Le ministre ghanéen des AE salue l'adoption de la résolution 2797 du Conseil de sécurité des Nations Unies    Conférence ministérielle africaine sur le Désarmement, la Démobilisation et la Réintégration des enfants soldats : adoption de la Déclaration de Rabat    Bourita reçoit le président de l'Assemblée nationale de Tanzanie    Le Maroc, hub africain de la formation industrielle durable    CAF AWARDS 2025 : L' INTERNATIONAL MAROCAIN ACHRAF HAKIMI SACRE MEILLEUR JOUEUR AFRICAIN DE L' ANNEE    Présidentielle en Guinée-Bissau. 2,4 millions de bulletins livrés    Résilience climatique. Le Burkina renforce son arsenal financier    Tunisie. Le taux de chômage augmente    Forces Royales Air : Airbus Helicopters va fournir 10 appareils H225M    Investissements dans les startups : le Maroc s'allie au Keiretsu Forum MENA    Produits frais : un nouveau corridor maritime Maroc–Europe voit le jour    Attaques jihadistes. Alerte maximale au Nigeria    Justice : le parquet lance un suivi des plaintes par SMS    Coupe du Monde U17. Maroc-Brésil, ça va suer des deux côtés    CAF Awards. Les Marocains raflent la mise    Classement FIFA: le Maroc reprend la 11e place mondiale    Eswatini, premier pays d'Afrique à adopter l'injection préventive du VIH    Edito. Juger l'enfant ou réparer la société ?    La Gambie réaffirme son appui au Plan d'autonomie    Sortie de Sanae Takaichi sur Taiwan : mépris de textes ou provocation    Paris accueillera officiellement la proclamation de l'indépendance de la Kabylie le 14 décembre 2025    Moroccan Ghizlaine Chebbak crowned Player of the Year at CAF Awards 2025    CAF Awards 2025 : L'équipe du Maroc U20 désignée sélection masculine de l'année    Terres rares : Washington "espère" finaliser l'accord avec Pékin d'ici fin novembre    Ministère public : Un service numérique pour renforcer la communication avec les usagers    Azzedine El Midaoui: «Nadie tocará la gratuidad de la educación superior pública»    Azzedine El Midaoui : «Personne ne touchera à la gratuité de l'enseignement supérieur public»    Be Magazine : Rabat se fait une place méritée dans les grandes tendances du voyage    Festival International du Film de Marrakech : La composition du jury dévoilée    Marrakech : l'UCA inaugure l'exposition « L'Afrique aux origines de la vie »    PAM: Pas moins de 318 millions de personnes pourraient être confrontées à une crise alimentaire en 2026    Mafia : Le Maroc arrête le chef du clan d'Aprilia, activement recherché par l'Italie    A Washington, le Prince héritier d'Arabie Saoudite annonce 1.000 milliards de dollars d'investissements aux Etats-Unis    Kénitra: Les informations sur un prétendu mariage par "la Fatiha" d'une mineure dénuées de tout fondement    Hammouchi préside la cérémonie d'excellence annuelle organisée par la Fondation Mohammed VI pour les oeuvres sociales du personnel de la Sûreté nationale    Regragui after 4–0 win : «We must arrive at AFCON as a united group»    Conférence ministérielle : Le Maroc met le désarmement des enfants au cœur de l'agenda africain    Qualifs CDM 26 : Mardi décisif en Europe    Le Maroc redessine son modèle agricole grâce à une ingénierie financière de nouvelle génération    Festival International du Film de Marrakech: la composition du jury de la 22e édition dévoilée    Marrakech Film Festival 2025 jury unites global cinema icons    Mélita Toscan du Plantier : Le FIFM soutient «l'émergence de nouvelles écritures autour du cinéma» [Interview]    FIFM 2025 : un jury cosmopolite et intergénérationnel    La Bourse de Casablanca ouvre en grise mine    Le ministère de la Santé assure l'évacuation sanitaire urgente d'un nouveau-né de Laâyoune vers Rabat    L'ambassadrice de Chine visite le Centre de langue chinoise "Mandarin" à Marrakech    Pressée par Trump, l'Algérie lâche les Palestiniens à l'ONU    L'artisanat marocain s'expose à Séville pour renforcer les liens culturels avec l'Andalousie    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



« Zizouna » de Jaouad El Benaisssi
Publié dans L'opinion le 02 - 12 - 2011

C'est à l'occasion d'un café littéraire organisé par l'alliance franco-marocaine que le public jdidi avait rendez-vous avec Jaouad El Benaissi, auteur de « Zizouna ».
Pourquoi un tel titre, « Zizouna » ? L'appellation interpelle et intrigue à plus d'un égard !
Etait-ce parce que l'auteur savait d'avance, qu'aussi sordide que puisse être le quotidien de « sa » jeune prostituée, son parcours ne sera pas autre chose qu'une histoire de plus, dans un registre où plusieurs avant lui ont déjà puisé, à en épuiser toutes les facettes ?
Et si c'est le cas, sommes-nous alors devant un leurre ? Un appât pour âmes sensibles ?
