L'annonce du départ de Cristiano Ronaldo du club saoudien d'Al-Nassr a relancé, avec fracas, la machine à fantasmes. Tandis que les projecteurs du marché des transferts se braquent sur le quintuple Ballon d'or, une rumeur persistante fait vibrer les réseaux sociaux et enflamme les travées du Complexe Mohammed V : et si CR7 faisait escale à Casablanca, sous les couleurs du Wydad Athletic Club ? À ce jour, aucun élément tangible ne confirme l'hypothèse, mais le simple fait qu'elle circule avec une telle intensité, au Maroc comme au-delà, en dit long sur les mutations du football mondial – et sur l'audace des clubs du Sud global, qui n'hésitent plus à rêver grand. Le Wydad, double champion d'Afrique, aurait-il les moyens – ou l'ambition diplomatique – d'une telle opération ? Au-delà de l'exploit sportif, c'est toute une stratégie d'influence qui se dessine en filigrane. Depuis l'épopée des Lions de l'Atlas lors de la Coupe du monde 2022 au Qatar, où l'équipe nationale a atteint les demi-finales, le Maroc s'est imposé comme un acteur incontournable du football mondial. La progression n'a pas été qu'émotionnelle : elle s'est consolidée par une stratégie d'investissement dans les infrastructures, les académies, la formation des jeunes et une diplomatie sportive assumée. Le dernier classement FIFA du mois de mars 2025 place encore le Maroc au 1er rang en Afrique, confirmant cette montée en puissance. Porté par cette dynamique, le Royaume a remporté l'organisation conjointe du Mondial 2030 aux côtés de l'Espagne et du Portugal, une consécration d'ampleur géopolitique qui renforce l'image du pays sur la scène internationale. C'est dans ce contexte d'effervescence nationale que la rumeur de l'arrivée de Cristiano Ronaldo s'invite dans les débats. Si elle devait se concrétiser, elle constituerait un coup médiatique sans précédent. Lire aussi : Mondial 2030 : un tournant pour l'immobilier marocain, mais à quel coût ? Une opération à forte portée diplomatique Au-delà du football, l'intérêt d'un tel transfert serait multiple. Cristiano Ronaldo n'est pas seulement un joueur, il est une marque planétaire, une figure du sport moderne dont la présence sur un territoire agit comme un amplificateur d'image. Le Qatar en a usé avec le PSG et l'Arabie saoudite a construit une partie de sa stratégie d'influence autour de la Saudi Pro League et du rachat de clubs européens comme Newcastle United. Le Maroc, qui développe depuis plusieurs années une diplomatie sportive active en Afrique et au Moyen-Orient, pourrait voir en CR7 un levier de rayonnement. Accueillir Ronaldo à Casablanca, dans un club emblématique comme le Wydad, serait plus qu'un événement sportif : ce serait un message politique, une vitrine de la stabilité et de l'ambition du pays à l'aube du Mondial 2030. Le Wydad, un club historique sur une trajectoire ascendante Le Wydad Casablanca n'est pas un club quelconque. Fondé en 1937, il incarne une tradition populaire, militante et sportive forte. Triple champion de la Ligue des champions de la CAF, plusieurs fois titré au niveau national, il dispose d'une base de supporters parmi les plus fidèles et les plus ferventes du continent. Depuis quelques années, le club cherche à franchir un palier stratégique : modernisation de sa gouvernance, amélioration des infrastructures, professionnalisation des équipes dirigeantes. Dans ce cadre, une recrue de la trempe de Cristiano Ronaldo, aussi improbable semble-t-elle sur le plan financier, pourrait s'inscrire dans une logique de partenariat international mêlant sponsoring, droits d'image, diplomatie sportive et marketing territorial. L'éventualité de la venue de Cristiano Ronaldo au Maroc, même spéculative, permet de mesurer à quel point le football dépasse aujourd'hui les seules dimensions techniques ou sportives. Il est devenu un vecteur d'influence, un accélérateur de diplomatie, un levier d'attractivité économique. Pour le Maroc, déjà engagé dans une diplomatie d'ouverture sur l'Afrique, l'Atlantique et les BRICS, le sport s'affirme comme un pilier stratégique du soft power. L'expérience des clubs saoudiens, qui ont attiré Karim Benzema, Sadio Mané ou Neymar, démontre qu'avec une volonté politique et des relais économiques adéquats, de tels mouvements ne relèvent plus de l'utopie.