc reste la même : la baisse de la dépendance énergétique du pays. La raison est simple : ça nous coûte cher en points de PIB et absorbe une trop grande part de nos exportations en devises, ce qui nous force à faire une course effrénée aux exportations pour que la facture énergétique ne nous inonde pas.
Quant à la tactique, une réalité objective ne nous en laisse pas le choix. Compte tenu de l'insuffisance de ressources fossiles (jusqu'à nouvel ordre) et de la disponibilité de très larges ressources renouvelables (solaire et éolienne), le Maroc n'a pas d'autre choix tactique que de s'orienter vers celles-ci.
Acwa Power : Un important impact financier pour l'exploitant
La société saoudienne Acwa Power, actionnaire principal du projet Noor III, a enregistré des pertes sur le marché boursier après l'annonce de l'arrêt du projet en raison d'une fuite dans le réservoir de sel fondu. Cette centrale, faisant partie du plus grand complexe solaire au monde, devrait rester inactive jusqu'à la fin de l'année, entraînant une perte de 47 millions de dollars.
Le projet, d'une capacité de 150 mégawatts, avait débuté ses opérations commerciales en 2018 et représentait un investissement de 862 millions de dollars. Le contrat avec Acwa Power est un PPA (Power purchase agreement) qui implique la construction, la possession et l'exploitation pour une période de 25 ans de la centrale solaire. Les dommages ont touché la centrale trois jours avant l'annonce officielle, la société ayant été informée de la situation le 21 mars dernier.
MASEN : Les bonnes performances de l'éolien
Le prix de vente de l'électricité de MASEN à l'Office National de l'Electricité et de l'Eau Potable (ONEE) est un sujet d'importance capitale, conditionné par divers éléments clés. Le prix de vente de l'électricité produite par Noor 1 a été ajusté à 1,50 Dh/kWh par MASEN. Cependant, il demeure inconnu si cette tarification est étendue aux autres installations gérées par MASEN.
Un accord contractualisé entre MASEN et l'ONEE détermine que toute l'électricité générée par MASEN est cédée à l'ONEE à un tarif de 0,85 Dh/kWh, définissant ainsi les termes de base des échanges énergétiques.
Durant l'année 2023, MASEN a enregistré des pertes considérables, s'élevant à 1,035 milliard de dirhams, résultant des ventes d'électricité issues de son site de Ouarzazate. Ces pertes sont attribuées à la disparité entre le prix de vente et les coûts de production associés.
Afin de contrebalancer les pertes engendrées par les ventes d'électricité solaire, MASEN a pu bénéficier des profits découlant de ses ventes d'électricité éolienne. En 2023, les recettes provenant de la vente de 2.775 GWh d'électricité éolienne ont totalisé 1,102 milliard de dirhams, offrant ainsi un contrepoids aux pertes subies.
Le coût moyen de production de l'électricité éolienne par MASEN a progressivement diminué au fil des déploiements de nouvelles infrastructures, signalant une tendance favorable en termes d'efficience et de rentabilité dans cette branche énergétique.
L'accélération de la mise en œuvre du Plan Maroc Eolien Intégré (PMIEE) se révèle bénéfique tant pour MASEN que pour le Maroc dans son ensemble. Cette accélération permet non seulement de réduire la dépendance aux énergies fossiles, mais aussi de diversifier le mix énergétique du pays, renforçant ainsi sa résilience et sa durabilité environnementale.


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