La Compagnie Minière de Touissit (CMT) entrevoit un rebond grâce à de nouveaux gisements et un recentrage stratégique sur les métaux critiques. Un pari à haut risque mais potentiellement porteur dans le contexte international actuel. La Compagnie Minière de Touissit (CMT), acteur historique du secteur minier marocain, semble amorcer une phase de stabilisation. Selon une note publiée par BMCE Capital Global Research (BKGR), l'année 2025 pourrait ouvrir une séquence plus favorable, portée par une hausse attendue des revenus (+4,1 % à 610 millions de dirhams), une amélioration des marges et un retour à un résultat net bénéficiaire estimé à 169 millions de dirhams. À la Bourse de Casablanca, le titre s'échangeait à 1 821 dirhams au 23 mai 2025, en progression de 19,4 % sur un an. Avec une capitalisation boursière de 3,06 milliards de dirhams et une volatilité de 38,1 %, la valeur reste spéculative, comme le suggère la recommandation de « Hold » émise par BKGR, qui fixe un prix cible à 2 108 dirhams, soit un potentiel de hausse de +15,8 %. Lire aussi : La CMT réalise un chiffre d'affaires consolidé de 169 MDH à fin mars Le renforcement de la gouvernance constitue une pièce maîtresse de cette tentative de redressement. Depuis le début 2025, la présidence du conseil d'administration est assurée par Hassan Boulaknadal, tandis qu'Abdellah Mouttaqi, géologue reconnu, prend les rênes de la direction générale. Leur double mission : restaurer la confiance des investisseurs et résoudre les contentieux légués par l'ancienne direction. Des gisements stratégiques pour un repositionnement régional Dans une dynamique de redressement, la CMT s'appuie sur des leviers de croissance géologiques et industriels. Le démarrage de la production du puits d'Ighrem Aousser, prévu pour le premier semestre 2025, doit marquer un tournant. Avec des ressources estimées à plus de 6 millions de tonnes, ce gisement pourrait à terme accroître de manière significative la production de concentrés de plomb, zinc et argent. Parallèlement, l'accélération des travaux sur les projets aurifères de Tighza et cuprifère de Tabaroucht confirme une volonté de diversification vers les métaux critiques, au cœur des chaînes industrielles mondiales. Dans une conjoncture marquée par la reprise de la demande chinoise en cuivre et la montée des tensions géoéconomiques autour des matières premières, ce repositionnement pourrait s'avérer stratégique. L'entreprise bénéficie également de l'acquisition récente de nouveaux permis d'exploration dans des zones jugées stratégiques pour le développement de métaux critiques, ce qui lui permettrait de renforcer ses actifs et son ancrage national. Un modèle minier en mutation CMT continue de tirer profit d'une expertise éprouvée dans la production de concentrés de haute qualité, notamment en plomb-argent et zinc. Son EBITDA, en légère hausse à 323 millions de dirhams pour 2025 selon les projections de BKGR, affiche une marge robuste de 52,9 %, confirmant un positionnement compétitif dans l'industrie extractive. Mais pour renforcer la pérennité de son modèle, l'entreprise devra améliorer sa structure financière. À cet égard, le large flottant en bourse (48,6 % du capital) constitue une opportunité de refinancement à moyen terme. Les analystes de BKGR estiment que le retour progressif à la rentabilité repose sur trois piliers : l'amélioration des procédés de traitement des minerais, la hausse des prix des métaux produits, et surtout, la mise en exploitation effective des nouveaux gisements. Cette combinaison pourrait faire de 2025 une année charnière pour la CMT.