Plébiscité par la presse internationale, le Maroc suscite un regain d'intérêt auprès des voyageurs étrangers, porté par une effervescence culturelle, une montée en gamme de l'offre touristique et une connectivité aérienne renforcée. Récit d'une journaliste britannique. Paru dans les colonnes du prestigieux journal britannique The Telegraph, l'article signé par la journaliste et experte en voyages Paula Hardy offre un regard éclairant sur la nouvelle dynamique qui propulse le Maroc au sommet des destinations touristiques mondiales. Loin d'une simple narration de voyage, son témoignage met en lumière une renaissance plurielle : culturelle, logistique, émotionnelle et économique, que le Royaume orchestre avec ambition et subtilité.
Tout commence à Fès, où l'auteure assiste au Festival de la Musique Sacrée du Monde, un événement emblématique logé dans l'enceinte solennelle de Bab Makina. Elle y découvre un kaléidoscope de traditions spirituelles, réunissant derviches tourneurs, chants soufis et polyphonies arabo-andalouses. Présidée par SAR la Princesse Lalla Hasna, l'édition 2025 avait pour thème « Renaissances » et l'Italie comme invitée d'honneur, en écho au jumelage entre Fès et Florence. Une comparaison qui ne relève pas du hasard : Fès, dans son architecture, ses dynasties et sa vitalité artisanale, rivalise aujourd'hui avec les capitales culturelles d'Europe.
Cette résurgence culturelle n'est pas isolée. Le Maroc a accueilli un record de 5,7 millions de visiteurs au premier trimestre 2025 (+23 % par rapport à la même période de 2024), selon le ministère du Tourisme. L'an dernier déjà, le Royaume avait reçu 17,1 millions de touristes, se positionnant comme première destination africaine, devant l'Egypte et l'Afrique du Sud. Des chiffres appuyés par la stratégie Vision 2020 prolongée vers la feuille de route 2023–2026, qui vise 26 millions d'arrivées à l'horizon 2030, à l'occasion de la Coupe du monde coorganisée avec l'Espagne et le Portugal.
Si la résilience touristique du Maroc force l'admiration – notamment après les attentats (2003, 2011), le Printemps arabe, la crise sanitaire du Covid-19 et le séisme d'Al Haouz en 2023 –, c'est aussi par sa capacité à se réinventer. La journaliste cite la multiplication des événements mondiaux (Conférence du FMI, tournages internationaux comme Gladiator II ou Inventing Anna, festivals et retraites créatives) et le positionnement du pays comme destination de choix pour les célébrités (Madonna, Idris Elba) comme autant de signaux d'une attractivité renforcée.
La mutation se manifeste aussi dans l'offre touristique : hôtels haut de gamme, expériences immersives, tourisme durable et bien-être s'imposent comme piliers d'un développement qualitatif. À Marrakech, le Riad El Fenn s'est imposé comme centre de retraites artistiques. À Tétouan, le Royal Mansour Tamuda Bay inaugure le premier MediSpa d'Afrique. À travers le pays, ce sont les chaînes de prestige – Four Seasons, Nobu, Fairmont, Hilton, Waldorf Astoria – qui viennent enrichir une offre tournée vers le haut de gamme et la durabilité.
Mais plus qu'un luxe d'apparat, ce que recherchent les visiteurs, selon la journaliste, c'est une forme d'authenticité. À Fès, guidée par Meryem Ameziane de Culture Insider, elle explore la médina millénaire : un labyrinthe vivant de 9 700 ruelles, où se croisent échoppes de nougat, artisans dinandiers, tanneries ancestrales et mosquées millénaires. Elle y observe un engouement croissant pour les ateliers participatifs, la gastronomie locale et les objets faits main – des pratiques qui incarnent un tourisme expérientiel, centré sur l'humain et la transmission.
Cette quête d'expériences authentiques s'inscrit dans une dynamique territoriale soutenue. Grâce à l'ONMT, le pays a ouvert 120 nouvelles lignes aériennes ces deux dernières années. Depuis le Royaume-Uni, ce sont 28 compagnies aériennes et 14 aéroports qui relient désormais le Maroc, facilitant les séjours sur mesure : Fès à 3h de Londres, Dakhla accessible en deux heures depuis Marrakech, Ouarzazate reliée à Tanger en un clin d'œil.
Loin d'être anecdotique, cette connectivité est un levier stratégique. Elle permet de déconcentrer les flux touristiques, de valoriser l'arrière-pays, et d'étendre la saisonnalité. Pour les agences marocaines, comme Inclusive Morocco, fondée par Bilal El Hammoumy, cette demande croissante impose une montée en puissance : +25 % de personnel en un an pour absorber l'afflux. « Ce que cherchent les voyageurs aujourd'hui, c'est une expérience vraie, une hospitalité sincère et une capacité à les surprendre », explique-t-il.
Dans ce contexte, la journaliste conclut que le Maroc a su préserver son âme tout en se projetant vers l'avenir. À Tangier, le designer Jasper Conran – propriétaire de deux hôtels de charme – souligne « une prise de conscience nationale autour de la sensibilité culturelle ». Un urbanisme maîtrisé, des restaurations patrimoniales intelligentes, une fierté retrouvée : autant de signes d'un renouveau que la presse étrangère ne cesse de saluer.