Prostituée et muette de surcroit. Est-ce un pathétisme facile et mélodramatique ? Du ‘‘racolage'' littéraire ? Autant de questions qui nous traversaient l'esprit, alors qu'on feuilletait le livre. Et autant de ‘‘suspicions'' qui cadrent mal avec le profil et la réputation naissante de ce jeune romancier, reporter et journaliste à la fois.
Et à mesure qu'on avançait dans notre lecture, on se rendait compte que Zizouna n'est autre qu'un fil conducteur, un prétexte (bouclier ?) et un tremplin grâce auquel l'auteur pouvait s'introduire aisément dans les bas-fonds de la société marocaine.
Car de par « sa profession », Zizouna pouvait s'introduire partout. Elle écoutait dire et regardait faire, sans éveiller de soupçons et sans piper mot. Et pour cause…
L'auteur ne pouvait pas espérer mieux. Il détenait sa « Geisha », celle qui va lui permettre d'assouvir ses ‘‘fantasmes''. Celle qui par ses craintes et ses contraintes lui fera découvrir l'injustice sociale, la corruption, la hogra, la misère, la soumission, l'analphabétisme, l'hypocrisie, l'ignorance, les laissés pour compte, les opprimés, les exploités... et l'indifférence des intellectuels, pour ne pas dire leur autisme. En un mot, elle lui fera découvrir la politique de « Bak Sahbi », dans un pays dit de droit.
Si l'on se contente d'une lecture au premier degré, Zizouna n'est finalement qu'une très jeune petite fille abandonnée sur un trottoir et recueillie par une famille juive dans le vieux quartier du Mellah, à Séfrou. Peu de temps après, la famille part en Israël. Avec ce départ, le peu d'affection et de protection qu'elle avait trouvée auprès de cette famille cesse. Zizouna se retrouve seule. Sans autres alternatives. Elle est vite happée par des réseaux de prostitution et des proxénètes. Des rapaces qui ont pris l'habitude de guetter les proies faciles que notre société jette au quotidien dans ses rues…
Zizouna est victime d'agressions aussi bien physiques que morales. Elle se noie dans la prostitution, elle s'y résigne faute d'alternatives, faute d'humanisme.
C'est le second degré de lecture qui permet d'aller au-delà de ces histoires d' « amour » et de « séduction » qui se trouvent à la surface.
Dans « Le rouge et le noir », Stendhal se sert de la relation de Julien Sorel avec Mme de Rénal pour nous introduire dans l'univers fermé de la classe bourgeoise et aristocrate. Le lecteur est informé sur leurs us et coutumes à mesure que le jeune homme en multiplie les découvertes.
Dans « Les égarements du cœur et de l'esprit », Crébillon use du même stratagème : la beauté et la séduction d'un chérubin. Il en profite pour nous parler de la séparation des classes, de cette guerre qui a lieu en arrière fond dans le pays, de la réaction de chaque classe…
Sans cette lecture au second degré, on risque de passer au travers de toutes ces descriptions historiques, sociales, économiques, religieuses, philosophiques, anthropologiques, esthétiques… que l'auteur cherche à nous communiquer à travers ses personnages et ses « fictions ».
Le style de Jaouad El Benaîssi est clair. Son discours sincère. Son ton de la narration, sévère. L'ensemble se combine merveilleusement, pour dégager une poésie aux odes rafraichissantes. Enfin, cela dépend des goûts, de notre classe sociale, de nos convictions politiques.
« La facilité de mon style est délibérée, nous précisa l'auteur. Ce n'est pas un enjeu en soi. Je vise l'association du lecteur dans l'œuvre. A travers ce style et cette association, je cherche aussi à choquer le lecteur, sans toutefois le dégouter ».
« Zizouna a passé une nuit tranquille chez elle dans les bras de son moustachu de mari. Elle aurait aimé pouvoir lui raconter tout ce qui s'est passé pendant la période de la garde à vue. Comme tout être humain, elle a besoin de parler, bavarder, confesser, conter et être écoutée. Elle a besoin de partager et de soulager son cœur. Car ce n'est qu'en extériorisant les sensations, les envies,
les rêves, les soucis et les angoisses que l'on peut se débarrasser de leur poids… La vie a voulu que Zizouna ne parle pas et quelle n'entende pas, non plus. La vie a voulu aussi que Zizouna se prostitue ». Extrait de Zizouna, le roman paru en Février 2010 à Paris, aux Editions : Les Points sur les « I ».
Jaouad El Benaissi est le fils d'un collaborateur de la bibliothèque municipale de Sefrou. Et quand il n'était pas à l'école, il se retrouvait toujours auprès de son père, pour lire tous les classiques de la littérature française, que ce dernier lui mettait sous le nez. Par ce procédé, le papa souhaitait en silence que son fils accomplisse le vœu qu'il n'a jamais pu exaucer : devenir écrivain.
Jaouad El Banaissi est auteur d'un deuxième roman, « Le Grand Ménage » à paraître en Mai 2011 à Paris aux Editions Actes Sud.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.