Sous le thème « L'Afrique atlantique, ambition d'intégration et processus d'opérationnalisation », le Policy Center for the New South a rassemblé à l'UM6P, le 22 mai 2025, des décideurs, experts, diplomates et praticiens venus des rives atlantiques et du Sahel. Cette 2ème édition de la conférence sur les enjeux stratégiques des espaces maritimes de l'Afrique Atlantique a pour objectif de repenser la coopération régionale autour des enjeux maritimes, économiques et géostratégiques, à l'heure où les grands projets d'infrastructure et l'économie bleue redéfinissent les équilibres du continent. Cette 2ème édition a accueilli plusieurs intervenants de renom, à savoir Mme Emelia Arthur, ministre de la pêche et de l'aquaculture de la République du Ghana, Zein El Abidine Med Salem, directeur des statistiques et de l'analyse économique à la Banque Centrale de Mauritanie, Mohammed Benzaria, directeur général de la filiale OMCo à l'ONHYM, Bouchra El Hayani, directrice Coopération Internationale de MASEN, Abdelkerim Mostapha Tafrhy, représentant de la Marine Royale, Amadou Tall, Expert Senior en Gouvernance et Economie Bleue en Côte d'Ivoire. L'échange s'est déroulé autour de plusieurs sujets stratégiques pour l'Afrique Atlantique ainsi que les pays du Sahel, tels que la construction d'une identité fédératrice de l'Afrique atlantique, la gouvernance maritime et la connaissance du milieu marin, l'économie bleue et la connectivité maritime, et les projets structurants d'intégration, notamment le Gazoduc Afrique Atlantique et les infrastructures de transport. Lire aussi : OMPIC : Le nombre de création d'entreprises enregistre une progression de 16% au 1er trimestre 2025 Au-delà des constats partagés sur le potentiel maritime africain, cette rencontre a mis en exergue une volonté politique et stratégique de reconfigurer les relations entre les pays riverains de l'Atlantique et ceux du Sahel. Le Maroc, initiateur du Processus des Etats de l'Afrique Atlantique, s'inscrit dans une logique de leadership coopératif. En créant une plateforme de dialogue et de structuration régionale, Rabat cherche à dépasser les logiques bilatérales pour bâtir un espace intégré, où les intérêts sécuritaires, économiques et environnementaux convergent. L'un des défis majeurs abordés est celui du désenclavement du Sahel, une région dont les contraintes logistiques freinent le développement et renforcent les vulnérabilités. Offrir un débouché maritime à ces pays enclavés, c'est leur permettre d'accéder à des chaînes de valeur mondiales, de sécuriser leurs échanges, mais aussi de diversifier leurs partenariats économiques. Le projet du gazoduc Afrique Atlantique, cité à plusieurs reprises, incarne cette dynamique. Il ne s'agit pas uniquement d'une infrastructure énergétique, mais d'un corridor stratégique de coopération, qui traverse plusieurs pays et crée de nouvelles synergies régionales. Ce repositionnement stratégique de l'Afrique Atlantique est également un moyen de répondre à une exigence : ne pas reproduire les schémas extractifs du passé. Pour y parvenir, plusieurs intervenants ont insisté sur l'importance de mettre en place des gouvernances transparentes, des institutions fortes, et des mécanismes de suivi indépendants. La mer devient ainsi plus qu'un espace à sécuriser : elle est perçue comme un levier de souveraineté économique, d'intégration régionale et de projection géopolitique. Mais pour que cette ambition devienne réalité, il faudra dépasser les bonnes intentions et inscrire cette dynamique dans des politiques publiques concrètes, coordonnées et pérennes. Le Maroc, moteur d'une coopération atlantique structurée et inclusive Les initiatives du Maroc sous le leadership de Sa Majesté le Roi Mohammed VI ont été saluées à plusieurs reprises durant les discussions. Que ce soit sur le plan diplomatique, sécuritaire ou économique, le Royaume se positionne aujourd'hui comme un facilitateur stratégique de l'intégration régionale. L'une des illustrations les plus éloquentes reste la mise en place du Processus des Etats de l'Afrique Atlantique (AASP), un cadre de coopération inédit qui permet aux pays de la région d'unir leurs voix, de définir leurs priorités communes et de défendre leurs intérêts sur la scène internationale. Comme l'a souligné Amadou Tall, Expert sénior en Gouvernance et Economie Bleue : « Nous sommes tellement heureux que le Maroc, sous le règne de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, ait eu l'initiative de développer un processus des Etats de l'Afrique Atlantique. » Dans cette même logique d'intégration, le projet du gazoduc Afrique Atlantique a été largement évoqué comme un emblème de coopération panafricaine. Ce mégaprojet énergétique représente bien plus qu'un simple canal d'acheminement du gaz : il s'agit d'un corridor stratégique de co-développement, favorisant l'émergence de pôles industriels, la création d'emplois, et l'amélioration de l'accès à l'énergie dans les pays traversés. Il incarne aussi l'ambition d'une Afrique interconnectée, résiliente, et capable de maîtriser ses ressources pour en tirer un développement durable et partagé.